Univers du français

Sergueï Korolev, architecte de la conquête de l’espace

« Le pont est lancé : les spoutniks soviétiques viennent de relier la Terre et l’Espace. La voie des étoiles est libre. »

Sergueï KOROLEV

Il y a 46 ans, le 12 avril 1961, un vaisseau spatial piloté par le Soviétique Youri Gagarine était placé en orbite autour de la Terre. Sergueï Korolev, constructeur principal et académicien, était le directeur de ce programme gigantesque portant sur la création des premiers vaisseaux spatiaux pilotés. L’activité de Korolev frappe surtout par l’envergure de ses réalisations. Même de nos jours, alors que bien des années se sont écoulées, on prend difficilement conscience de tout ce qui a été fait sous la direction de cet homme, d’après ses dessins, grâce à sa volonté.

Sergueï Pavlovitch Korolev est né le 13 janvier 1907 à Jitomir, en Ukraine. À la fin de l’année 1929, encore étudiant, il rencontra le père de l’astronautique théorique, Konstantin Tsiolkovski. Après cet entretien, il n’eut plus qu’une seule idée en tête : les vols spatiaux. En 1931, Sergueï Korolev fit la connaissance de Friedrich Tsander et d’autres passionnés de balistique et constitua le Groupe social d’étude du mouvement réactif.

Le but du GIRD était de construire un avion-fusée tout simple doté d’un réacteur à carburant liquide. Aussi, en 1932, Sergueï Korolev forma une équipe et noua des relations d’affaires avec d’éventuels utilisateurs de ses développements, surtout au ministère de la Défense et à l’Académie des sciences. C’est à cette même époque qu’il lança l’idée de fonder l’Institut de la réaction (RNII).

Le lancement réussi, en août 1933, de la première fusée expérimentale à carburant liquide, GIRD-09, fut l’événement qui accéléra la mise en place du RNII. Sergueï Korolev en fut nommé directeur adjoint.

En 1936, Sergueï Korolev fut nommé constructeur principal – directeur du département des fusées créé près le RNII. À la fin de l’année suivante les travaux avançaient sur tous les fronts et promettaient de déboucher sur des avancées significatives dans le domaine des engins balistiques automatiques et pilotés.

Malheureusement, la personnalité brillante et active de Sergueï Korolev n’échappa pas à la vague de terreur publique qui déferla sur le pays en 1937-1938. Il est arrêté le 26 juin 1938 et est condamné comme « ennemi du peuple » à des travaux forcés dans un camp de travail au goulag. Durant ses années en prison, ses talents sont toujours utilisés par les militaires qui le font travailler sur des avions.

En 1939-40, dans des lettres adressées aux dirigeants du pays, le détenu Korolev tenta en vain de leur faire admettre la nécessité de travailler sur les avions-fusées, en tant que type d’arme nouveau et performant.

Après sa libération en 1944, Sergueï Korolev travailla sur un missile de longue portée. Ensuite on l’envoya en Allemagne pour s’initier aux fusées allemandes. Il rentra de ce pays avec en tête un projet de missile balistique inédit, de portée deux fois plus grande que le V-2 allemand. Le centre leader de l’industrie balistique (NII-88) fut alors implanté dans les environs de Moscou. La direction du bureau d’études fut confiée à Korolev.

Le projet de missile intercontinental R-7 débute en 1953. En août de cette année, il est accepté au Parti communiste et est réhabilité en 1957. Le premier vol réussi de la R-7 se déroule le 21 août 1957. Korolev a déjà présenté l’idée de lancer un satellite le 26 mai 1954 au Conseil des ministres et a obtenu l’autorisation le 30 janvier 1956. Dans la course à l’espace à l’occasion de l’année géophysique internationale, Korolev projette d’envoyer pour cette première un satellite plus simple que prévu. Finalement le 4 octobre 1957, Spoutnik 1 (83,6 kg) est mis en orbite par la cinquième R-7 Semiorka. Spoutnik 2 lancé le 3 novembre 1957 emporte la chienne Laïka, Spoutnik 3 mis en orbite le 15 mai 1958 est le premier satellite scientifique soviétique et Luna 1 envoyé le 4 janvier 1959 effectue le premier survol de la Lune.

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient le premier homme à aller dans l’espace à bord de Vostok 1 lancé par une Semiorka. Ce vol donne la preuve de la domination soviétique à l’époque alors que les Américains ne peuvent envoyer leur premier astronaute Alan B. Shepard que le 5 mai de la même année à bord de Mercury Freedom 7 en vol suborbital. Le premier astronaute américain en vol orbital est John H. Glenn sur Mercury Frienship 7 le 20 février 1962.

Korolev est aussi chargé de poser le premier homme sur la Lune, Russe bien entendu, mais il ne termine pas sa tâche.

Malgré sa solide constitution, Sergueï Korolev était assez faible physiquement. Il avait toujours un tube de comprimés de Validol sur lui, surtout quand il se rendait à Baïkonour. Peu de temps avant sa disparition il avait dit : « Que ce serait bien d’avoir encore dix ans devant moi ! ». Il décède le 14 janvier 1966 par arrêt cardiaque lors d’une opération de chirurgie.

Sergueï Korolev était un homme exceptionnel. La mode vestimentaire le laissait indifférent, il ne portait la cravate – un accessoire dont il avait horreur – que très rarement et s’habillait dans ses vieux costumes. Il ne comptait pas l’argent, en prêtait et même en donnait à ceux qui en avaient besoin. Il ne savait pas du tout se reposer. L’astronautique soviétique a perdu un de ses hommes forts.

(d’apres le site http://fr.rian.ru/analysis/20060228/43835604.html)

QUESTIONS
1. Quelle rencontre a influencé Sergueï Korolev ?
2. Parlez des plus grandes réussites de Korolev.
3. Peut-on nommer Sergueï Korolev le père de l’astronautique soviétique ? Pourquoi ?