Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2008

Arts et culture

Alphonse DAUDET

Lettres de mon Moulin

img1

Alphonse Daudet naît à Nîmes le 13 mai 1840. Alphonse doit renoncer à passer son baccalauréat à cause de la ruine en 1856 de son père, alors commerçant en soieries. Il devient maître d’étude au collège d’Alès. Cette expérience pénible lui inspirera son premier roman, Le Petit Chose (1868). Daudet rejoint ensuite son frère à Paris et y mène une vie de bohème. Il publie en 1858 un recueil de vers, Les Amoureuses. L’année suivante, il rencontre le poète Frédéric Mistral. Il a son entrée dans quelques salons littéraires, collabore à plusieurs journaux. En 1860, il rentre au service du duc de Morny (personnage influent du Second Empire), comme secrétaire. Ce dernier lui laisse beaucoup de temps libre qu’il occupe à écrire des contes, des chroniques. Celui-ci mourut subitement en 1865 : cet événement fut le tournant décisif de la carrière d’Alphonse.

Après cet événement, Daudet se consacra à l’écriture, non seulement comme chroniqueur mais aussi comme romancier. Puis, après avoir fait un voyage en Provence, Alphonse commença à écrire les premiers textes qui feront partie des Lettres de mon Moulin. Il connut son premier succès en 1862-1865, avec la Dernière Idole, pièce montée à l’Odéon et écrite en collaboration avec Ernest Manuel.

Certains des récits des Lettres de mon moulin sont restés parmi les histoires les plus populaires de notre littérature, comme La Chèvre de monsieur Seguin, Les Trois Messes basses ou L’Élixir du révérend père Gaucher. C’est en 1874 qu’Alphonse décida d’écrire des romans de mœurs comme : Fromont jeune et Risler aîné mais aussi Jack (1876), Le Nabab (1877), Les Rois en exil (1879), Numa Roumestan (1881) ou L’Immortel (1883). Pendant ces travaux de romancier et de dramaturge (il écrivit dix-sept pièces), il n’oublia pas pour autant son travail de conteur : il écrivit en 1872 Tartarin de Tarascon, qui fut son personnage mythique.

Daudet subit les premières atteintes d’une maladie incurable de la moelle épinière, mais continue de publier jusqu’en 1895. Il décède le 16 décembre 1897 à Champrosay, à l’âge de 57 ans.

(extrait)

Installation

Ce sont les lapins qui s’étonnent. Depuis que la porte du moulin est fermée, ils croient que les meuniers ont disparus.

img2

La nuit de mon arrivée, ils sont au moins vingt assis devant la porte. Ils admirent le clair de lune. J’ouvre la fenêtre et hop ! Tous se sauvent. J’espère qu’ils vont revenir.

Quelqu’un d’autre est très étonné : c’est le locataire du premier étage : un vieux hibou. Il a l’air de réfléchir. Il habite là depuis vingt ans. Il est immobile dans la chambre. Il me regarde mais ne me reconnaît pas. Je le laisse. Il reste sous le toit. Moi, je vais m’installer dans la pièce du bas. C’est de là que je vous écris. La porte est ouverte au soleil. J’ai devant moi un joli bois de pins. Au loin, les Alpes. Tout ce beau paysage provençal est plein de lumière. Comment voulez-vous que je regrette Paris bruyant et noir ? Je suis bien dans mon moulin. Cet endroit me plaît beaucoup. Il fait chaud et tout sent bon. Les journaux sont loin, les voitures et le brouillard aussi. Que de jolies choses autour de moi ! Je suis installé depuis huit jours et j’ai déjà beaucoup de souvenirs…

Tenez, hier au soir j’ai vu rentrer les troupeaux dans une ferme. Pour moi, c’est plus beau que tous les spectacles parisiens.

En Provence, quand il fait chaud, on envoie les bêtes dans la montagne. Bêtes et gens passent cinq ou six mois dans les Alpes. Là-bas, ils dorment à la belle étoile. En automne, ils redescendent dans les collines parfumées.

Donc, hier, les troupeaux rentrent. Depuis le matin, la grande porte de le ferme est ouverte. Les bergeries sont pleines de paille fraîche. D’heure en heure, on les attend. On dit : « Ils sont à Eyguières, ils sont à Paradous… » Puis, vers le soir, un grand cri : « Les voilà ! »

Le troupeau avance dans la poussière. La route semble marcher avec lui. Les vieux béliers viennent d’abord, l’air sauvage. Derrière eux, les moutons, puis les mères fatiguées, les petits entre les pattes. Les mules portent dans les paniers les tout petits. Enfin, les chiens tirent la langue jusqu’à terre. Deux grands bergers, l’air à demi sauvage, portent des manteaux roux qui tombent sur leurs chaussures. Tout ce monde passe la grande porte avec un bruit de forte pluie. Quelle émotion dans la maison !

De gros paons vert et or lancent un véritable cri de trompette. Le poulailler se réveille en sursaut. On a l’impression que chaque mouton rapporte dans sa laine un parfum d’herbe sauvage et un peu d’air vif qui donne envie de danser.

L’installation est pleine de surprises. Les vieux sont émus de retrouver la ferme. Les petits regardent autour d’eux avec étonnement. Les chiens s’occupent de leurs bêtes et résistent encore au repos. Quand tous sont enfermés, alors les bergers vont manger et boire. Puis, ils racontent leur vie dans la montagne à ceux qui n’y sont pas allés. Là-bas, il fait noir la nuit, on a peur du loup, mais les fleurs sont si merveilleuses…

(à suivre)

VOCABULAIRE

le clair de lune – лунный свет

le hibou – сова

un meunier – мельник

un berger –пастух

la bergerie – овчарня

sauvage – дикий

un bélier – баран

une mule – самка лошака (мула)

un paon – павлин

à la belle étoile – под открытым небом

QUESTIONS

Qui étaient les habitants du vieux moulin et quelle était leur réaction à la venue d’un étranger ?

Comment pouvons-nous comprendre que l’auteur ne regrette pas Paris ?

Quel paysage s’ouvre aux yeux du narrateur ?

Quel spectacle le narrateur a-t-il admiré ?

Qui est-ce qui attend l’arrivée des troupeaux ?

Décrivez la rentrée des troupeaux.

Qui est le plus préoccupé lors de l’installation du troupeau ?

Et vous, aimez-vous la campagne ? Pourquoi ?

(La publication est préparée par Nadejda ROUBANIK.)

TopList