Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2009

Arts et culture

Zinaïda Sérébriakova (1884-1967)

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Autoportrait à la salle de bain

Zinaїda Sérébriakova est née le 10 décembre 1884 dans la propriété de Neskuchnoïé près de Kharkov. Elle est issue d’une famille aisée, très raffinée, à la fibre artistique prononcée : les Lanceray-Benois. En 1794, Louis-Jules-César- Auguste Benois, cuisinier-pâtissier, a quitté la France révolutionnaire et a trouvé le refuge en Russie. Son art culinaire a été hautement apprécié auprès de la cour de Catherine II. Il s’est converti à l’orthodoxie et a pris le nom de Leontï Nikolaevitch. Il a eu 18 enfants dont 7 sont morts encore en bas âge, un est resté un célibataire endurci, 10 autres avaient comme leur père, beaucoup d’enfants. On disait que tous ceux qui appartenaient à cette grande famille, étaient nés « avec un crayon entre les mains ». Nicolas Leontievitch Benois, le grand-père de Zinaїda Sérébriakova, était professeur, académicien, président de la Société des architectes de Saint-Pétersbourg. Son oncle Alexandre Nikolaevitch Benois qu’on appelait tendrement « tonton Choura », était un peintre célèbre qui a fondé avec Somov, Bakst et Diaguilev le groupe « Le Monde de l’Art » (Mir Iskousstva). Son père, Evgueni Alexandrovitch Lanceray était bien connu en tant que sculpteur. En 1874, il épouse Catherine Nikolaievna Benois qui appartenait à une grande famille d’architectes (d’où sera issu, plus tard, un des décorateurs préférés de Serge Diaguilev). De ce mariage naîtront six enfants. L’aîné, Evgueny, deviendra un peintre connu, un autre fils, Nicolas, sera un des principaux architectes du style, dit « stalinien ».

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Le Goûter

Zika (c’est ainsi que les parents appelaient leur fille Zinaïda) n’avait que deux ans, quand son père était mort. La mère avec six enfants a déménagé à Saint-Pétersbourg dans l’appartement du grand-père. En 1900, Zika a terminé le gymnase et est entrée à l’École des Arts fondée par la princesse Tenichéva à Saint-Pétersbourg. En 1901, elle est élève de Repine, entre 1903 et 1905, elle suit des cours dans l’atelier du portraitiste O. Braz. Elle passait jours et nuits dans l’Ermitage en copiant les tableaux des maîtres anciens. De 1902 à 1903, elle vit en Italie, puis revient à Saint-Pétersbourg où elle continue son apprentissage. En 1905, Zinaïda a épousé son cousin Boris Sérébriakov et a pris son nom de famille. Les jeunes mariés ont passé leur lune de miel à Paris et y sont restés assez longtemps. C’est dans l’Académie de la Grande Chaumière à Paris qu’elle continuait à perfectionner sa manière de dessiner. En 1906, elle a mis au monde son premier fils Evgueny, plus tard elle a eu encore trois enfants (de génération en génération, on prénommait l’aîné des garçons Evgueny).

En 1910, elle participe pour la première fois à l’exposition organisée par « Mir Iskousstva ». Son Autoportrait à la salle de bains connaît un grand succès, il est acheté par la galerie Tretiakov. Elle rejoint le mouvement « Mir Iskusstva » en 1911, mais se détache des autres membres en raison de sa préférence pour les sujets populaires auxquels elle confère une harmonie et une plastique qui lui sont propres sans négliger une construction rigoureuse. De 1914 à 1917, Zinaïda Sérébriakova est à son apogée. Elle reproduit des thèmes de la vie rurale en Russie en se concentrant sur le travail des paysans et les paysages de campagne qui étaient si chers à son cœur. En 1916, Alexandre Benois reçoit la commande de décorer la gare de Kazan, il invite Evgueny Lanceray, Boris Kustodiev, Mstislav Dobuzhinsky et Zinaïda Sérébriakova à l’aider. Elle prend en charge le thème de l’Orient et représente sous forme de belles femmes l’Inde, le Japon, la Turquie et le Siam.

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Nature morte

En 1919, son mari bien aimé, son grand ami et son soutien, meurt de typhus, elle reste veuve avec quatre enfants et sa mère malade. Tous les ravitaillements ont été pilliés, la famille souffrait de disette. Sérébriakova était obligée d’abandonner la peinture à l’huile au profit des techniques moins chères au charbon et au crayon. Le tableau Chambre des cartes qui représente ses quatre enfants, est le plus triste dans son œuvre.

Avec beaucoup de peine, elle réussit à trouver un emploi dans le musée archéologique de Kharkov où elle fait des dessins des objets exposés.

La guerre civile finie, la famille s’installe dans l’appartement du grand-père à Petrograd. Sérébriakova profite de l’entrée de sa fille à l’Académie de ballet pour réaliser des pastels du théâtre Mariinsky. C’est en ce moment qu’elle peint le portrait du danseur talentueux Gueorguï Balantchivadzé, devenu célèbre et connu plus tard comme Georges Balantchine.

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Princesse Irina Alexandrovna Youssoupova

Après avoir essayé de s’adapter aux bouleversements profonds de son pays, Zinaїda comprend comme plusieurs milliers de ses compatriotes qu’il faut quitter le pays. En 1924, elle part pour Paris afin d’honorer la commande d’une grande peinture murale décorative. Un an après, son fils Alexandre et sa petite fille Catherine la rejoignent. Deux autres enfants, le fils Evgueny qui faisait ses études à l’Institut d’architecture, et sa fille Tatiana sont restés à Moscou avec leur grand-mère. Plus tard, sa fille sera peintre-décoratrice au Théâtre d’Art à Moscou. Elle a réussi à voir sa mère à Paris dans les années soixante.

Grâce à ses amis, entre 1928 et 1932, Zinaïda se rend plusieurs fois au Maroc. Les paysages d’Afrique du Nord l’émerveillent, elle éprouve un intérêt particulier pour les montagnes de l’Atlas, les femmes arabes et les habitants aux tenues traditionnelles. Après un bref séjour en Afrique du Nord où elle réalise quelques belles étoiles orientalistes, elle se fixe à Paris et fréquente tous les artistes peintres des années vingt. Elle produit une œuvre abondante et expose, pendant plus de 50 ans dans le monde entier rencontrant un franc succès qui ne s’est pas démenti.

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Une femme

Sa peinture est, de toute évidence, gracieuse, élégante et subtile. Aux premiers tableaux qui lui ont apporté la reconnaissance des milieux artistiques et du grand public dont son Autoportrait à la salle de bains où elle brosse ses longs cheveux mais aussi ses représentations de paysans ukrainiens aux champs. Il faut bien reconnaître une grande fraîcheur, une habileté, une justesse étonnantes propres à ses tableaux.

La jeune femme peint avec beaucoup de talent, d’énergie et de finesse. Ses rouges sont éclatants, sa représentation de la paysannerie russe est riche d’amour et dénuée de mièvrerie. Elle sait rendre une atmosphère, un instant, une vision comme en témoigne la remarquable toile où l’on voit une famille de cultivateurs rentrer sous le préau de leur ferme leur récolte annuelle de tomates.

Mais ce qui fait véritablement chavirer, ce sont les nues qu’elle réalise car là, il n’y a plus aucun artifice, c’est l’artiste dans toute sa splendeur.

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Siam. Esquisse du panneau
de la gare de Kazan à Moscou

À plusieurs reprises, et même si elle a pris le soin de modifier les traits du visage, ce sont très probablement des autoportraits. Ses jeunes femmes sont d’une remarquable beauté. Elles sont belles, tout simplement, parce que tout d’abord pleines de vie, authentiques et spontanées.

Qu’elles soient endormies ou fixent le peintre de leurs yeux encore riches de leur part d’innocence, elles sont magnifiques. La composition de ces nues est toujours d’une extrême recherche qui est si bien maîtrisée qu’elle finit par sembler naturelles.

En 1966, une grande exposition de l’œuvre de Zinaïda Sérébriakova est organisée à Moscou, Léningrad et Kiev. Elle devient alors immédiatement très populaire en Russie où elle est souvent comparée à Botticelli ou à Renoir.

Elle s’éteint à Paris, le 19 septembre 1967 à l’âge de 83 ans. Elle est enterrée à Paris, au cimetière de Saint-Geneviève-des-Bois.

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