Je vous salue, ma France
Jeanna AROUTIOUNOVA
Les Français et la nourriture
Les Français prennent de plus en plus l’habitude de manger n’importe où : lieu de travail, rue, voiture, transports en commun, espaces publics...
· 32 % prennent leur repas de midi sans se mettre à table.
· 37 % mangent ou boivent dans la rue au moins une fois par mois.
· 32 % consomment parfois des produits amenés sur leur lieu de travail, contre 26 % en 1992.
· Un peu plus d’un sur quatre mange au moins une fois dans les transports en commun au cours d’une semaine.
La part des repas pris hors du foyer s’est accrue ; 70 % des Français ont mangé au moins une fois hors de leur domicile en semaine 2001, contre 59 % en 1996. Un tiers des actifs rentrent chez eux pour déjeuner (surtout des habitants de petites villes, commerçants, artisans, petis patrons), mais 28 % fréquentent les restaurants d’entreprise et 35 % déjeunent sur leur lieu de travail. Au total, trois repas par semaine sont pris à l’extérieur contre deux en 1970. La dépense moyenne des ménages pour les repas pris à l’extérieur était d’environ 1 000 euros en 2001, sur un budget alimentaire total de 5 400 euros, soit 18 %. La restauration collective (entreprises, écoles, hôpitaux...) représente plus de la moitié des repas pris hors du foyer : 3,2 milliards de repas en 2000 contre 3,4 milliards pour la restauration collective. Les restaurants d’entreprise sont de plus en plus concurrencés par les restaurants commerciaux. Sur les 6,5 milliards de déjeuners pris hors domicile en 2000, 1,7 milliard seulement l’ont été sur le lieu de travail.
En 1999, les Français ont consacré en moyenne 2 h 14 min aux repas, contre 2 h 02 min en 1986. Cet accroissement concerne pour l’essentiel (12 min) les repas pris avec des amis, parents, etc. Les hommes restent 6 min de plus à table que les femmes. Le temps varie peu entre les actifs et les inactifs, mais les hommes retraités prennent 12 min de plus que les femmes. Les lycéens et les étudiants sont ceux qui passent le moins de temps à table : 2 h 03 min.
Le temps consacré au petit déjeuner (« petit déj ») est celui qui augmente le plus ; il est aujourd’hui de 18 min par semaine contre 10 min en 1980 et 5 min en 1965 ; sa durée atteint 34 min le week-end, contre 21 en 1998. Celle du dîner est de 33 min en semaine et de 45 min le week-end.
Conscients de son importance nutritionnelle, les Français sont de plus en plus attachés au petit déjeuner ; seuls 10 % n’en prennent pas. Parmi les autres, la grande majorité (70 %) choisit la version « continentale » : pain, croissants, biscottes ou des tartines avec du beurre et de la confiture, boisson chaude (café, café au lait et, plus rarement, chocolat chaud ou thé). À côté des ces ingrédients traditionnels, quelques nouveautés au petit déjeuner : les yaourts, les flocons de céréales, les fruits ou les jus de fruits. On compte 13 % d’adeptes de la formule anglo-saxonne (thé, céréales, œufs, bacon, jus de fruits), 15 % de personnes pressées prenant simplement une boisson. Pour elles, le grignotage en cours de matinée (barres de céréales et autres en-cas) est un moyen de combler le déficit initial. 2 % des Français prennent leur petit déjeuner sur leur lieu de travail, 3 % au café ou chez des amis. Le week-end, 17 % des Français mangent des viennoiseries.
Les repas se déroulent de moins en moins à heure fixe, afin de prendre en compte les contraintes des différents membres du foyer, leurs activités et leurs souhaits. Cette flexibilité croissante explique que parents et enfants ne mangent pas toujours ensemble. Le grignotage en dehors des repas se généralise : 30 % des enfants prennent des en-cas à l’école et 57 % à la maison ; 12 % des adultes font de même sur leur lieu de travail, 44 % à la maison.
La composition des menus tend aussi à devenir plus flexible ; au cours des repas principaux, huit personnes sur dix ne prennent pas d’entrée (salade, charcuterie, saumon fumé...), contre 64 % en 1978. Les entrées traditionnelles deviennent d’ailleurs souvent des plats principaux (viande ou poisson accompagné de légumes) et les plats froids (crudités) sont plus fréquents. 40 % des repas pris à domicile sont des repas principaux élaborés, 23 % des repas simples, 16 % des repas rapides. Cependant, pour plus de 80 % des Français, les repas de midi et du soir comprennent au moins deux plats. 3 Français sur 4 accompagnent ces repas de pain.
Les dernières années, la consommation de pain a subi une baisse régulière ; 165 g par jour et par personne en 2001, contre 200 g en 1980, 500 g en 1945. Elle se maintient aujourd’hui grâce à la croissance des spécialités (pain complet, pain polonais, pain aux raisins, aux noix...) Les hommes consomment deux fois plus de pain que les femmes, les cadres supérieurs deux fois moins que les agriculteurs. La baguette représente encore 80 % des achats.
De plus en plus, les goûters d’anniversaire se développent. Dans les classes moyennes, dès l’âge de la maternelle, les enfants invitent chez eux leurs amis ; comme les adultes, par téléphone ou par invitation écrite. Des jeux, parfois un spectacle, accompagnent ce goûter exceptionnel. Les invités apportent un petit cadeau (et parfois en reçoivent aussi). Fait nouveau, en ville, le goûter d’anniversaire a parfois lieu dans des restaurants de restauration rapide qui attirent leur jeune clientèle, en leur donnant de petits jouets colorés.
Les repas quotidiens prennent de moins en moins de temps et sont adaptés aux envies des uns et des autres. Ils sont de plus en plus différenciés des repas de fête. Les repas de fête restent un moment où l’on célèbre le plaisir d’être ensemble et où l’on prend son temps. Ce sont aussi des moments gastronomiques où s’illustre le savoir-faire culinaire de chacun. Les produits utilisés sont généralement de meilleure qualité, plus traditionnels ou parfois plus exotiques. Un repas de fête se compose de cinq plats : une entrée ou hors-d’œuvre, un plat principal (viande, volaille, poisson) accompagné de légumes, une salade, du fromage et un dessert.
Si les repas familiaux conservent la tradition, les repas entre amis peuvent être thématiques : c’est la convivialité autour d’un plat unique (fondue, raclette, cassoulet, choucroute, paella, couscous...)