Arts et culture
Jean Rouaud : « Le sens est une chose particulière »
Suite du développement des relations culturelles franco-russes on a invité le célèbre écrivain français Jean Rouaud au Centre culturel français de Moscou pour partager des idées sur la création littéraire avec les amateurs de la langue française.
Ayant obtenu le Prix Goncourt après son roman Les Champs d’honneur en 1990 Jean Rouaud est devenu connu en France et dans le monde entier. La biographie de cet écrivain est un fait assez curieux : laissé tout seul a l’âge de 11 ans par la mort de son père et bientôt sa mère le petit Jean devait gagner sa vie lui-même. Il vend des journaux au kiosque de la presse française. Comme la grande envie d’écrire l’absorbait toujours, Jean Rouaud se mit à créer. Le résultat vient toute de suite : son premier roman Les Champs d’honneur lui apporte le Prix Goncourt. Encouragé par ce succès Jean Rouaud ne s’arrête pas d’écrire. Maintenant ses livres sont connus par chacun et traduits en toutes les langues.
La Langue française a eu la chance de faire la rencontre avec Jean Rouaud le soir de 19 octobre après la discussion de ses œuvres avec le public russe.
– Monsieur Rouaud, vous êtes célèbre à partir du moment de l’obtention de Prix Goncourt. Que-ce que cela signifiait pour vous ?
– Rien du tout. En général chacun peut obtenir ce prix, car il y a énormément des prix littéraires en France. Vous savez, pour moi ce n’était pas ni le grand succès ni le grand espoir pour l’avenir. Je crois très fort que il y a des livres pour le grand public (ceux qui ont obtenu le prix) et des livres pour les âmes (ceux qui n’ont pas de prix). Donc, je suis content, bien sur, d’avoir le Prix Goncourt, mais je pense que c’est pas la fin de l’écriture, c’est seulement le fait que « l’écrivain plaît au public », mais rien du profond. Il n’y a pas de prix pour la profondeur.
– Quelle est l’idée générale de Champs d’honneur ?
– L’idée est de connaître notre passé. C’est vrai que la mort de ma famille, ma tristesse, mes sentiments ont donné le début pour moi de commencer à écrire. Ce roman est autobiographique, l’héros principal représente moi après la perte de mes proches. Je voudrais que chacun se souvient toujours de ses parents, de ceux qui ont fait beaucoup pour sa vie.
– Alors, si le Prix pour vous ne signifie pas la grande chose, que-ce que c’est – d’être écrivain ?
– Pour comprendre qu’on est né pour être l’écrivain il faut écrire – c’est très simple et évident. Quand je vendais des journaux je pensais de gagner ma vie, d’avoir quelque chose à manger, mais je voulais écrire toujours. Ce qui est important pour l’écrivain c’est pas avoir des idées à exprimer, c’est d’avoir l’envie à écrire. Après le commencement de l’écriture les idées vont venir. Moi personnellement je ne crois pas au fait qu’on appelle « le manque de l’inspiration ». Si j’aime écrire, je vais toujours avoir des choses à dire. Ce ne sont pas des images qui aident à créer, c’est le désir de prendre le stylo seulement.
– Malgré l’idée que vous avez nommé – de connaître le passé, quel sens portent vos livres ?
– Vous savez, il y a une bonne phrase de quelqu’un très connu comme l’écrivain. Sa maîtresse lui a dit : « Je préfère tes lèvres à tes livres ». Cela veut dire que le sens est une chose particulière, chacun le comprends comme il le voit. La personnalité de l’écrivain est aussi très vague. Lisez ce que j’ai écrit et vous allez découvrir toutes les idées et moi comme la personne.
– Monsieur Rouaud, c’est votre premier visite en Russie ou non ? Vous aimez ce pays ?
– Non, c’est déjà le deuxième fois que je suis en Russie. Votre pays m’attire beaucoup avec ses contrastes et les gens intéressants. Il y a dix ans maintenant que j’étais en Russie pour mon premier visite, j’étais invité dans la ville de Taganrog et après – Tchekhov. J’ai visité son musée, j’ai parlé avec des écrivains russes, c’était très bien passé. Après ce voyage j’ai lu Tchekhov et je trouve que vous devez être fiers d’écrivains comme lui. Il y a encore une chose qui me fait plaisir : les gens russes sont très élevés. Ils lisent beaucoup, ils pensent sur la vie beaucoup. Aujourd’hui j’étais étonné par des questions posées à moi par le public russe ! Les gens sont au courant de la vie littéraire française, c’est un grand résultat.
– Merci beaucoup pour ces mots chaleureux, monsieur Rouaud ! C’est très agréable pour « une vraie russe » comme je suis de vous écouter ! Alors, parmi les écrivains dont les travaux vous inspirent, pourriez vous nommer les auteurs français ?
– Oui, bien sur ! J’étais élevé par la littérature française et c’est évident que le style de quelques écrivains m’a inspiré pour ma propre création. Mon premier « professeur » de la littérature était Flaubert. Maintenant je reçois des commentaires sur mes livres et les critiques disent qu’il y a la correspondance évidente avec cet écrivain. C’est vrai, j’adore Flaubert, surtout Madame Bovary ! Le style de ce roman est toujours le grand soutien pour moi : les mots toujours soignés, l’écriture lente…C’est doit être le miracle – pour un homme de décrire une femme d’une façon si détaillée ! Les œuvres de Balzac m’ont encourage, bien sur ! Stendal, Jean-Jacques Rousseau, – ils m’ont aussi beaucoup aidé. Mais comme j’ai déjà dit – c’était plutôt Flaubert dont la manière d’écrire me plaît énormément !
– Parlons de votre vie, monsieur Rouaud, que-ce que vous faites à part la création de vos romans ?
– Je fais un peu tout ce que je peux faire en travaillant avec la langue. J’écris des chansons, des pièces pour le théâtre (je rêve d’écrire un jour pour la Comédie-Française), quelques spectacles. Malheureusement, je n’aime pas le sport (Il sourit). Mais je me répète – pour être l’écrivain il faut toujours s’entraîner à écrire. Donc, si l’écrivain a plusieurs affaires à côté, c’est très mal, a mon avis.
– Monsieur Rouaud, vous habitait toujours à Paris ou non ? Je m’intéresse beaucoup à la « vie de bohème », est-elle restée en France ?
– J’étais né en province, je vivait avec ma femme aussi là-bas, mais quelques années plus tard j’ai déménagé à Paris, et je ne regrette pas. Oui, la « vie de bohème » est restée en France, mais surtout à Paris. Je sors le soir pour parler avec mes amis, pour boire du café avec les écrivains et les artistes…J’adore Paris, c’est une ville qui ne change jamais, je me sens à l’aise à Paris.
Je remercie monsieur Jean Rouaud pour cette conversation, il doit signer ses livres pour les lecteurs russes. J’ai regardé ce monsieur en manteau gris, avec une écharpe française, souriant et heureux, et j’ai pensé aux écrivains – les gens qui dessinent notre vie en couleur.