Arts et culture
Lialia KISSELEVA
« Le Jazz » revient
La troisième version du festival du jazz français « Le Jazz » s’est tenue à Moscou le 30 et le 31 mars. Dieu aime la trinité et la troisième version
À côté de l’arrivée des oiseaux et de la fonte des neiges, « Le Jazz » peut être considéré déjà comme un des signes du printemps. D’autant plus qu’avec lui un vent frais fait irruption dans notre capitale. Toujours sur l’initiative de l’agence Artmania et de l’ambassade de France en Russie, mais cette année aussi en partenariat avec le Centre culturel français, le festival a eu lieu dans les locaux du club Ikra.
La première soirée nous a offert la rencontre avec le maître de l’harmonica, Olivier Ker Ourio. Il s’est produit sur la scène de Ikra accompagné du quartet de Andreï Kondakov.
Olivier Ker Ourio (né en 1964), musicien français d’origine réunionnaise, est arrivé très tard dans la musique, à 22 ans. Un coup de foudre lui donne l’envie de s’y mettre, et le chromatique, instrument qui somme toute reste peu utilisé dans le jazz devient son destin.
Aujourd’hui, Olivier est bien connu sur la scène jazzistique française et il est souvent comparé à Toots Thielemans. Il a joué et tourné avec Aldo Romano, Michel Petrucciani et bien d’autres encore. Olivier a collaboré à plusieurs albums de jazz avant de sortir son premier opus au début de 98, Central Park Nord. Jusqu’à ce jour, il a déjà enregistré sous son nom cinq albums.
Sur la scène de Ikra, les musiciens ont montré une fine compréhension mutuelle et ont créé un espace unique de jazz sans bornes.
Dans un court entretien Olivier Ker Ourio a dit :
– Je viens en Russie depuis treize ans déjà et j’ai joué dans beaucoup de villes en Russie. J’adore me produire en Russie. J’aime beaucoup parce qu’il y a un public très chaleureux qui n’hésite pas à manifester son enthousiasme quand il en a envie. Et puis c’est encore une occasion de revoir mes amis, parce que les musiciens avec qui j’ai joué ce soir, Andreï Kondakov par exemple, ça fait treize ans qu’on se connaît, qu’on joue ensemble. C’est intéressant de rencontrer les gens, de se retrouver dans des contextes. On prend, bien sûr, aussi des risques quand on joue avec des gens qu’on ne connaît pas très bien. Avec Andreï c’est différent parce que lui je le connais vraiment bien. Mais ses autres musiciens je les connais moins bien et c’était intéressant de me mettre au danger. Comme résultat, je me suis régalé, je suis très content, c’était super. C’est toujours agréable de jouer pour une salle qui est pleine.
Puis on s’est régalé nous-mêmes de la présence sur la scène de Laurent De Wild.
Laurent De Wilde est né aux États-Unis de parents français, il vit en France depuis l’âge de 4 ans. Étudiant brillant, il suit des cours de philosophie à l’Ecole Normale supérieure, puis retourne sur sa terre natale. C’est à New York que sa carrière de pianiste – autodidacte – débute. Entre 1987 et 1997, les six albums qu’il enregistre sous son nom sont souvent des succès critiques.
De Wilde dans sa carrière a fait un passage du jazz dit traditionnel acoustique au jazz électronique sans pour autant délaisser le son classique ce qu’il a montré pendant « Le Jazz ».
La deuxième journée, on attendait avec impatience l’apparition de Bojan Z qui a déjà participé à « Le Jazz » l’année dernière quand il est venu avec le groupe de Julien Lourau.
– Vous êtes venu à ce festival pour la deuxième fois déjà pour représenter le jazz français au public russe. Quelle est selon vous la spécifique du jazz français ?
– Je le présente parce que je vis en France, mon producteur est français, etc. Les musiciens, par contre, qu’ils soient américains, bulgares ou français en tout cas ils sont majoritairement européens. Je peux pas dire qu’il y a des traits clairement du jazz français parce que j’aime pas ça personnellement. Je suis Yougoslave et je suis Français aussi. Mais je peux dire qu’il y a une sensibilité qui est différente de la manière générale américaine. Je peux pas la définir, mais je peux la présenter parce que je me sens pleinement européen.
Le Romane Trio avec Patrick Leguidcoq en tête continue la tradition d’une personnalité vraiment légendaire de Django Reinhardt qui a créé une manière de jazz dite « manouche ». La guitare de Patrick Leguidcoq sonne mélodiquement, il utilise la manière ancienne pour jouer de la musique actuelle. Entendre sa guitare c’est sentir la quintessence du jazz acoustique.
« Le Jazz » ne s’est pas borné à Moscou : le 1er avril Saint-Pétersbourg a accueilli Bojan Z et Romane Trio et le 2 avril Irkoutsk s’est réjoui au concert de Laurent De Wilde.
Ce qui est le plus précieux dans « Le Jazz » c’est de percevoir la variété du jazz français moderne, de se plonger dans une atmosphère de fête. On remercie tous les organisateurs du festival et ses partenaires et on lui souhaite une bonne continuation !