Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №12/2009

Courrier des lecteurs

Galina SOROKOVYKH , Anastassia ZYKOVA

Chambéry et la Savoie : une hospitalité légendaire

Le comte de Boigne

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Le goût de l’aventure et du métier des armes conduira Benoît de Boigne successivement dans les Flandres, à l’île de France (l’actuelle Réunion), en Russie, en Turquie, et enfin aux Indes, après une difficile traversée du Moyen-Orient. Aux Indes, il devint une sorte de héros, remportant victoire sur victoire à la tête des armées marâthes pour entrer invaincu dans la capitale des Grands Moghols, Delhi. Nommé gouverneur d’un vaste territoire le long du Gange par le maharaja Sindiah, il revint en Europe, passa quelques années à Londres, avant de s’installer à Chambéry. Riche, couvert de gloire, il fut fait président du département du Mont-Blanc par Napoléon Ier, maréchal de camp par Louis XVIII, comte de Boigne à titre héréditaire par le roi de Sardaigne.

Adèle d’Osmond

Lorsqu’il était aux Indes, Benoît de Boigne eut d’une princesse d’origine persane qu’il appelait sa « chère Bégum » un fils et une fille. Rentré à Londres, où il reçut la nationalité britannique, il se maria avec une jeune Française de famille aristocratique, Adèle d’Osmond. Celle-ci tint à Paris un célèbre salon politico-littéraire dont le souvenir persiste à travers les Mémoires de la comtesse de Boigne.

Buisson Rond

À son retour à Chambéry, de Boigne acheta l’ancienne propriété du marquis d’Arvillard, qu’il fit transformer en une « petite folie ». Ce château est devenu définitivement centre linguistique où réside L’École de la langue française IFALPES.

La fontaine des Éléphants

La ville de Chambéry décida d’élever en 1832 un monument à la mémoire du général de Boigne, mort en 1830. C’est le projet d’un architecte grenoblois, Pierre-Victor Sappey, qui fut retenu. Il représente quatre éléphants d’Asie rappelant la campagne indienne du général. Leur absence d’arrière-train en a fait un édifice célèbre, connu sous le nom de « fontaine des quatre sans cul ». Au centre du monument, une colonne en forme de tronc de palmier supporte Benoît de Boigne, en grande tenue de général, contemplant la rue qui porte son nom et le château des ducs de Savoie.

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau arrive à Chambéry en 1731. Il s’installe avec Madame de Warens, son premier amour, dans le vallon des Charmettes. C’est au cours de ce séjour, de 1736 à 1742, que naît sa passion pour la nature, pendant ses promenades, seul ou avec celle qu’il appelle maman. C’est là qu’il crée son « magasin d’idées » et qu’il devient l’« Homme de la nature ». Ce lieu, où s’est formée la personnalité d’un des plus grands écrivains de langue française, témoigne de son influence dans révolution de la pensée universelle : la maison des Charmettes devient un lieu de pèlerinage pour les visiteurs du monde entier et de nombreuses célébrités (George Sand et Alphonse de Lamartine racontent avec émotion leur visite). Classée monument historique en 1905, la maison est depuis cette date propriété de la Ville de Chambéry. C’est aussi un site naturel préservé, et un jardin botanique.

Au-delà des monts, impression turinoise

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En 1563, la capitale des Etats de Savoie est transférée à Turin. La cité des ducs conservant un statut particulier au niveau administratif, de grandes familles piémontaises s’y installent. Ces lignées, à l’image des Castagnery, originaires de Turin, construisent des hôtels particuliers dans l’esprit piémontais. L’influence architecturale se ressent tant au niveau du plan que des décors peints en trompe-l’œil (Sainte-Chapelle, Cathédrale, château de Caramagne...). Ces travaux sont souvent menés par des artistes venant d’au-delà des Monts. La façade de la Sainte-Chapelle est l’œuvre du célèbre architecte Amédéo da Castellamonte. Les portiques de la rue de Boigne, sur le modèle turinois, abritaient des lieux de sociabilité où les Chambériens prenaient plaisir à déguster café et vermouth.

Aujourd’hui, ce lien privilégié avec le Piémont et l’Italie s’exprime à travers le jumelage avec Turin, datant de 1957. Les villes de Turin et de Chambéry expérimentent, notamment, depuis 2004, un dispositif offrant une gratuité d’accès à leurs musées à leurs adhérents ou abonnés respectifs. La présence d’un Consulat d’Italie souligne également cette permanence des rôles de deux territoires à partir desquels se sont définies les configurations frontalières alpines des deux pays.

Toute l’année, toutes les cultures

Parler de la Culture revient d’abord à la situer dans une ville en mouvement. En effet, Chambéry soutient une politique ambitieuse de réalisations architecturales de grande qualité. Les flux des utilisateurs de ces nouveaux équipements culturels – les quelque 4 000 adhérents et 80 000 spectateurs de l’Espace Malraux, Scène Nationale – les 1 450 passages quotidiens à la Médiathèque Jean-Jacques Rousseau, la moyenne de 2 000 usagers de tous âges, chaque jour, à la Cité des Arts – ont généré de nouveaux pôles d’intérêts et de fréquentation. Ils modifient le paysage urbain dans une proximité harmonieuse avec le centre ancien resserré autour du Château des Ducs de Savoie. Comme les Musées, le Théâtre Charles-Dullin (XIXe siècle)... tout est accessible à pied pour le visiteur et l’usager. Les Hauts de Chambéry n’ont pas été négligés pour autant avec la salle de spectacles ouverte sur le quartier, le Scarabée et la nouvelle Bibliothèque Georges-Brassens.

img3Si la vie institutionnelle a valu à la Ville quelques distinctions nationales, les statuts de centre de production pour la Scène Nationale, et de Conservatoire National de Région pour la Cité des Arts, l’indéniable succès de fréquentation de ces institutions et leur rayonnement sur l’agglomération et le département justifient amplement ses fonctions de ville-centre. A côté des Musées Savoisien, des Beaux-Arts, des Charmettes, du Muséum, avec le renforcement du cinéma art et essai, de nouveaux secteurs culturels ont trouvé droit de cité à Chambéry : une école des Arts du Cirque, la galerie scientifique Eurêka, des lieux dédiés aux musiques actuelles, la Soute, le Totem, le Scarabée, deux nouveaux espaces d’art contemporain. Mais ce panorama culturel de la ville serait incomplet si l’on ne parlait pas d’une vie culturelle associative d’une exceptionnelle richesse, avec plus d’une centaine d’associations : sociétés savantes, troupes de théâtre, de danse, groupes musicaux, chorales, cafés scientifiques, littéraires... qui créent un foisonnement de manifestations diverses.

Chacun peut prendre une part active à la vie culturelle pour trouver des réponses à ses attentes. Enfin des festivals ou événements viennent rythmer les saisons culturelles et sont très attendus : Festival du Premier Roman, de la Bande Dessinée, de Jazz, Rencontres Musicales de Bel Air autour des frères Capuçon, concerts de l’Orchestre des Pays de Savoie, Lafi Bala, Cité d’Eté et les Estivales du Château... Indéniablement la culture participe à la qualité de vie et à l’attrait que suscite Chambéry. Longtemps considérée par le regard extérieur comme une ville de passage, elle est aujourd’hui une ville où l’on s’attarde, où l’on s’arrête, où l’on revient, comme si l’on y avait découvert une nouvelle « douceur de vivre »...

Vins

Réparti entre lacs et montagnes, le vignoble savoyard couvre environ 2 000 hectares rigoureusement délimités, accrochés aux éboulis caillouteux des versants ensoleillés. L’ensemble du vignoble compte quatre zones d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC Vins de Savoie, Roussette de Savoie, Crépy et Seyssel), vingt-deux crus et une vingtaine de cépages dont les célèbres blancs Jacquere et Altesse et côté rouge la Mondeuse emblématique du terroir savoyard. Les vins de Savoie s’accordent à merveille avec les fruits de mer, poissons de lac pour les blancs, fromages, viandes blanches ou gibier pour les rouges.

Poissons de lac

L’eau douce est une ressource qui vaut de l’or. Et de sa qualité dépend la préservation de nombreuses espèces – foulques macroules, tortues cistudes... et de milieux naturels remarquables – roselières, marais et eaux profondes – qu’abrite le plus grand lac naturel de France.

L’omble chevalier, considéré comme le meilleur poisson d’eau douce, le lavaret, la perche... Ces poissons sont péchés dans le lac du Bourget. La pêche est pratiquée par une dizaine de professionnels péchant au filet de façon artisanale.

Fromages

Savoie et Haute-Savoie font partie des départements dont la renommée fromagère est fortement établie (le reblochon de Savoie est une des plus anciennes AOC françaises et la 4ème en tonnage annuel). On trouve ainsi cinq fromages sous Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) : beaufort, abondance, reblochon, tome des Bauges et chevrotin et deux sous Indication Géographique Protégée (IGP) : tomme et emmental de Savoie. Il sont conçus dans le respect de techniques de fabrication et d’affinage transmis de génération en génération.

La truffe au chocolat

Inventée par un confiseur chambérien en 1895. M. Dufour eut l’idée de mélanger du chocolat noir, de la crème fraîche et un peu de vanille qu’il modela en petites boules enrobées de cacao. La truffe de Chambéry était née.

Un nouvel équilibre, entre nature et urbanité

La nature écrit de multiples histoires. Chambéry les raconte et les éclaire.

Avec trois parcs et le plus grand lac naturel de France – Le Bourget –, Chambéry est entourée d’espaces alpins exceptionnels. Vivants, ces territoires constituent un atout-maître pour la ville qui s’emploie, avec eux, à les préserver et les développer. Ainsi, citadins et montagnards construisent ensemble un art de vivre qui constitue un nouvel équilibre entre nature et urbanité. Chambéry accueille de nombreux événements sur la montagne – expositions, conférences, colloques – notamment ceux organisés par l’association Montanea. S’ajoutent le Festival International des Métiers de Montagne (FIMM) – véritable carrefour des professionnels – Grand Ski – rendez-vous international entre les Tours opérateurs et les stations de sports d’hiver ou encore les Entretiens de la Montagne, organisés via le ministère du Tourisme (le DEATM) installé dans l’agglomération. En quelques années, Chambéry s’est affirmée comme une « ville au service des montagnes ».

Formation professionnelle

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L’Université de Savoie est une université pluridisciplinaire qui propose à ses 12 000 étudiants des formations générales et professionnelles aux trois niveaux européens : licence, master, doctorat. La richesse des interactions qu’elle entretient entre recherche, enseignement supérieur et milieux socioprofessionnels, est à la base de son attractivité. Celle-ci résulte en effet de la qualité de ses laboratoires de recherche, qui induit celle de son corps professorai, de la cohérence académique et de la pertinence professionnelle de ses diplômes, de la qualité d’accueil et d’accompagnement pédagogique de ses étudiants et de son insertion dans un tissu économique parmi les plus dynamiques de France.

L’université de Savoie est une chance. En la saisissant, ses étudiants font le bon choix.

La vocation internationale, déjà ancienne, de l’Université de Savoie ne se dément pas. Elle accueille près de 11 % d’étudiants étrangers, dont 32 % dans le cadre de programmes d’échanges. Annuellement, ce sont ainsi plus de 1 300 étudiants, issus de 85 nationalités. En ce qui concerne la mobilité sortante, ce sont 500 étudiants savoyards qui partent chaque semestre à l’étranger en Europe et à travers le monde. Outre la coopération transfrontalière avec l’Italie du nord (Turin et Val d’Aoste) et la Suisse Romande (Genève et Lausanne), l’Université de Savoie valorise le réseau de ses partenariats européens par des accords multipartites, avec des établissements de l’Europe Centrale, de la Scandinavie et de la CEI (ex URSS). Elle développe actuellement ses contacts avec la Chine et l’Inde et cherche à renforcer ses partenariats de recherche avec les nouveaux pays d’Europe et les pays d’Amérique Latine.

Son activité d’assistance se développe vers les pays du sud, et plus particulièrement avec les pays francophones du Maghreb, d’Afrique et d’Asie (notamment le VietNam), au travers de programmes de développement économique ou d’ingénierie pédagogique, financés entre autres par l’Union Européenne.

Témoignages

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Nous portons sur la ville un regard fasciné. Elle nous est apparue à la frontière d’une histoire multiple, dont l’identité fluctuante se tourne définitivement vers les montagnes. C’est une ville extrêmement dynamique qui n’a jamais cessé d’évoluer. Elle a su respecter et valoriser son patrimoine tout en gardant une identité forte liée à son origine tout en étant tournée vers l’avenir. C’est aussi une ville jeune et ouverte qui rayonne à l’international.

Nous l’avons connue durant les deux semaines. Nous avons rencontré une chaleur et une convivialité extraordinaire. Pour l’instant nos rapports avec les Chambériens et Savoyards sont discrets. Tout cela justement reste à construire. Pour nous, une ville c’est exactement comme du bon thé. Si vous acceptez d’en être l’eau chaude, elle infuse en vous et vous parfume de son goût. Chambéry est un de ces thés délicats et précieux que l’on a envie de goûter longtemps.

Chambéry accueille tous les acteurs de la montagne, elle a donc toute sa place et la légitimité de se positionner comme Capitale des Alpes. Attachés à la culture, en tant que Savoyards pour quinze jours, nous avons la chance d’évoluer dans un cadre de vie exceptionnel et envié, entre lacs et montagnes.

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