Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2008

Je vous salue, ma France

Les Alpes

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Les jours où le ciel est pur, le mont Blanc découpe sa blancheur sur l’azur, à 4 810 mètres d’altitude. Autour de lui, plusieurs sommets dépassent les 4 000 mètres : l’Aiguille verte, la Dent du Midi, les Grandes Jorasses. C’est le « toit de l’Europe », en fait de l’Europe occidentale, car il y a en Russie et dans le Caucase, en Géorgie, des sommets qui culminent à plus de 5 000 mètres, comme le mont Elbrouz à 5 642 mètres. Des langues glaciaires, bien qu’en recul, creusent les hautes vallées. L’une d’entre elles, la Mer de Glace, avec ses grottes creusées dans la glace, peut être atteinte par un chemin de fer. Un des téléphériques les plus hauts du monde permet de gagner directement l’Aiguille du Midi à 3 800 mètres d’altitude depuis Chamonix.

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Chamonix est sans conteste l’une des capitales mondiales de l’alpinisme, de la randonnée de haute montagne et du ski. On peut, à défaut de partir à l’assaut des sommets, faire le tour du mont Blanc par un sentier de grande randonnée. Chamonix était à l’origine un petit village montagnard. Il compte aujourd’hui une dizaine de milliers d’habitants et est devenu depuis le XIXe siècle, un rendez-vous où se pressent marcheurs, alpinistes, skieurs ou simples touristes, venus du monde entier. Sur le pont qui franchit la rivière Arve, en plein centre-ville, on admire la statue de Saussure et celle de Balmat qui pointe le bras vers le mont Blanc. C’est en 1760 que le savant genevois Saussure promet une récompense à celui qui atteindra le sommet. Il a fallu attendre 1786 pour que le guide de montagne Balmat y parvienne. Il y revient avec Saussure l’année suivante. Alexandre Dumas, venu en 1832, fait raconter à Balmat cette ascension. Ce récit figure dans son livre Impressions d’un voyage en Suisse. Dumas décrit aussi la Mer de Glace, le Grand Saint-Bernard, les eaux médicinales d’Aix-les-Bains.

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Les touristes sont déjà nombreux à l’époque. Environ 1 500 personnes y séjournent chaque année. Le premier véritable hôtel est ouvert en 1816. Chamonix devient un lieu mythique où défilent les dessinateurs « d’images pittoresques » qui seront publiées sous forme de lithographies accompagnées de récits dans de grandes revues : Le Tour du Monde, Le Journal des Voyages, Le Monde Illustré.

On y frissonne devant la profondeur des gorges tumultueuses, les séracs où s’accrochent d’imprudents promeneurs, dont certains sont des dames en robe longue et chapeau. On y observe, dans la découpe monstrueuse des sommets englacés, de petits personnages qui s’acharnent à grimper.

Les Romantiques eux aussi sont venus ici : Victor Hugo dès 1825, George Sand et son compagnon de l’époque Franz Liszt en 1836. Dès 1802, l’aquarelliste et peintre anglais Turner s’empare de thèmes qui deviendront des mythes des Alpes : Tempête de neige, Hannibal et son armée franchissant les Alpes, Le Monastère de la Grande Chartreuse, les représentations grandioses de ponts suspendus dans le vide où se battent des armées, d’avalanches, d’éboulis.

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Chamonix, sans être le seul lieu mythique des Alpes, en devient un centre essentiel. C’est avec l’arrivée du chemin de fer en 1901 qu’une clientèle plus démocratique peut y faire le voyage, et ce sont surtout les Anglais qui ouvrent la mode de la saison d’hiver. On glisse dans la neige d’abord sur « les skis de randonnée », puis bientôt sur «les skis de descente ». En 1924, dans des conditions pionnières, Chamonix accueille les premiers Jeux Olympiques d’hiver… C’est le début d’un engouement qui ne se démentira pas, mais qui prend son essor surtout à la fin des années 1950. La multiplication des stations de ski avec leurs remonte-pentes, leurs pistes aménagées, leurs hôtels ou appartements à louer, leurs restaurants et lieux de loisir pour les soirées, correspond à une demande toujours plus forte venue d’une clientèle du monde entier.

Certains quittent Chamonix par le nord et gagnent ainsi les Alpes suisses. Beaucoup de voyageurs l’ont fait. Ils butaient là, en Suisse, sur le col du Grand Saint-Bernard. Dans les bâtiments austères de l’hospice, balayés par le vent glacial, des moines hospitaliers accueillaient les voyageurs. Ils lâchaient leurs gros chiens « Saint-Bernard », un petit tonnelet de rhum attaché au cou, à la recherche des voyageurs égarés. On peut encore voir chenils, chiens et bâtiments.

Pour sortir de Chamonix, on peut emprunter les 11 kilomètres du tunnel du Mont-blanc et gagner la grande station italienne de Courmayeur. Après le Val d’Aoste apparaît déjà la lumière de l’Italie. Car les Alpes se partagent entre la France, la Suisse, l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne. Elles sont un carrefour de l’Europe.

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On peut choisir de redescendre vers les lacs romantiques du Bourget et d’Annecy. On sera accueilli par Annecy avec des vues extraordinaires sur le lac et les montagnes alpines. De vieux quartiers avec leurs arcades au rez-de-chaussée abritent du soleil et des intempéries. On y retrouve les souvenirs de Jean-Jacques Rousseau évoqués dans Les Confessions. C’est là qu’il rencontre Mme de Warens dans la cour de l’ancien palais épiscopal. Il avait écrit : « Que ne puis-je entourer d’un balustre d’or cette heureuse place ? ». Ce balustre, une petite clôture dorée, cerne aujourd’hui l’espace où cette rencontre est censée s’être passée. On peut suivre Rousseau jusqu’à Chambéry où il est parvenu à pied depuis Lyon en 1731. Il s’installe avec Mme de Warens aux Charmettes à deux kilomètres de Chambéry. La maison est intacte, dans son cadre champêtre, elle rappelle toujours ces phrases de Rousseau : « Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire ce que j’ai vécu. Moments précieux et si regrettés, ah, recommencez pour moi votre aimable cours... » (Confessions, livre VI).

Depuis les Charmettes la vue ramène sur la vallée de Chambéry. Au-delà, vers le nord, il y a le lac du Bourget et les souvenirs de Lamartine venu ici en 1816. Ces vers rappellent en écho la nostalgie de Rousseau :

img6Un soir, t’en souvient-il ?
nous voguions en silence
On n’entendait au loin, sur l’onde
et sous les cieux
Que le bruit des rameurs
qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent
les échos ;
Le flot fut attentif et la voix
qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps ! suspends ton vol,
et vous heures propices
Suspendez votre cours
Laissez-nous savourer les rapides
délices
Des plus beaux de nos jours ! »

Et peut-être en un autre écho, vient la description romantique que fit Balzac du lac dans La Peau de chagrin écrite en 1831 : « Ce lieu garde le secret des douleurs, il les console, il les amoindrit et jette dans l’amour, je ne sais quoi de grave, de recueilli, qui rend la passion plus profonde, plus pure. Un baiser s’y agrandit. Mais c’est surtout le lac des souvenirs, il les favorise en leur donnant la teinte de ses ondes, miroir où tout vient se réfléchir ».

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À voir aussi :

Pour plus d’information, consultez : www.rhonealpes-tourisme.com

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