Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2008

Les Routes de l’Histoire

Le cri des poètes

« Toute la terre, l’homme, souffre / Et ton sang déchire le sol !... / Ils t’ont laissé au bord d’un gouffre ! », écrit Paul Éluard en 1916.
Les poètes ont exprimé le regard porté sur l’effroyable spectacle offert par la guerre. Ils ont montré la conscience humaine, bouleversée par l’horreur et la violence absurde, ils ont crié leur révolte face au mépris dans lequel cette guerre a tenu les vies humaines.

Guillaume Apollinaire 1880-1918

« Le ciel est étoilé par les obus des Boches
La forêt merveilleuse où je vis donne un bal
La mitrailleuse joue un air à triple-croches
Mais avez-vous le mot ?
Eh oui ! Le mot fatal... »

Guillaume Apollinaire,
La Nuit d’avril 1915

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Guillaume Apollinaire

Un soldat en uniforme, la tête ceinte d’un bandeau blanc. C’est la célèbre photo du poète Guillaume Apollinaire à la Grande Guerre.

Que fait un poète dans les tranchées ? Il lutte contre la mort et il appelle à la vie. « Une étoile de sang me couronne à jamais », a-t-il lui-même écrit. Ainsi vécut Apollinaire les toutes dernières années de son existence. La plume du poète unit l’horreur des tranchées et l’univers quotidien du soldat.

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Le tombeau
de Guillaume Apollinaire

C’est au front, dans les tranchées de Champagne, que Guillaume Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire (« métier habituel : homme de lettres », comme il a écrit sur sa demande d’engagement militaire), est envoyé en décembre 1914. C’est dans l’Aisne qu’il sera blessé à la tête le 14 mars 1916. Entre-temps, il aura envoyé des dizaines de lettres à ses amis, notamment à Madeleine Pagès, rencontrée dans le train Nice-Marseille avant son départ pour la guerre et dont il tombera fou amoureux. Un poète au front reste un soldat. Deux univers a priori opposés, mais qui dans les vers d’Apollinaire se nourrissent l’un l’autre : l’amour et la guerre. Le quotidien du soldat Apollinaire dans les tranchées nourrit son œuvre : la réalité brutale, la mort, la souffrance, le paysage sont transformés en éléments d’un espace poétique unique.

Apollinaire, même au front, reste le symbole d’une jeune génération d’artistes qui continuent à lui témoigner messages de sympathie. Picasso, admiratif, lui écrit une lettre. Il décore sa signature d’une main couverte du drapeau français et écrit : « Pour te dire bonjour ma main devient drapeau ».

Une volée de cloches accompagne la terrible nouvelle de la mort d’Apollinaire, ce « flâneur des deux rives ». Blessé de guerre, affaibli, les poumons abîmés par les gaz, le lieutenant Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918, deux jours avant la signature de l’armistice, des suites de la grippe espagnole.

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