Arts et culture
Le mime Marceau est mort
Le mime Marcel Marceau est décédé le 22 septembre à l’âge de 84 ans. Il était devenu au fil de sa carrière l’un des artistes français les plus célèbres dans le monde. Surnommé le « Charlie Chaplin » du mime, le mime Marceau était membre de l’Académie des beaux-arts depuis 1991.
Né le 22 mars 1923 à Strasbourg, Marcel Mangel passe son enfance à Strasbourg jusqu’à l’âge de 15 ans. Il a fait ses études au lycée Fustel de Coulanges, où il était le meilleur élève en récitation. Sa famille d’origine juive polonaise est contrainte, après l’invasion allemande, de quitter son domicile pour Périgueux et il poursuit ses études au lycée de Limoges. Son père, un boucher casher, est arrêté en 1944 par la Gestapo et assassiné à Auschwitz. Marcel rejoint la Résistance en 1942 à Limoges. C’est alors qu’il prend le pseudonyme de Marceau. Il raconte l’avoir « pris dans la Résistance à cause du vers de Victor Hugo, dans Les Châtiments : “Et Joubert sur l’Adige/ Et Marceau sur le Rhin.” J’étais né dans le Bas-Rhin et je voulais bouter les Allemands hors de France ». Dans les Forces françaises libres, grâce à son excellente maîtrise de l’anglais, il devient agent de liaison avec l’armée du général Patton.
Après avoir fréquenté l’École des arts décoratifs de Limoges, qui lui laisse le goût du dessin et de la peinture qu’il pratique régulièrement, Marcel Marceau devient l’élève de Charles Dullin, de Jean-Louis Barrault et d’Étienne Decroux, qui établit la « grammaire » de l’art du mime qu’il appelait la « statuaire mobile ».
Son art du mime ou plutôt du « mimodrame » consiste à donner forme à ses pensées (tragiques) au travers des gestes. « La parole n’est pas nécessaire pour exprimer ce qu’on a sur le cœur ». Le 22 mars 1947, sort de l’ombre des coulisses un drôle de personnage, Pierrot lunaire, « hurluberlu blafard » à l’œil charbonneux et à la bouche déchirée d’un trait rouge, un drôle de haut-de-forme sur la tête, une fleur rouge tremblotante servant de panache à ce Don Quichotte dégingandé partant en croisade contre les moulins à vent de l’existence : BIP était né, aussi indissociable de Marcel Marceau que Charlot de Chaplin. Bip est un être sensible et poétique, inspiré de Deburau, de Charlie Chaplin et du personnage de Pip du roman De grandes espérances de Charles Dickens, qui lui permet d’explorer la vie et la société moderne et de mettre en lumière leur côté tragique.
En 1947, il fonde sa propre compagnie (Compagnie Marcel Marceau) et inscrit au répertoire des mimodrames et des pantomimes (Le Manteau, d’après Gogol, Le Joueur de flûte, Exercices de style, Le Matador, Le Petit cirque, Paris qui rit, Paris qui pleure).
Le mime Marceau devient au fil des années un des artistes français les plus connus dans le monde, notamment grâce à ses tournées aux États-Unis où il crée une vraie révolution théâtrale dans les années 1950, avec notamment son mouvement de la « marche contre le vent », à l’origine du moonwalk de Michael Jackson.
Il poursuit son œuvre gestuelle à travers les plus grandes scènes du monde. En 1975, il joue dans la Cour d’honneur du Palais des papes pour le Festival d’Avignon. Il crée en 1978, une école de mime à Paris, où il enseigne afin d’assurer la relève.
Avec son visage et son corps il savait rendre toutes les émotions, tous les mots, toutes les pensées. Il savait tous faire comprendre avec un petit sourire amer ou rayonnant. Un maître d’humour fin et triste, il nous a laissé tant de trésors de son génie qu’on ne l’oubliera jamais.