Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №19/2007

Courrier des lecteurs

La Française russe d’Oufa

par Aïslou Akhmérova,
présidente du Club « Les amis de la France à Oufa »

Le destin de cette femme française ressemble à la tragédie des personnages du film Est-Ouest. La vie de Nina Antonova est pleine d’événements extraordinaires. À l’appel de Staline, en 1953, son mari et elle, ont quitté Paris pour venir habiter Oufa. Après la mort de ses parents et la divorce avec son mari, la Française russe est restée dans un pays étranger sans travail, avec ses deux filles toutes petites. Mais elle a pu surmonter toutes les épreuves terribles.
« Mes parents étaient des émigrés. Mon père était Cosaque d’Oural et la mère – Polonaise. Je suis née en France, dans une petite ville de Gahor, puis nous avons déménagé dans un bourg près de Paris, avec le château où avaient habité auparavant Napoléon et Joséphine », raconte Nina Alexandrovna.
Nina a grandi, a reçu une formation financière et a commencé à travailler dans une maison de commerce. À Paris, elle a fait connaissance avec son futur mari. En 1949, Nina et Danil se sont mariés et deux ans après, leur fille Hélène est née. Mais Danil voulait revenir en Russie. Il a choisi Oufa. Nina, ayant obtenu la permission de l’ambassade soviétique, a décidé de suivre son mari. C’était sa belle-mère qui lui a donné les premières leçons de russe.
« On avait une petite chambre avec un poêle russe. Le premier jour à Oufa a été très agréable : il ne faisait pas trop froid, –5° C), partout la neige blanche étincelait. Et puis, quand il a commencé à geler, j’ai eu peur. En France, il n’a jamais gelé comme ça, se souvient Nina Antonova. Mais à Oufa, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’avaient beaucoup aidée. »
En 1956, Danil a brusquement quitté sa famille.
« Je ne le lui ai pas pardonné jusqu’à présent, dit Nina Alexandrovna, il a trouvé une autre femme. Cette année-là était la plus terrible dans ma vie. D’abord, ma fille aînée est tombée malade, puis j’ai appris qu’en France mon papa était mort, et enfin, mon mari a quitté notre famille. »
Nina Antonova a décidé de revenir en France. Mais ce n’était pas simple.
« Vous pouvez bien partir, lui a-t-on dit au Département des Visas et Permissions, mais vos enfants sont des citoyens soviétiques. Ils resteront ici. »
Elle est restée à Oufa. Pour nourrir sa famille Nina s’est embauchée à l’Usine des Vitamines. En même temps, elle est entrée à l’école de soir pour apprendre le russe, car sa langue maternelle était le français. Ayant terminé l’école, la jeune Française est allée à Léningrad pour recevoir le diplôme, donnant le droit d’enseigner le français en URSS. Après son retour à Oufa, elle est devenue traductrice de la documentation technique concernant la production de l’usine « Gidravlika ». Puis, jusqu’à sa retraite, elle enseignait le français dans les instituts d’Oufa.
Aux années de la Pérestroïka, Nina Antonova pourrait bien revenir à Paris, mais elle ne le veut plus. Elle habite toujours dans un « HLM à la Khrouchtchiov » et fait promener son petit chien Evans aux alentours. Voici sa confession : « J’aime la Russie comme la France. Je me sens partout chez mois. Je ne regrette rien. Juste au contraire, je suis contente que mes enfants et mes petits- enfants aient grandi ici. Ils sont très laborieux et je suis fière d’eux. »
Le 3 octobre 2007, Nina Antonova fête son 80ème anniversaire. Jusqu’à présent, elle reste bien dynamique et aide la promotion du français à Oufa. Retraitée depuis longtemps, Nina Alexandrovna mène une vie très active comme membre de l’Alliance Française et du Club « Les amis de la France à Oufa ».
Nos félicitations !

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