Je vous salue, ma France
Île-de-France
Paris ne doit pas faire oublier que la région dont cette ville est le cœur, l’Île-de-France, est elle-même à la fois une palette de territoires. L’Île-de-France si nommée parce qu’elle est bordée, presque encerclée, par la Marne, l’Oise et la Seine – est riche d’un patrimoine peu constitué au fil des siècles : depuis les Romains jusqu’à l’époque médiévale qui a vu, ici, l’invention du gothique ; depuis le triomphe du classicisme des XVIIe et XVIIIe siècles jusqu’à la révolution artistique instituée, au XIXe siècle, par les impressionnistes – que ce soit Cézanne ou Pissarro à Pontoise, Renoir, Monet ou Degas à Louveciennes et à Argenteuil, ou Van Gogh à Auvers-sur-Oise, tous venus ici apprécier la couleur de ciels moutonneux et changeants.
Du roman au gothique
Paris et l’Île-de-France possèdent un grand nombre d’édifices romans. Mais la région détruisit beaucoup de ces bâtiments lorsque naquit, ici même, l’art gothique. Déjà présente dans le chœur de Saint-Nicolas-des-Champs et dans celui de Saint-Pierre-de-Montmartre, la croisée d’ogives essaima très vite. Notre-Dame de Paris fut consacrée en 1163 ; elle servit ensuite, avec la basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), de modèle aux églises de la région.
« Toutes les rues sont des affluents quand on aime ce fleuve où coule le sang de Paris... »
Philippe SOUPAULT, La Rose des vents
Les maisons de la Brie
Les maisons traditionnelles de la Brie (Seine-et-Marne) sont de plusieurs sortes.
Les fermes à cour carrée centrale correspondaient aux plus grosses exploitations ; la porte principale était souvent surmontée d’un colombier. Les petites maisons des campagnes, nommées bricoles, faites en gypse ou en briques, étaient rectangulaires et possédaient plusieurs travées. Leur apparence était proche de celle des maisons situées dans les bourgs. La région de la Brie était par ailleurs agrémentée de nombreux moulins à vent. Il en reste fort peu.
Les palais des seigneurs et des rois
La Renaissance bâtit dans la région de nombreuses demeures comme, par exemple Écouen, Fontainebleau ou Saint-Germain-en-Laye. Parmi les constructions des XVIIe et XVIIIe siècles figure au premier plan l’édifice qui sera copié dans toute la France et dans toute l’Europe : le château de Versailles (Yvelines), voulu par le Roi-Soleil, Louis XIV.
« ... Ô Versailles, Cité des Eaux, Jardins des Rois ! »
Henri de RÉGNIER, La Cité des Eaux
Ce palais immense et son parc ne doivent pas faire oublier les autres demeures élevées au temps du classicisme comme, par exemple, les châteaux de Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne), qui lui tint lieu d’esquisse, ou ceux de Maisons-Laffitte (Yvelines), de Chamarande (Essonne) ou de Rambouillet (Yvelines).
Le carnaval de Marcoussis
Le Carnaval de Marcoussis, dans l’Essonne, se déroule un dimanche, à l’époque du Mardi gras. Le héros du jour est un mannequin vêtu d’une redingote et d’un pantalon noir, et dont la poitrine est ceinte d’une écharpe tricolore. Ce pantin, appelé Bineau, doit sans doute son nom à un ministre des Finances du XIXe siècle. Malmené, il accompagne les jeunes gens grimés qui vont et viennent dans les rues, boivent et s’amusent. Pour finir, il est brûlé au milieu d’un tas de paille.
La fête des Loges
L’origine de la fête des Loges, qui se déroule dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), remonte au XVIIe siècle. C’est un pèlerinage en l’honneur de saint Fiacre, patron des jardiniers, qui entraîna la mise en place de cette fête populaire à laquelle se pressent, depuis, les Parisiens.
Le pardon des bateliers, à Conflans
Un pardon des Bateliers est organisé à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) depuis environ quarante ans. Chaque année, en juin, la cérémonie commence à l’arc de triomphe de Paris, où est honorée la mémoire des bateliers morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Un flambeau est alors allumé qui, ensuite, gagne Conflans sur une péniche, escortée d’autres bateaux fleuris et décorés. Enfin, les mariniers reçoivent une bénédiction, suivie d’une messe. En parallèle, une compétition de course à la godille et divers ateliers consacrés aux activités traditionnelles de la batellerie sont organisés.
La foire aux Oignons de Mantes
En décembre, la ville de Mantes-la-Jolie (Yvelines) organise une foire aux Oignons. La trace de cette manifestation est avérée dès le XVe siècle.
Elle est aujourd’hui complétée par une braderie et des attractions foraines. Mais elle donne surtout l’occasion de déguster des oignons, que ce soit sous forme de soupe gratinée, de tarte ou de bonbon.
La foire Saint-Martin
La foire Saint-Martin, qui se tient, à la mi-novembre, près de la ville de Pontoise (Val-d’Oise), est l’une des plus anciennes de France. Autrefois dévolue à la vente des bestiaux, elle accueille aujourd’hui toutes sortes d’attractions ; il est d’usage d’y boire un petit vin local, nommé ginglet, accompagné de hareng.
Les foires de Provins
Différentes fêtes perpétuent le souvenir des anciennes foires qui se tenaient à Provins (Seine-et-Marne), du temps où la cité était la troisième de France et où elle attirait des marchands et des chalands venus de toute l’Europe.
C’est sans doute en Île-de-France que la gastronomie française a été portée à son plus haut degré. C’est, en effet, là que se trouvait la table des rois et des puissants. Du reste, nombre de ces grands personnages ont donné leur nom ou celui de leur palais à des spécialités. On peut ainsi citer, par exemple, le potage saint-germain, qui doit son nom à celui d’un ministre du XVIIIe siècle ; ou la bouchée à la reine, créée pour l’épouse de Louis XV, la reine Marie Leszczynska.
Les mets régionaux
L’Île-de-France a mis au point plusieurs recettes : la brème à la ravigote, préparée sur les bords du Loing ou du Morin ; le pâté d’alouette d’Étampes ; le pâté de canard d’Orsay, le pâté d’anguille de Melun ; sans oublier les fritures des bords de Marne. Suresnes continue à récolter le vin de ses vignobles, Groslay cultive ses poires comme autrefois, et l’Essonne du cresson. Meaux fabrique de la moutarde à l’ancienne.
Les fromages
Le plus fameux fromage de l’Île-de-France est le brie, déjà apprécié par l’empereur Charlemagne. On distingue le brie de Meaux, le plus réputé, et le brie de Melun, qui est peut-être l’ancêtre de tous les autres. D’autres cités de la Seine-et-Marne fabriquent du brie : Montereau, Nangis et Provins.
Fontainebleau, la cité des rois, a donné son nom à un fromage crémeux, de même que la localité de Coulommiers.
Les desserts
La région parisienne a à son actif l’invention de la brioche et de la pâte à choux, du paris-brest et de l’opéra, du saint-honoré et du croissant. La vieille cité de Provins perpétue la tradition d’une très ancienne et très délicate douceur : la confiture de pétales de rosés. Moret-sur-Loing, également en Seine-et-Marne, est connu pour ses sucres d’orge, dont la recette a été élaborée par des religieuses et qui se présentent sous la forme de berlingots ou de bâtonnets.