Univers du français
Gréta TCHESNOVITSKAYA
Armelle Groppo : « Je trouve le bonheur dans la satisfaction d’avoir bien fait mon travail »
À la demande de nos lecteurs, Armelle Groppo, conseiller adjoint de l’ambassade de France, nous parle de la coopération universitaire franco-russe.
– Un certain nombre de nouveaux projets de coopération entre les universités russes et françaises se sont mis en place et permettent aux étudiants de recevoir en même temps un diplôme russe et un diplôme français.
J’en suis très contente, mais j’aimerais que les institutions russes soient plus actives et le nombre des universités concernées soit plus grand.
Pour le moment, ce sont principalement des universités de la Sibérie. On a fait un très bon travail ensemble. Je trouve les étudiants des universités régionales agréables, bien formés et très motivés pour venir en France. Ils se donnent à fond à leurs études, et font l’effort d’apprendre le français, venir étudier dans les écoles et universités françaises et y recevoir un diplôme.
La coopération avec les établissements étrangers est pour eux un moyen de s’imposer face aux universités de Moscou qui, historiquement, sont considérées comme les meilleures. Ces partenariats et les deux diplômes qu’ils obtiennent sont la preuve que leur niveau est bon et confère à leur établissement une reconnaissance internationale, aujourd’hui si indispensable.
Dans les universités régionales, il y a une très réelle volonté de coopérer, mais un manque de savoir-faire tout aussi réel : le poids du passé est encore sensible, c’est normal.
Beaucoup d’établissements, y compris à Moscou, ne savent pas comment monter un projet. C’est un travail qu’on fait alors ensemble. D’ailleurs, les deux journées consacrées à la coopération universitaire pendant la réunion annuelle du « réseau des universités » porteront en grande partie sur ces questions : comment fonctionne un service de relations internationales dans un établissement français, comment monte-t-on un projet ?
– Peut-on dire que la Russie est déjà entrée dans l’espace éducatif européen ?
– Par certains côtés, oui. Le fait qu’un étudiant russe puisse, en ayant suivi un seul programme d’enseignement, recevoir deux diplômes, c’est la fonction principale de l’espace européen d’enseignement. De ce côté-là, la Russie en fait déjà partie. Malheureusement, cette possibilité est loin d’être proposée à tous les étudiants : les accords bilatéraux se développent très rapidement, mais ne concernent encore qu’un nombre limité d’établissements russes ; il n’y a pas assez de bourses d’études pour aider les étudiants à financer leur séjour en France. Souvent, lorsqu’ils reviennent d’un séjour d’études à l’étranger où ils ont passé des examens et ont obtenu des notes, ils sont obligés de repasser les examens en Russie. Ça, c’est le contraire des règles au sein de l’espace européen. La reconnaissance des résultats obtenus à l’étranger, c’est une question de confiance entre communautés universitaires. Il y a encore à travailler dans ce domaine.
– Comment voyez-vous l’avenir du français en Russie ?
- Parfois je suis pessimiste, parce que mes interlocuteurs me disent que la diminution du nombre de jeunes Russes parlant français devient un obstacle à la coopération. Parfois je suis optimiste parce qu’en Russie il y a un ensemble de professeurs de français qui font preuve d’un enthousiasme et d’un dynamisme exceptionnels. Alors, je crois en avenir, grâce à notre travail en commun.
– Comment considérez-vous notre EGE ?
– Je crois que le principal reproche qui est adressé à EGE, c’est de se passer sous forme du test. Je pense que ce système ne vérifie d’aucune façon la capacité d’un élève à raisonner, à enchaîner ses idées et à s’exprimer. En même temps, la grande qualité de cet examen, c’est qu’il est le même pour tout le monde et donne les chances égales à tous dans cet immense pays qu’est la Russie.
– Quels sont vos projets pour cette année scolaire ?
– On prévoit de réorganiser le Salon étudiants russe francophones/entreprises françaises en Russie. C’est une manifestation qui a eu énormement de succès. On en organisera une à Moscou et peut-être une autre à Nijni. On continuera de favoriser l’ouverture de masters en double diplômation. Et surtout, j’espère qu’au cours de ma dernière année en Russie, on réussira à créer la chaîne : français à l’école - études supérieures franco-russes – double diplôme qui ouvrira aux jeunes Russes la porte des grandes entreprises internationales.