Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2009

Arts et culture

Daniel PENNAC

Comme un roman

(extrait)

(Suite. Voir N°1, 2/2009)

Le droit de ne pas finir un livre

Il y a trente-six mille raisons d’abandonner un roman avant la fin : le sentiment du déjà lu, une histoire qui ne nous retient pas, notre désapprobation totale des thèses de l’auteur, un style qui nous hérisse le poil…

Le livre nous tombe des mains ?

Qu’il tombe.

Toutefois, parmi nos raisons d’abandonner une lecture, il en est une qui mérite qu’on s’y arrête un peu : le sentiment vague d’une défaite. J’ai ouvert, j’ai lu, et je me suis bientôt senti submergé par quelque chose que je sentais plus fort que moi. J’ai rassemblé mes neurones, je me suis bagarré avec le texte, mais rien à faire, je n’y pige rien.

Je laisse tomber.

Ou plutôt, je laisse de côté. Je range ça dans ma bibliothèque avec le projet vague d’y revenir un jour. Le Pétersbourg d’Andreї Bielyї, Joyce et son Ulysse m’ont attendu quelques années. Il en est d’autres qui m’attendent encore, dont certains que je ne rattraperai probablement jamais. Ce n’est pas un drame, c’est comme ça. Les bons livres ne vieillissent pas. Ils nous attendent sur nos rayons et c’est nous qui vieillissons. Quand nous nous croyons suffisamment « mûrs » pour les lire, nous nous y attaquons une nouvelle fois. Alors, de deux choses l’une : ou la rencontre a lieu, ou c’est un nouveau fiasco. Peut-être essaierons-nous encore, peut-être pas. Mais ce n’est certes pas la faute de Thomas Mann si je n’ai pu, jusqu’à présent, atteindre le sommet de sa Montagne magique.

Le grand roman qui nous résiste n’est pas nécessairement plus difficile qu’un autre… il y a là, entre lui et nous une réaction chimique qui n’opère pas.

Alors, nous avons le choix : ou penser que c’est notre faute ou fouiner du côté de la notion de goût et chercher à dresser la carte des nôtres.

Il est prudent de recommander à nos enfants cette seconde solution.

D’autant qu’elle peut leur offrir ce plaisir rare : relire en comprenant enfin pourquoi nous n’aimons pas. Et ce rare plaisir : entendre sans émotion :

– Mais commmment peut-on pas ne pas aimer Stendhaaaal ?

On peut.

(á suivre)

VOCABULAIRE

abandonner – покинуть, оставить

désapprobation (f) – неодобрение

hérisser – топорщить, поднимать торчком

poil (m) – волос

qu’il tombe – пусть падает

toutefois – однако, все-таки

mériter – заслуживать

vague – смутный, неопределенный

défaite (f) – поражение

submerger – затоплять, наводнять; полностью овладевать

rassembler – собирать

neurone (m) – нейрон, нервная клетка

se bagarrer – драться, бороться

piger – поймать, схватить

laisser de côté – отложить в сторону

ranger – зд. поставить в книжный шкаф

dont – среди которых

certains – некоторые

rayon (m) – полка

suffisamment – достаточно

mûr – зрелый

fiasco (m) – фиаско, поражение

essayer – пытаться

certes – конечно, без сомнения

atteindre – достигать

sommet (m) – вершина

résister – сопротивляться

nécessairement – обязательно

s’opérer – зд. происходить

fouiner – зд. поискать, порыться

notion (f) – понятие

dresser la carte – зд. составить список

d’autant que – тем более что

 

QUESTIONS

  1. Continuez, s’il vous plaît, la liste des raisons d’abandonner un roman avant la fin. Commentez ces raisons.
  2. Est-ce que vous avez cette expérience dont parle l’auteur : vous bagarrer avec le texte et subir une défaite ? Parlez-en. Donnez, s’il vous plaît, des exemples concrets.
  3. Est-ce qu’il y a des livres mis de côté qui vous attendent ? Parlez-en. Pourquoi vous voulez y revenir ?
  4. Parlez, s’il vous plaît, de la « carte » de vos livres à vous. Est-ce que vous pouvez expliquer votre choix ?
  5. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous n’aimez pas tel ou tel livre ?
  6. Est-ce que vous êtes d’accord avec la liberté de lecture que propose Daniel Pennac ?

(La publication est préparée par Tatiana JELEZNIAKOVA.)

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