Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №11/2009

Arts et culture

« J’aime perdre... »

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Cet univers du jeu... (Séquence du film Sagan)

Le 21 juin 1956, Françoise a 21 ans. Majeure, enfin, la loi l’autorise de jouer au casino. La voici au Palm Beach de Cannes. Elle s’installe à une petite table et fait son premier jeu. Face à la roulette et au tapis vert, elle oublie les visages alentour. Elle joue. Cet univers du jeu, silencieux, feutré, enfumé la fascine. Elle est passionnée par cette énigmatique lutte contre le hasard, et elle en ressort tantôt sans un centime, tantôt avec des millions qu’elle s’empresse à dépenser. Rapidement, elle sait que son chiffre fétiche est le 8. Ce chiffre magique est lié à une histoire connue qui raconte comment Sagan est devenue propriétaire de sa maison d’Equemauville, au-dessus de Honfleur.  Au mois de juillet 1958, elle débarque en Normandie. Elle loue un manoir à Equemauville et découvre que le casino est toujours ouvert, proche, et accueillant. Elle y passe donc ses nuits en compagnie de ses deux meilleurs amis, Bernard Frank et Jacques Chazot. A l’aube du 8 août 1958, le jour de leur départ pour Paris, elle gagne au casino de Deauville 80 000 francs, après avoir tout misé sur 8. A 8 heures du même matin, « nous rentrons enchantés à la maison pour tomber, devant la porte, sur le propriétaire lui-même, qui me fait remarquer qu’il est 8 heures du matin, heure fixée pour notre départ, et il me demande, à tout hasard, si je ne veux pas acheter la maison. J’ouvre la bouche pour lui dire que je n’achète jamais rien, quand il ajoute : “Etant donné les travaux à faire, je ne la vends pas cher, je la vend 80 000 francs.” », se souviendra plus tard Françoise. On est le 8 août, elle a misé sur le 8, il est 8 heures du matin, le propriétaire vend la maison dont elle ne peut que rêver à 80 000 francs. C’est incroyable, n’est-ce pas ? « Que voulez-vous que je fasse contre cela ? », pose une question rhétorique Sagan. Elle tire des billets de son sac à main, avant d’aller se coucher « triomphante ». Cette belle maison à deux étages, entouré de 8 hectares, qu’elle aime tant et qui a autrefois accueilli Sacha Guitry, Alphonse Allais et Jules Renard sera son « seul bien terrestre », où elle se réfugiera jusqu’à la fin de sa vie.

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C’est là surtout, qu’elle redevient la petite Françoise Quoirez qui adore une sieste dans un pré, sous de merveilleux nuages. « Vous sentez sous vos mains le piquant de l’herbe drue, vous respirez cette odeur de la terre gavée de soleil, vous entendez un oiseau s’extasier derrière vous, à haute voix, sur la beauté du jour. Et nulle trace d’être humain… »

Cette histoire, la presse en parle beaucoup. La presse n’arrête toujours pas de parler de Françoise Sagan. Sagan n’y prête aucune attention. « J’ai trop entendu parler de moi pendant des années pour m’intéresser à ce que je suis », avouera-t-elle plus tard. Elle est occupée de chercher de l’adrénaline qui lui sert de moteur. Elle aime le jeu, les casinos, les courses de chevaux, et tout ce qui aide à croire que la vie peut ressembler à de grandes vacances.

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