Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №12/2007

Arts et culture

Joséphine Baker : la magie noire de la « plus belle panthère »

(Suite. Voir début N° 6, 9/2007)

Lorsqu’elle quitta Vienne pour poursuivre sa tournée en Hongrie, en Yougoslavie, au Danemark, en Roumanie, en Tchécoslovaquie et en Allemagne, Joséphine continua de susciter la controverse. À Budapest, elle dut exécuter devant le ministre de l’Intérieur et un comité de censeur pour qu’on lui accorde officiellement le droit de se produire. À Prague, elle dut se réfugier sur le toit de sa voiture. En 1929, à Munich, la police interdit son spectacle sous prétexte qu’elle pouvait provoquer des désordres et corrompre les mœurs. En Argentine, on la considérait également comme une âme perdue, un objet de scandale, un démon d’immoralité. Ainsi, durant ses voyages animés, Joséphine parlait beaucoup de la haine et de l’amour au niveau international. De là vint l’idée à Pepito d’écrire avec Félix de la Camara le roman Mon sang dans tes veines. Pendant deux ans, Joséphine et Pepito ne rentrèrent à Paris que pour de brefs séjours. Ils allèrent en Autriche, en Hongrie, en Roumanie, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Hollande, en Argentine, au Chili, en Uruguay et au Brésil. Si tout le monde ne vit pas Joséphine en chair et en os, tout le monde ou presque vit ses affiches. Les journaux parlaient d’elle et publiaient sa photographie. Ses enregistrements se diffusaient dans toute l’Europe et ses Mémoires furent traduites en allemand, en espagnol, en italien.

La nouvelle vedette du Casino de Paris

Dans les années trente, le Casino de Paris était le music-hall le plus respectable de Paris. L’accent y était mis sur le chant et la danse plus que sur l’exhibition de la chair. Henri Varna, directeur de la salle, engagea Joséphine pour mener la revue de la saison 1930-1931 et lui acheta un léopard. La vedette et son animal nommé Chiquita devinrent inséparables. Chiquita constituait un accessoire vivant soulignant l’élégance sauvage de Joséphine.

La revue était intitulée « Paris qui remue ». L’illustrateur Zig réalisa les affiches et les couvertures de programme. L’image qu’offre Baker – où le léopard, assis, lui tend un bouquet enrubanné – est représentative de sa complète transformation de nouveauté noire en vedette parisienne de music-hall.

Dans ce spectacle, la première chanson de Joséphine est La Petite Tonkinoise qui parle de l’amour que porte une Vietnamienne au colon français dont elle est la maîtresse. Scotto écrivit spécialement pour Joséphine une chanson destinée à « Paris qui remue », et celle-ci devint sa chanson par excellence : J’ai deux amours. Joséphine rappelait au public à la fois son statut exotique d’étrangère et son attachement à sa ville adoptive. Elle prenait le risque de chanter et tout le monde adora. La revue du Casino de Paris fut appréciée par la critique autant que par les spectateurs, que Joséphine attira en plus grand nombre que Mistinguett.

Joséphine Baker et l’opérette

À l’automne 1934, Joséphine connut un brillant succès dans le rôle vedette de La Créole d’Offenbach. Il s’agissait pour elle d’un nouveau défi. Elle n’avait jamais jusqu’ici joué dans un théâtre parisien autre qu’un music-hall, et jamais elle n’avait chanté d’opérette. Son rôle était celui d’une Jamaïquaine, fille d’un Anglais et d’une indigène, qui, séduite et abandonnée par un marin français, suit celui-ci en France. La plupart des critiques convinrent que l’opérette était ratée et ne valait d’être vue que pour Joséphine. Mais cette dernière était si bonne que, des mois durant, le Théâtre de Marigny, près des Champs-Élysées, ne désemplit pas.

Joséphine actrice

Avant d’entamer une carrière cinématographique, Joséphine avait été filmée plusieurs fois, notamment pour les Actualités Gaumont suite au succès de la Revue Nègre, puis lors de ses spectacles de 1926 et 1927 aux Folies Bergère.

Mais c’est Maurice Dekobra qui lui met le pied à l’étrier en l’engageant pour son film La Sirène des Tropiques. Le film, muet, fut tourné au cours de l’été 1927 dans la forêt de Fontainebleau, l’essentiel de l’action étant sensée se passer aux Antilles... Le fil conducteur de cette fiction était assez badine : une innocente jeune fille des tropiques aboutit à Paris, où elle danse et se transforme en femme élégante grâce aux vêtements qu’elle porte. Le film ne fut jamais un chef d’œuvre. Pour Joséphine, ce fut une humiliation.

Les deux principaux films que tourna Joséphine dans les années trente, Zouzou en 1934 et Princesse Tam-Tam en 1935, furent créés comme des moyens de propagande à son profit.

Le fiasco des Ziegfeld Follies

Après avoir passé dix ans en France, conquis et reconquis Paris, fait ses preuves sur l’écran aussi bien que sur scène, Joséphine avait envie de retourner sans son pays et de briller à Broadway comme aux Champs-Élysées. Ainsi, elle participerait aux Ziegfeld Follies de 1936. Les Ziegfeld Follies étaient, aux États-Unis, ce qui se rapprochait le plus des revues parisiennes. Des répétitions intensives avaient été prévues pour ce très somptueux spectacle. Lorsque le metteur en scène, John Murray Anderson, vit Joséphine en répétition, il changea d’idée, mesurant à quel point elle avait changé depuis son départ. Son premier numéro était une danse endiablée du style conga qui descendait en ligne droite de ce qu’elle avait fait à Paris..

Les critiques furent accablantes...

C’était comme artiste, non comme artiste noire, que Baker voulait s’imposer aux États-Unis. Mais la chose n’était pas possible. On la priait d’utiliser l’entrée de service de son hôtel ; on lui refusa même l’entrée d’un cabaret. Ces rebuffades lui étaient très pénibles. Quoi qu’il en soit, elle tenait Pepito responsable du fiasco des Follies. Pepito la laissa à New York et rentra seul à Paris. Joséphine ouvrit un cabaret où elle se produisait après son travail aux Follies. L’endroit était en fait un restaurant chic, le Mirage, qui fonctionnait comme tel la première partie de la soirée avant de devenir Chez Joséphine Baker. Le club fut un succès. Seulement, Joséphine apprit peu de temps après la mort de Pepito, foudroyé par un cancer au printemps 1936. Ayant compris qu’elle n’avait pas sa place aux États-Unis, elle préféra revenir se réfugier à Paris.

Joséphine se maria avec Jean Lion, courtier en sucre, riche et mondain, en novembre 1937. En se mariant, elle obtenait la nationalité française. Autrement, sa vie ne changea guère. Quatorze mois après le mariage, elle déposait une demande de divorce. Le juge qui, en 1942, finit par l’accorder, déclara qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion d’apprendre à se connaître.

1939-1945 : Un engagement volontaire dans la Résistance

En septembre 1939, quand la France déclara la guerre à l’Allemagne en réponse à l’invasion de la Pologne, Joséphine fut recrutée par le Deuxième Bureau. On y cherchait en effet des gens dont leur profession permettait de se déplacer librement et de recueillir des informations. Dans les faits, ce fut Daniel Marouani, frère aîné de l’agent de Joséphine, qui suggéra à Jacques Abtey, chef du contre-espionnage militaire à Paris, de l’engager. Ainsi, durant la drôle de guerre, entre septembre 1939 et mai 1940, Joséphine glana toutes les informations qu’elle put sur l’emplacement des troupes allemandes auprès des officiels qu’elle rencontrait dans des soirées. Elle reprenait le soir sa place au Casino de Paris. Enfin, elle soutint le moral des troupes en se produisant avec Maurice Chevalier sur la ligne Maginot.

Lorsque les Allemands eurent franchis la ligne Maginot, Joséphine gagna en voiture le château des Milandes, en Dordogne, où elle vivait depuis 1936. Vers 1940, là, abritaient également un officier de marine français né au Mexique, un aviateur breton et un couple de réfugiés belges. Pour mieux s’organiser, Joséphine se dota de moyens sophistiqués en faisant installer un puissant récepteur radio dans la grosse tour du château.

Joséphine continuait sa mission de résistance jusqu’au Maroc. Elle tomba malade en juin 1941. Elle entra à cette date à la clinique Mers Sultan à Casablanca et n’en ressortit qu’en 1942. Non seulement sa carrière d’agent de renseignements militaire était terminée, mais sa vie même faillit prendre fin par trois fois. Dès qu’elle se sentit mieux, Sidney William, directeur des activités de la Croix Rouge au profit des soldats noirs américains d’Angleterre et d’Afrique du Nord, vint la chercher : il lui demanda de chanter pour l’ouverture du club de la Croix Rouge destiné aux soldats américains noirs de Casablanca. Elle accepta, et, en mars 1943, elle se retrouva à chanter en public pour la première fois depuis deux ans. Joséphine se mit à chanter régulièrement pour les soldats français, britanniques et américains d’Afrique du Nord. Elle devint à cette époque une vraie gaulliste. Ainsi, au printemps 1943, de Gaulle installant à Alger son quartier général, il lui offrit une petite croix de Lorraine en or pour la remercier de ses services. Elle était son ambassadeur, son instrument de propagande en Afrique du Nord. Essentiellement en reconnaissance des services de propagande qu’elle avait rendus au cours de cette impressionnante tournée, on la fit sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l’armée de l’air française.

Le retour en France

Après la libération de Paris, en août 1944, Joséphine rentra en France avec les autres femmes de l’armée de l’air. Désormais, elle donnait des spectacles dans toute la France pour l’armée et les hôpitaux. Après le sud puis l’est de la France, vint l’entrée en Allemagne. Buchenwald la surprit dans toute son horreur ; elle chanta pour les survivants. Puis, ce fut une tournée qui emmena Joséphine en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Norvège, en Finlande, au Danemark et en Suède. Durant l’année 1946, elle continua d’avoir des ennuis de santé, et, en octobre 1946, elle était dans une clinique de Neuilly pour une nouvelle opération au ventre lorsqu’elle fut décorée de la médaille de la Résistance.

L’activité de résistante de Joséphine fut rendue publique en 1949 à travers un ouvrage de son co-équipier, Jacques Abtey, La Guerre secrète de Joséphine Baker, accompagné d’une lettre liminaire de de Gaulle.

La véritable récompense de ces années de guerre eut lieu le 18 août 1961 aux Milandes. Ce jour là, le Général Valin remit à Joséphine les insignes de la Légion d’honneur, ainsi que la Croix de Guerre avec palme.

(à suivre)

(Collecté et adapté d’après les sites Internet)

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