Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2009

Arts et culture

Anna Gavalda : pourquoi on l’aime

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Anna Gavalda est une femme de lettres française, née en 1970.

Elle obtient une maîtrise de lettres modernes à la Sorbonne et cumule les métiers de chroniqueuse pour le Journal du Dimanche, de professeur de français et d’assistante-vétérinaire. Elle est également mère de deux enfants.

L’aventure littéraire commence en 1992, quand elle devient lauréate France Inter pour La Plus Belle Lettre d’amour. En 2000, son premier recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part obtient le Grand Prix RTL-Lire. Il sera réimprimé douze fois et traduit dans 27 pays. En 2002, paraît son premier roman, Je l’aimais, qui sera adapté au cinéma par Zabou Breitman en 2009, puis, un roman pour adolescent 35 kilos d’espoir et son grand succès, Ensemble, c’est tout en 2004, adapté au cinéma par Claude Berri en 2007.

Au printemps 2008, sort un nouveau roman, La Consolante.

Aujourd’hui, Anna Gavalda vit à Melun, où elle est documentaliste à mi-temps dans un collège. Elle est également chroniqueuse pour le magazine Elle.

(d’après les sites Internet)

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« Ça va cartonner ! », c’est la petite sœur d’Anna Gavalda qui a chuchoté ces paroles après la lecture du manuscrit Ensemble, c’est tout, avant même que l’éditeur s’en soit emparé. La jeune fille, qui sert de « jugement test » à sa grande sœur, a vu juste. Dans les classements des meilleures ventes, le roman est classé à la deuxième place. Il raconte une histoire simple : la rencontre de quatre personnages (une jeune anorexique douée pour le dessin mais qui fait des ménages, un aristocrate timide et ruiné, un cuisinier mal dégrossi et sa grand-mère malade qui refuse d’aller en maison de retraite). L’auteur résume ainsi son roman : « C’est la théorie des dominos à l’envers : des gens qui se relèvent ensemble. Ils sont cabossés mais pas fichus. » Comment expliquer ce succès ? Pourquoi Anna Gavalda plaît-elle autant ?

« Un divertissement intelligent », selon une libraire

Une libraire parisienne parle de « divertissement intelligent » qui « attire un large public ». Ce que confirme Corinne Crabos, directrice du développement à la librairie Mollat, à Bordeaux : « Le profil de ses lecteurs ? Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, elle touche toutes les générations, affirme-t-elle. Même au rayon “jeunesse”, avec 35 Kilos d’espoir, elle rencontre le succès. » Selon la libraire bordelaise, cette réussite a deux raisons : « L’histoire (beaucoup se retrouvent dans ses personnages) ; et son style : de la tendresse, de l’humour, et quelques petits “coups de pied”. Les “héros” de son roman font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont : ils ont un regard solidaire sur celui qui est en face d’eux. »

« La vraie vie », analyse un psy

« La première chose qui m’a frappé dans ce livre, explique Christophe André, médecin psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, c’est l’omniprésence du monde médical : hôpital, maison de retraite, consultation de médecine du travail, etc. » Deuxième observation : le problème de communication que rencontrent les personnages. « Le style même de la romancière, affirme le psychiatre, montre que les trois jeunes (Camille, Franck et Philibert) sont des handicapés de la parole. Leurs dialogues sont souvent avortés, avec de nombreux points de suspension, ou des «non, non, rien, laisse tomber... » Ces dialogues, dit-il, illustrent leur difficulté à (se) parler, à exprimer leurs émotions. Troisième remarque : « Ce sont des personnes qui ont souffert, qui se méfient des mots et à qui il ne reste plus que la vérité des actes et des émotions. C’est cela qui va les guider, les aider à s’en sortir. Ils vont passer d’une souffrance solitaire à des joies partagées. Le bonheur ne peut être que dans le lien : c’est le message de ce livre », souligne Christophe André. Et d’ajouter : « Ce que l’auteur décrit est finement observé. C’est la vraie vie, sans embellissements. Ce roman est socialement fort et psychologiquement juste. »

« Le sens de l’ellipse » d’après son éditeur

Dominique Gaultier, le directeur de la maison d’édition Le Dilettante, explique : « Elle possède un réel talent pour donner vie à ses personnages sans besoin de les décrire. Et ses dialogues sont très justes. Elle a une vraie sensibilité aux gens ». Il ajoute qu’il aime plus particulièrement le « sens de l’ellipse » de son écrivain vedette.

« Des bons sentiments » pour la critique

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Anna Gavalda ne laisse pas indifférents les critiques. Il y a ceux qui l’adorent et ceux qui la détestent. Le roman est un « moment de grâce, d’harmonie, de bonheur » pour le Journal du dimanche. Tandis que L’Express écrit : « D’où vient alors que se l’on se laisse prendre, qu’on évite l’ennui ? De l’idée rassurante que le bonheur est possible à condition de l’accepter. » Pour le magazine Elle, c’est « du miel » : « On sourit, on a le cœur serré, brisé même, on rit carrément, parce qu’il y a un humour fou. » Le Parisien, note, de son côté, que « Ce pavé déborde de générosité, d’espoir et de bons sentiments. »

« Je retravaille jusqu’à l’obsession »

Et Anna Gavalda, sait-elle, elle-même, pourquoi elle plaît ? Elle avance timidement une raison : le regard et la tendresse qu’elle porte à ses personnages. « C’est peut-être cela qui touche les gens », affirme la jeune femme. Elle assume sa gentillesse et celle de ses personnages : « Je sais, la gentillesse n’est pas à la mode. Mais moi, je trouve que c’est l’une des plus belles qualités. » .

L’apparence de simplicité dans ses écrits est très travaillée : « Le premier jet peut me prendre peu de temps. Ensuite, je retravaille jusqu’à l’obsession », explique l’ancien professeur de lettres. Mais avant d’écrire, la romancière affirme effectuer un long travail de journaliste : elle a passé des heures et des heures dans les restaurants et les cuisines, s’est énormément documentée, a effectué quelques voyages, écoute et observe en permanence. « Pourtant, dit-elle, je ne sais pas décrire. Mais je me régale dans les dialogues. 

(d’après Mohammed AÏSSAOUI,
critique au Figaro Littéraire)

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