Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №3/2007

Univers du français

Jeanna AROUTIOUNOVA

Le premier Congrès européen de Vienne

Avant de parler du premier Congrès européen, quelques mots sur la Fédération Internationale des professeurs de français (FIPF) qui regroupe 70 000 professeurs de français dans plus de 180 Associations sur les cinq continents.

La FIPF a été créée en 1969, sa présence mondiale est assurée par 8 Commissions régionales :
· La Commission du Français Langue Maternelle (La CFLM)
· La Commission pour l’Association des Professeurs de Français d’Afrique et de l’Océan Indien (L’APFA-OI )
· La Commission pour l’Amérique du Nord (La CAN)
· La Commission pour l’Asie et le Pacifique (La CAP)
· La Commission d’Europe Centrale et Orientale (La CECO)
· La Commission pour l’Europe de l’Ouest (La CEO)
· La Commission pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (La COPALC)
· La Commission du Monde arabe (La CMA)

Les objectifs de la FIPF :
– promouvoir le français partout dans le monde, contribuer à la qualité de son enseignement ainsi qu’à la diffusion des cultures francophones dans le cadre du plurilinguisme et du dialogue des cultures,
– favoriser les échanges et le dialogue entre les enseignants de français,
– informer, mettre en relation, diffuser des documents et contribuer à la communication entre tous les acteurs du français, associatifs et institutionnels, bilatéraux et multilatéraux.

Les partenaires institutionnels de la FIPF : les ministères français des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale, de la Culture, le Centre international d’études pédagogiques (CIEP), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), la Communauté française de Belgique, le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec, l’UNESCO.

22 pays font partie de la CECO et 21 pays de la CEO. Présidente de la CECO est Mme Janina Zielinska, président de la CEO est M. Raymond Gevaert qui est en même temps le président du Comité d’organisation du Ier Congrès européen de la FIPF.

Le premier Congrès européen de réflexion et d’orientation sur l’avenir de l’enseignement du français en Europe s’est réuni du 2 au 5 novembre 2006 dans la capitale autrichienne – dans la ville de Vienne. Le thème du Congrès : « Le français, une langue qui fait la différence ». Pour la première fois plus de 900 professeurs de français se sont réunis pour débattre, exposer et échanger leur avis sur l’avenir de l’enseignement de la langue française dans l’Europe plurilingue et pluriculturelle, autour de trois axes de réflexion.

1. Politiques linguistiques

Cet axe a abordé la place du français, ses enjeux et ses perspectives dans les politiques linguistiques et d’enseignement en Europe sous plusieurs angles.

2. Plurilinguisme et pluriculturalisme

Cet axe a recensé et analysé les expériences pédagogiques novatrices suscitées par les impulsions du Conseil de l’Europe et relayées par les enseignants de français en Europe.

3. Didactique de la langue

L’enseignement – apprentissage du français langue étrangère et seconde, richesse d’un champ de pratiques et de recherches.

Cet axe a présenté les travaux récents en didactique et acquisition des langues. Il a permis de faire connaître les expériences réussies en matière d’enseignement du français, les innovations pédagogiques ainsi que les exemples de pratiques liées aux dernières avancées en matière de didactique. On a privilégié les pratiques et les expériences permettant une amélioration de l’enseignement du français.

Les plus beaux locaux de Vienne ont été mis à la disposition des congressistes : la cérémonie de l’ouverture a eu lieu dans la salle du cinéma Gartenbaukino, le cocktail d’ouverture dans l’Hôtel de ville de Vienne et la cérémonie de clôture dans l’Université de Vienne ; toutes les conférences et tous les ateliers se déroulaient au Lycée français de Vienne et à l’Institut français de Vienne.

Lors de la cérémonie d’ouverture M. Pierre Viaux, ambassadeur de France en Autriche, a dit : « C’est pour moi un grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue à Vienne, à l’occasion de cet événement que constitue le Ier Congrès européen de la FIPF, dont le titre “Le français, une langue qui fait la différence” indique clairement l’importance des enjeux pour l’enseignement de notre langue et de notre culture en Europe. La situation géographique de l’Autriche, au carrefour des idées et des hommes d’Europe, en fait un point de rencontre “naturel” dans cette partie du monde. C’est ainsi qu’en ayant choisi Vienne, vous avez fait le choix de placer le français au cœur de l’Europe plurilingue, et je vous en félicite. L’Ambassade de France en Autriche et son Service de coopération et d’action culturelle sont heureux d’apporter leur soutien à cette manifestation, qui porte le message d’une francophonie audacieuse et dynamique. »

Je me permets aussi de citer le texte intégral du président du Comité d’organisation, Raymond Gevaert : « Si les professeurs de français ont un jour décidé de consacrer leur vie à faire découvrir et aimer la langue de Voltaire, ce n’est pas seulement parce qu’elle est belle, agréable à entendre et à parler ou parce qu’elle compte des dizaines de millions de locuteurs sur les cinq continents. Ces professeurs n’enseignent pas seulement le français pour permettre à leurs élèves de faire, dans cette langue, leurs emplettes ou la réservation d’une chambre d’hôtel. Que la France accueille chaque année 74 millions de touristes étrangers, n’est pas non plus la principale raison de leur choix. Ce qui a amené ces femmes et ces hommes à devenir des enseignants de français, c’est que cette langue leur parle au cœur et à l’esprit. Ce qui les a motivés à être des témoins de cette langue, ce sont peut-être surtout les valeurs et les contenus humains et culturels que le français véhicule : sa faculté à exprimer une certaine vision de l’Homme, son message de liberté et de pluralité, parce qu’il est aussi la langue de la première Déclaration des Droits de l’Homme et parce que la francophonie est polyphonique. Parler français, c’est penser différemment, c’est vivre et voir le monde autrement, c’est donner à ce monde un sens supplémentaire. Est c’est aussi, pour nombre d’entre nous, mieux respirer.

Or, depuis quelques années, les professeurs de français européens s’interrogent sur l’avenir de leur langue et sur l’importance que l’on accorde à son apprentissage dans une Europe qui s’élargit. Ils s’inquiètent de voir des États, des pouvoirs organisateurs d’enseignement, des dirigeants de décider de réduire drastiquement ou d’abolir les possibilités d’enseignement de langues étrangères, à l’exception d’une que l’on renforce. Ce mouvement vers la langue unique, la pensée unique, témoigne d’un simplisme et d’un monoperspectivisme culturel affligeant et dangereux car allant à l’encontre d’une caractéristique fondamentale de l’identité européenne : sa diversité linguistique, culturelle et sociale. “L’Europe périra si elle ne se bat pour ses langues.”1

Aujourd’hui, plus encore qu’hier, il est nécessaire que les professeurs de français européens fassent clairement entendre leur voix dans ce débat et qu’ils témoignent de la qualité de leur expérience et de leur rôle important dans l’ouverture à la pluriculturalisme. Il est tout aussi nécessaire que les représentants de ces professeurs de français, car “il n’y pas de meilleurs avocats de la francophonie que les professeurs amoureux de la langue française, présents sur le terrain”2, et les acteurs institutionnels de la francophonie puissent se retrouver pour réfléchir ensemble à une “politique commune européenne pour le français.”

C’est dans cette perspective que la FIPF organise à Vienne, au cœur même de l’Europe, le premier Congrès européen. Pour la première fois, les Associations de professeurs de français de tous les pays d’Europe ont leur tribune. Rassemblées pour la première fois, elles pourront, dans un échange démocratique, apporter leur contribution à une image militante et dynamique du français en Europe, et démontrer qu’il n’y a pas d’Europe sans plurilinguisme ni sans le français. Vive le français ! »

Les 60 associations européennes de la Fédération internationale des professeurs de français, ont adopté à l’unanimité le 4 novembre la Déclaration de Vienne destinée à alerter les gouvernements, les institutions multilatérales, les pouvoirs organisateurs d’enseignements, la société civile, sur la nécessité de rendre effectif, au-delà des déclarations de bonnes intentions, l’enseignement obligatoire de deux langues étrangères au moins, dans le cadre d’une politique linguistique commune de l’Europe.

J’espère que le bain de jouvence où nous avons étaient plongées pendant le travail du Congrès sera bénéfique pour les enseignants et leurs apprenants et pour la langue que nous enseignons et aimons !


1 Georges Steiner

2 Martine Defontaine, Secrétaire générale de la FIPF

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