L’arc-en-ciel
Galina RAZOUMIKHINA
Lisons en français !
Pascal Garnier
Cochonou
Tout le monde se moque de lui. C’est vrai qu’il est gros et rose comme un petit cochon. Mais personne ne se moque des petits cochons : au contraire, on les trouve très mignons. Lui, non, parce, que c’est un garçon et qu’en plus il porte des lunettes épaisses comme des hublots. Il me fait de la peine et pourtant, comme les autres, je me fiche de lui et je rigole quand on l’embête. Le soir, quand je suis tout seul, j’ai un peu honte, mais je n’en parle à personne, parce que moi, je suis comme tout le monde.
Le pire, c’est à la gym. Le prof l’oblige à grimper à la corde. Cochonou – enfin, Antoine Pommier (mais on l’appelle Cochonou) – s’agrippe à la corde et reste accroché sans pouvoir grimper d’un centimètre. Il devient tout rouge, prêt à éclater. Le prof compte : « 1, 2, 3... », et Cochonou tombe comme un fruit trop mûr. Là, on éclate tous de rire, le prof plus fort que les élèves. Moi aussi, je ris, mais j’ai comme une grosse boule dans la gorge. Cochonou, lui, ne dit rien. Il ramasse ses lunettes et va s’asseoir dans un coin. Je lui en veux de ne rien dire, de ne pas crier, de ne pas se battre. Je le ferais bien à sa place... mais je n’ose pas.
Si encore Cochonou, je veux dire Antoine Pommier, était bon élève, mais même pas, il est moyen, archi moyen ! Il est juste gentil. Il est comme ça Antoine Pommier et ça m’énerve terriblement.
Hier, Xavier lui a pris son cartable et l’a jeté par-dessus le mur d’un jardin. Ça m’a mis hors de moi, mais comme Xavier est le plus grand et le plus costaud de la classe, je n’ai rien dit.
Cochonou restait là, sur le trottoir, regardant les autres s’enfuir en riant. Je me sentais mal pour Cochonou, mal au creux du ventre :
– Pourquoi tu te laisses faire tout le temps ? Pourquoi tu...
Cochonou a mis un doigt devant sa bouche. Il souriait, ses lunettes reflétaient tout l’or du soleil et ça m’obligeait à fermer les yeux.
– C’est pas grave, je vais te dire, je ne suis pas d’ici.
– T’es d’où alors ?
– De là-haut.
– Là-haut où ?
– Ben là-haut, là où il n’y a plus de cartable, plus de prof de gym, plus de Xavier. Tu veux faire un tour ?
Il a ouvert son manteau. Dans son dos, il avait des ailes un peu froissées : à cause du manteau, mais des ailes quand même. Il m’a pris la main et hop en deux ou trois battements, on s’est retrouvé au-dessus des toits, des antennes de télé et même plus haut que les avions.
– Ça t’épate, non ?
– Heu... oui.
– J’ai quatre mille ans, je suis un ange. Tu as vu les anges dans les églises, eh bien, moi aussi, je suis un ange. On m’a envoyé pour voir comment ça se passe en bas. J’ai vu. Maintenant, on va regarder ce qu’on peut faire pour changer tout ça, parce que c’est en mauvais état. Bon, je te dépose chez toi ?
Il n’avait plus rien à voir avec le petit gros maladroit suspendu à sa corde. Il bondissait de nuage en nuage, aussi léger qu’une bulle. Moi, j’avais un peu le vertige. Il m’a déposé dans le jardin, m’a serré la main.
– Eh bien, adieu ! Ça m’a fait plaisir de te connaître.
Au moment où il allait s’envoler, je l’ai rattrapé par une aile et une plume m’est restée dans la main.
– Pourquoi t’as rien dit aux autres ?
– Ils ne m’auraient pas cru et puis, j’étais déjà bien assez différent comme ça, non ? C’est qu’ils n’aiment pas ça, la différence ! Ça les dérange. C’est pourtant beau, la différence, ça devrait se porter comme un bijou de famille... Allez, bonne chance !
Il est parti dans le ciel, comme un ballon... léger... léger....
Le lendemain, à l’école, le prof de gym nous a appris qu’Antoine ne reviendrait plus. Il n’a pas expliqué pourquoi. Tout le monde se sentait mal à l’aise, honteux, sauf moi qui me chatouillais le nez avec une belle plume blanche.
Vocabulaire
cochonou – « cochon »+ou (diminutif) = un petit cochon.
un hublot – иллюминатор
faire de la peine – доставлять страдание кому-либо
je me fiche de lui – мне наплевать на него
rigoler – насмехаться
embêter qn. – досаждать, злить
s’agripper à – кaрабкаться на что-либо
éclater de rire – хохотать
je lui en veux de – я злюсь на него (упрекаю его)
hors de moi (soi) – внe себя от...
costaud – сильный, крепкий
se sentir mal pour – чувствовать боль (сострадание) за кого-либо
se laisser faire – позволять себе обижать
froissé – помятый
épater – сильно удивлять (эпатировать)
le maladroit – нeлoвкий, нeyклюжий
le vertige – головокружение
la différence – oтличиe, разница
un bijou – драгоценность
chatouiller – щекотать
se sentir mal à l’aise – чувствовать неловкость
Exercices
I. Répondez aux questions :
1. .Pourquoi les enfants appellent Antoine Pommier Cochonou ?
2. Comment est -il ? Trouve sa description dans le texte.
3. Pourquoi tout le monde se moque de lui ?
4. La gym, c’est le pire pour Cochonou. Pourquoi ?
5. Qu’est-ce qui est affreux dans « la scène de la corde » ?
6. Est-ce que « Cochonou » est un bon élève ?
6. Comment les garçons embêtent-ils « Cochonou » ?
7. Et lui, est-ce qu ‘il répond aux moqueries des élèves et du prof de gym ?
8. Est-ce que le narrateur a de la peine pour Cochonou ?
9. Comment se sent-il vis-à-vis de Cochonou ?
10. Comment apprend-il que Cochonou est un ange ?
11. Pourquoi, selon toi, Cochonou a choisi le narrateur pour son voyage dans le ciel ?
12. Quelle était la mission de l’ange Cochonou sur la terre ?
13. Qu’est-ce qu’il a trouvé ?
14. Partages-tu l’opinion de Cochonou que « c’est en mauvais état » ?
15. Pourquoi l’ange n’a pas dit aux gens qu’il était un ange ?
16. D’habitude les gens se représentent les anges différemment. Comment ?
17. Pourquoi Cochonou ne ressemble pas du tout à l’image traditionnelle de l’ange ?
18. As-tu déjà rencontré dans d’autres œuvres littéraires ce même procédé : une belle âme enfermée dans un corps laid ? Dans quel but emploie-t-on ce procédé ?
19. Quel est dans ce cas le message de l’auteur ?
20. Cochonou affirme que les hommes n’aiment pas la différence. Comment comprends-tu cette affirmation ?
21. Selon Cochonou « C’est pourtant beau la différence, ça devrait se porter comme un bijou de famille » ? Qu’est-ce que tu en penses ?
II. Pour préparer le résumé, complète les phrases par les mots, pris dans le texte :
1. « Cochonou » est un le surnom du personnage principal de ce conte.
2. Son vrai nom est ..., mais tout le monde l’appelle Cochonou parce qu’il est ... comme un petit cochon.
3. Il porte des lunettes ... comme des ....
4. Tout le monde se ... de lui, mais il ne dit rien, ne proteste jamais.
5. Le pire se passe à la leçon de ....
6. Le maître l’oblige à ..., mais il ne peut pas ... et reste ... à la corde et puis il ... comme un fruit trop ...
7. Là tous éclate de ... le prof plus ... que les élèves.
8. Un jour Xavier a jeté le cartable de Cochonou ...
9. Le narrateur se sentait mal à l’aise, il a demandé à Cochonou pourquoi celui-ci ...
10. Cochonou a raconté qu’il était un ..., qu’il avait ... ans, il était envoyé sur terre pour voir comment ça se passait là.
11. Il a vu que c’était en ... et qu’on allait voir ce qu’on ...
12. Puis il a invité le narrateur à ...
13. Il a enlevé son manteau, derrière son dos il avait ...
14. Il ... de nuage en nuage, aussi léger qu’une ...
15. Puis il a déposé son ami dans ... ; lui a serré ... et en lui disant adieu il a ajouté que ça lui a fait ... de le connaître.
16. Il a aussi expliqué pourquoi il n’avait rien dit aux autres : ils n’auraient pas cru.
17. Selon lui les gens n’aimaient pas ...
18. Cochonou a dit que la différence c’était ... et que ça devrait se porter comme ...
19. Quand il s’envolait une plume de son aile est restée dans la main du narrateur.
20. Le lendemain le prof de gym a annoncé qu’Antoine Pommier ne ..., il n’a pas ... pourquoi.
21. En l’écoutant le narrateur se ... le bout du nez avec une belle plume blanche.
III. À partir du texte :
Partages-tu l’opinion de Cochonou que sur la terre « c’est en mauvais état » ? Enumère les problèmes qui te préoccupent le plus. Motive ton choix. Que pourrait-on faire pour améliorer l’état de chose ?
Le narrateur confie sa découverte « Cochonou est un ange ! » à son journal intime. Comment le fera-t-il ? Imagine son récit.
IV. Réfléchis sur ce que tu as lu. Formule les leçons de morale que l’auteur nous donne dans ce récit.