Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №1/2008

Je vous salue, ma France

Limousin

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Le Limousin est une terre où abondent les forêts de hêtres, de chênes ou de châtaigniers parfois centenaires et les eaux, depuis les sauvages gorges de la Dordogne jusqu’aux sources du plateau de Millevaches. C’est aussi la pierre – le grès rouge du village de Collonges, des éboulis de granit, les falaises de laves durcies de Bort-les-Orgues – et les verts tendres des campagnes et des pâturages au printemps. Ce sont des prairies où paissent les vaches ocre-rouge, des villages éloignés de tout où se dresse parfois une église romane, dont la rudesse s’accorde au mieux avec des paysages tout à la fois verdoyants et austères. Le Limousin, c’est aussi un territoire où brillent trois grandes techniques qui ont enrichi le patrimoine de la France : la tapisserie à Aubusson, les émaux et la porcelaine à Limoges.

L’art roman

Le Limousin est l’une des terres d’élection de l’art roman. Parmi les plus beaux sites figurent l’abbatiale Saint-Pierre de la petite ville corrézienne de Beaulieu-sur-Dordogne (le portail sud admirablement sculpté), l’abbatiale cistercienne d’Aubazine, l’abbatiale de La Souterraine, Saint-Etienne de Lubersac, ou la collégiale Saint-Junien dans la cité du même nom. Avant la fin du XIIe siècle, l’art roman céda la place au gothique, sans que celui-ci atteigne ici un éclat exceptionnel. Pour la plupart édifiées aux XIIe et XIIIe siècles, les lanternes des morts, longues colonnes en pierre placées devant les cimetières, devaient, par le feu entretenu à leur sommet, indiquer le lieu de repos des trépassés auxquels on pouvait adresser une prière.

Certains pensent que la flamme devait éloigner les mauvais esprits.

« Ces bourgades avaient juste le cadre et la population de la cité antique,
elles avaient juste la superficie du domaine moral où un homme peut être salué par son nom... »

Jean GIRAUDOUX, L’Apollon de Bellac

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L’habitat traditionnel

Le centre du village traditionnel est souvent occupé par une place, recouverte d’herbe : c’est le couderc, où se trouvent le lavoir, le puits, le four commun, etc. La porte de la maison est défendue par une barrière nommée clédou. Bâti à côté, le dédier est un séchoir à châtaignes. La grange-étable est fréquente dans les vallées de la Gartempe et du Vincou. Quant aux églises-granges, elles sont ainsi nommées en raison de leur architecture dépouillée.

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La tapisserie d’Aubusson

La tapisserie est installée à Aubusson et dans la cité voisine de Felletin sans doute depuis le XIVe siècle. Cette activité fut particulièrement créative au XVIe siècle, mais périclita ensuite, malgré la création par Colbert, sous le règne de Louis XIV, d’une Manufacture royale. Le XIXe siècle vit la production de tapis et de pièces destinées à l’ameublement. Au début du XXe siècle, l’art des lissiers était à bout de souffle, il ne faisait que recopier d’anciens motifs. Mais il connut un renouveau, dans les années 1930, sous l’impulsion de Jean Lurçat, qui renoue avec la tapisserie médiévale de grandes dimensions. Ses dessins sont simples et épurés ; le nombre de couleurs est limité mais, en revanche, toutes les tonalités d’une même couleur sont exploitées.

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Les émaux de Limoges

Selon la tradition, c’est saint Éloi qui, au VIIe siècle, aurait été à l’origine de la création de l’émail de Limoges.

Cet art fut favorisé par plusieurs éléments. D’abord, le sol est riche en oxydes métalliques indispensables à cette technique. Ensuite, le combustible abonde. Enfin, les personnes pieuses qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle achetaient ici des reliquaires et des objets sacrés, contribuant ainsi à développer cette activité. Aux techniques de l’émail champlevé (des cavités creusées dans la plaque de cuivre sont ensuite remplies d’une poudre colorée) et de l’émail cloisonné (des bandelettes de cuivre sont soudées sur la plaque pour créer des cavités) s’ajouta, après la Renaissance, la technique des émaux peints (qui permet des effets de transparence).

La porcelaine de Limoges

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C’est au tout début du XVIIIe siècle que des chimistes allemands trouvèrent en Saxe un gisement de kaolin, qui permit dès lors à l’Occident de fabriquer des objets de porcelaine à l’image de la production réalisée en Chine. En France, la présence de cette argile précieuse fut découverte à Marcognac, près de Saint-Yriex-la-Perche (Haute-Vienne). Sous le règne de Louis XVI, cette technique fut implantée à Limoges, où elle est toujours florissante. Une pièce qui comporte des motifs décoratifs est cuite trois fois. La première cuisson permet d’obtenir un biscuit; la seconde, dont la température est la plus élevée, vitrifie la matière ; la troisième fixe les couleurs. Aujourd’hui, la matière première utilisée par les porcelainiers de Limoges est importée du Portugal.

« Des tailleurs de pierre, des maçons, des scieurs de long, des charpentiers, des terrassiers dévalaient les villages perchés sur le plateau de Millevaches [...] avec un seul projet -.faire bonne campagne pour soulager les leurs restés au pays. »

J. G. SAUNY, Les Moissons délaissées

Les anciennes activités artisanales

Img6La production d’ardoises a presque disparu de la région. En revanche, la vannerie d’osier est toujours bien vivante. Quant à l’élevage des chevaux, il est depuis le XVIIIe siècle la grande affaire du village corrézien de Pompadour, dont le haras appartient à l’État depuis 1872. L’extraction de l’or se pratique toujours dans le sud de la Haute-Vienne, près du Chalard. La ville de Tulle continue à fabriquer des accordéons. Et cette même ville s’emploie à maintenir la fabrication d’une dentelle, nommée point de Tulle, qui eut son heure de gloire sous le règne de Louis XIV, alors que le tulle, tissu très léger et transparent, n’est plus fabriqué dans la ville dont il porte le nom.

La foire des Rois, à Brive-la-Gaillarde

La foire des Rois de Brive-la-Gaillarde est l’héritière des anciennes foires grasses du Moyen Âge. À l’origine, ce marché, organisé à un moment proche de l’Epiphanie, était réservé au commerce du bétail. Aujourd’hui, la foire des Rois est spécialisée dans la vente des oies, des canards et des truffes. C’est l’occasion d’acheter du foie gras et aussi de recueillir de nouvelles recettes pour le cuisiner. Un concours vient départager les différents producteurs qui se mesurent lors de ce marché.

La fête de la Quintaine de Saint-Léonard-de-Noblat

La fête de la Quintaine de Saint-Léonard-de-Noblat se déroule en novembre. Elle perpétue le souvenir de saint Léonard, parent de Clovis, protecteur et patron des prisonniers, des galériens et des évadés. Le dimanche, après la messe célébrée dans l’église romane, un repas est pris en commun, qui doit obligatoirement comprendre un plat à base de lièvre. L’après-midi, des cavaliers en habits médiévaux doivent démolir, avec un gourdin nommé « quilloux », la quintaine (un petit donjon de bois, symbole de la prison). Au terme de la fête, un feu de joie est allumé.

La procession de la Saint-Roch

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Le Limousin par le passé a beaucoup révéré les reliques, au point d’indisposer l’Église officielle qui tenta à maintes reprises de les remplacer par le culte des statues des saints. Le 16 août, à Moutier-d’Ahun (Creuse), a lieu une procession destinée à honorer saint Roch, réputé protéger des maladies contagieuses. D’abord, une messe est célébrée en plein air. Puis une procession, au centre de laquelle figure la statue du saint, parcourt les rues de la localité.

La procession des Neuf Lieues

La procession des Neuf Lieues, qui tourne autour de la petite ville de Magnac-Laval, est la plus longue d’Europe. Elle observe probablement l’itinéraire autrefois suivi par des reliques. Dédiée à saint Maximin, elle part le soir du dimanche de la Pentecôte et s’achève le soir du lundi, après avoir, sur plus de cinquante kilomètres, traversé des bois, des champs, et même des maisons.

La charcuterie

Tué traditionnellement peu avant Noël, le cochon (le plus souvent un saint-yrieix ou un cul-noir) sert à fabriquer des andouilles, des saucisses à la corrézienne, des pieds de porc, du boudin farci aux châtaignes, du petit salé.

Les plats principaux

Img8L’un des mets les plus typiques du Limousin est la bréjaude – une soupe de légumes (surtout des choux) et de lard, consommée avec du pain de seigle ; réussie, elle est si épaisse qu’une cuillère qui y est trempée doit demeurer debout. Accompagnent souvent ce mets des galettes, nommées galetou ou tourtou, faites avec de l’eau tiède et du blé noir (elles peuvent aussi être consommées en dessert). Des bouillies servaient autrefois de plat principal; la plus appréciée se nomme pouls d’avoine.

Le cassoulet se mitonne avec de la viande de porc. Le bœuf est surtout élevé pour sa viande. Il fait l’objet de nombreux plats en sauce, qui cuisent longtemps sur le feu. Les côtes de veau fermier se dégustent avec des carottes et des échalotes hachées, ainsi que des châtaignes bouillies.

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Enfin et à l’image de nombre de terroirs du Massif central, la châtaigne était autrefois consommée sous des formes variées. Elle servait à farcir les viandes ou à faire des gâteaux, ou était accommodée en potage ou en hachis.

Quant au vin paillé du Bellocois, il doit son nom à la paille de seigle qui recouvre les clayettes où les grappes de raisin ont été, au préalable, mises à sécher.

Les desserts ne craignent pas d’être roboratifs. On peut citer des gâteaux aux amandes faits dans la Creuse, des clafoutis aux cerises, des flaugnardes aux pommes, des galettes de Corrèze. Les massepains de Saint-Léonard sont des gâteaux aux amandes. C’est le cumin qui donne au craquelin de Châlus (Haute-Vienne) sa belle couleur rouge. Quant aux cènes d’Eymoutiers (Haute-Vienne), dont la forme rappelle celle d’une hostie, ils sont vendus aux Rameaux.

(d’après Merveilles de France. Fêtes et traditions de nos régions)

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