Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №9/2008

Univers du français

Assia DOLMATOVA

L’école, l’école, l’école...

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Sans exagérer trop, on peut affirmer que l’école est un miroir où se reflètent tous les problèmes du pays et de la société. Quelle est la vision des problèmes scolaires de ceux qui sortent de l’école en 2008 ?

Mes copains et moi, nous sommes sûrs d’avoir étudié dans une très bonne école. Notre scolarité était plutôt heureuse ce qui explique le fait que je ne saurai pas être objective.

J’ai enquêté auprès de mes copains, leurs parents et mes professeurs pour avoir l’opinion de générations différentes. J’ai conscience que ce petit sondage n’est pas représentatif, mais en tant que témoignage, il peut être intéressant.

Nous sommes nés au moment où la Russie a connu une chute impressionnante du taux de natalité. Des classes de moins en moins nombreuses sont arrivées dans les écoles. En 1998, nous étions l’unique classe de première dans notre établissement. Pendant notre scolarité les effectifs de notre école ont chuté de 500 élèves à 352. Les prévisions des effectifs scolaires dans toute la Russie annoncent pour 2010 une diminution d’un tiers, et pour 2015 de la moitié. La baisse des effectifs devient un problème social, ces dernières années les classes sont peu nombreuses, et même on ferme des écoles. Selon moi, nous avons eu de la chance de profiter de cette baisse des effectifs. Pourquoi ?

Mais simplement parce qu’étudier dans un petit établissement où tout le monde se connaît signifie travailler dans une ambiance particulière. « Comme notre école est petite, les professeurs et les élèves ont des relations très proches, presque familiales », affirme Hélène. Et c’est vrai. Les professeurs et l’administration connaissent chaque élève par son prénom, et les élèves des classes et des niveaux différents se connaissent bien. Ils sont liés par la camaraderie et souvent l’amitié. Nous appelons souvent l’école « notre deuxième maison » ou « notre deuxième famille ».

70 % de mes copains croient que l’ambiance dans notre établissement est cordiale. Ceux qui ont changé d’établissement le remarquent tout de suite et sont agréablement surpris. Même si l’on se heurte à des problèmes, « c’est bien, car c’est comme ça qu’on apprend à surmonter les difficultés ».

« C’est toujours agréable d’y aller, parce qu’on t’y attend. On a toujours des choses à faire ensemble. C’est ce que nous appelons “l’esprit du collectivisme” », considère une autre copine.

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Pour 30 % des élèves, l’école est quand même un lieu de stress constant, il n’empêche qu’ils ont un grand plaisir à communiquer avec leurs camarades de classe.

L’ambiance est certainement une chose importante, mais on vient à l’école pour s’instruire. Où en sommes-nous avec le niveau de connaissances ? J’ai adressée aux parents et aux professeurs la question : « Est-ce que l’école post-soviétique donne aux élèves un meilleur niveau de connaissances ? ». 37 % des parents et professeurs croient que ce niveau est meilleur, 38 % trouvent qu’il est inférieur à celui qu’ils ont reçu eux-mêmes. 25% croient que le niveau de connaissances est resté le même. L’opinion de notre classe de terminale est unanime : nous avons reçu un bon niveau d’instruction.

Il faut reconnaître que le contenu de l’enseignement a également changé. Grâce à la modernisation de l’enseignement actuel, nous avons appris à l’école deux langues étrangères et l’informatique. Nous sommes la première promotion qui a connu la création des filières dans les deux dernières classes, car nous avons pu choisir des options qui étaient orientées vers nos aptitudes, dispositions, goûts et intérêts.

Mais il reste beaucoup à faire. Les programmes de certaines matières sont surchargés, la journée de travail d’un élève est souvent plus longue que celle de ses parents.

Nous avons eu la chance de faire nos études dans une école à enseignement approfondi du français. Certains d’entre nous ont commencé l’apprentissage du français dès la maternelle, car notre école faisait partie des établissements qui expérimentaient les programmes de l’enseignement précoce des langues vivantes. Beaucoup d’élèves de notre école ont pu participer à des échanges scolaires, partir en France pour un stage linguistique. Deux copains ont étudié pendant un mois dans l’école française avec laquelle notre établissement collabore depuis 15 ans.

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En répondant aux questions de mon enquête, 40 % de mes copains ont dit qu’ils espéraient utiliser le français dans le domaine professionnel. Les autres pensent que les connaissances acquises en français les aideront à faire leur carrière et même leurs études universitaires en France (dans le cadre de la collaboration des écoles supérieures).

Mes copains ont aussi noté qu’en apprenant la langue étrangère, ils avaient appris une autre culture. L’apprentissage du français nous a donné plus d’ouverture, de l’esprit critique, de la créativité. Et nos parents eux aussi apprécient à l’unanimité l’apprentissage du français donné dans notre école. Réalisant que nous étions des chanceux, nous souhaitons tous que l’apprentissage de deux langues étrangères à un haut niveau devienne une norme pour les générations à venir.

Mon enquête montre que le problème qui préoccupe surtout les élèves, leurs parents et les professeurs, c’est l’Examen unique d’État. Pourquoi l’implantation du EGE soulève-t-elle dans l’opinion publique des réactions négatives parfois violentes ? D’une part, l’idée de garantir l’égalité d’accès pour tous aux universités paraît assez utopique. D’autre part, le niveau des épreuves est trop élevé, et il est difficilement accessible pour un élève moyen. Les élèves qui n’ont pas « la bosse des maths », par exemple, se posent la question : pourquoi les maths sont-elles un examen obligatoire ? Que vont devenir ceux qui « n’auront pas le niveau »? Des générations sacrifiées ? Est-ce que quelqu’un a une réponse à cette question ?

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Parmi d’autres problèmes de l’école contemporaine on cite : la nécessité d’avoir des professeurs plus jeunes et mieux qualifiés, le refus du système de notation, l’insuffisance de financement, la nécessité de mieux organiser les loisirs des élèves et de mieux prendre en charge l’organisation des repas scolaires et, bien sûr, de moderniser l’équipement technique de l’école.

40 % de mes copains affirment que l’école n’a pas du tout contribué au choix de leur orientation professionnelle. Ils ont été guidés avant tout par leurs intérêts pour telle ou telle matière et par les résultats obtenus dans tel ou tel domaine. En même temps, la majorité pense être bien préparée à la vie d’adulte. Mais voilà un phénomène qui peut paraître étrange. Nous ne sommes pas pressés de quitter l’école : « Mon école, c’est ma deuxième mère et je ne suis pas prête à lui dire adieu ». La plupart d’entre nous voudraient amener dans cette école leurs futurs enfants : « Je voudrais y amener mes futurs enfants pour qu’ils soient semblables à mes copains et copines, pour qu’ils soient instruits, fidèles et joyeux dans la vie ».

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