Courrier des lecteurs
La Langue française fête son 8ème anniversaire!
Huit ans se sont écoulés depuis la naissance de La Langue française car son numéro-pilote a paru au mois d’octobre 1999. Huit ans, pleins de difficultés et d’un travail acharné, de recherches et de création, de découvertes et de déceptions, de succès… et de récompenses…
Le voici, devant moi, ce premier numéro, une feuille légèrement jaunie avec la traditionnelle tour Eiffel et la photo de notre chère Gréta toujours souriante, inspiratrice et rédactrice en chef de La Langue française.
L’équipe du journal a confirmé les paroles de Saint-Exupéry dont la citation figure à la première page du numéro-pilote. « La grandeur d’un métier est, peut-être, avant tout, d’unir des hommes : il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines ».
Je crois qu’on a le droit de parler de la grandeur du métier de nos collègues de La Langue française qui font tout leur possible pour unir les enseignants (maîtres d’école, professeurs des lycées, universitaires), les enseignés (écoliers, lycéens, étudiants) et tous ceux qui apprennent le français et s’intéressent à la France. Pour nous, autres lecteurs, c’est véritablement « un luxe » de nouer des relations et de nous contacter par l’intermédiaire de La Langue française.
La vie a justifié les espérances les plus hardies de la rédactrice en chef exprimées dans son premier éditorial. Elle y traitait l’hebdomadaire nouvellement né d’un petit enfant nourri et gâté par les professeurs, qui fait ses premiers pas vers les lecteurs.
À mon avis, ce bonheur de lancer « la première hirondelle » et cette émotion envers sa destinée étaient si naturels et si compréhensibles…
Il n’y a que le premier pas qui coûte
« Tout l’intérêt de l’art se trouve dans le commencement… » ce sont les paroles de Pablo Picasso. Je survole le numéro-pilote une fois de plus, et je constate avec satisfaction qu’il est intéressant et professionnel. J’ai déjà dit qu’à la première page on trouve un éditorial, article qui émane du rédactrice en chef et qui définit la destination du journal et son orientation générale vers la culture et la langue françaises. Dans le numéro-pilote ont débuté les rubriques qui existent jusqu’à nos jours : « Courrier des lecteurs », « Mon ami la langue française », « Mosaïques russes », « Page littéraire », « Atelier poétique », « Je vous salue, ma France », « L’arc-en-ciel » … etc. La rédaction a su attirer les auteurs qui collaborent avec le journal durant tous ces huit ans.
Je voudrais rappeler aux lecteurs quelques noms de nos collègues-auteurs. Ouvrons, par exemple, la troisième page ! Une manchette en gros caractères saute aux yeux : « Bon anniversaire, chère Jeanna ! » Ah oui, vous allez la reconnaître tout de suite ! C’est Jeanna Aroutiounova, présidente de l’Association des enseignants de français (AEFR). Elle fait paraître ses matériaux presque dans chaque numéro – toute sorte d’information sur les activités de l’Association, fichiers didactiques, beaucoup d’articles sur la civilisation et la vie quotidienne des Français.
La photo à la cinquième page nous présente Mme Alla Cheïnina, toujours enthousiaste pour la France, sa culture et son histoire. Je profite de l’occasion pour la remercier surtout pour les numéros spéciaux : Les comédies musicales (N°12, 2004), La France dans la Seconde Guerre mondiale (N°2, 2005), L’histoire de l’Amour au Moyen Âge (N°14, 2006), Les Années de Gaulle (N°8, 2007), La chanson yé-yé (N°14, 2007).
La page titrée « Atelier poétique » est consacrée au centenaire de la naissance de Maurice Carême, poète belge, poète international. Tout le monde adore ses vers parce qu’ils se prêtent facilement à l’apprentissage et à la récitation.
À la recherche
du sens de la vie
C’est étonnant, mais notre enfant nouveau-né ressemble au Petit Prince car il est à la recherche constante des amis et du sens de la vie, cherchant à résoudre des problèmes éternels de l’humanité. Naturellement j’ai en vue la « Page littéraire » présentant Antoine de Saint-Exupéry et quelques extraits de sa Terre des hommes. Celle-ci est plus qu’un livre à la gloire des pilotes de ligne, de leur courage, de leur camaraderie fraternelle. C’est un témoignage en faveur de l’Esprit. La rédaction a su choisir les idées les plus importantes de la philosophie de l’écrivain. Citons-en quelques unes !
« … Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix, car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort… »
Écrivain et pilote de guerre, il avait disparu, sans trace, comme son Petit Prince. Disparu, comme il l’aurait souhaité, en pleine action, remplissant complètement par sa mort même cette destinée d’Homme qui avait été la Mission de sa vie. « On meurt pour une maison. Non pour des objets. On meurt pour une cathédrale. Non pour des pierres. On meurt pour un peuple. Non pour une foule. On meurt par amour de l’Homme … »
Apprendre à apprendre
Le numéro-pilote est caractérisé aussi par les recommandations et les fichiers pédagogiques des didacticiens car l’objectif du journal est apprendre aux enseignants à apprendre le français langue étrangère (FLE). C’est ainsi, que depuis 1999, nous avons pris connaissance des noms et des articles de nos collègues belges – Wilfried Decoo, professeur aux Universités d’Anvers (Belgique) et Brigham Young (États-Unis) et Dirk de Baere, notre ami et coordinateur du projet Éventail. En 1991, le professeur Decoo était au premier rang pour pouvoir coopérer avec la nouvelle Russie en matière d’enseignement du FLE. Inspirateur et un des auteurs des méthodes Éventail et Arcades, il a publié quelques articles dans notre journal et deux cours optionnels consacrés à l’apprentissage de la grammaire : Temps passés (N°4(10), 2006) et Article (N°1(13), 2007). Ce que j’apprécie en premier lieu dans ces dossiers pratiques, c’est une approche communicative à l’enseignement de la grammaire française et une nette compréhension de ses difficultés pour les étrangers. Wilfried Decoo a parfaitement raison de dire que pour « comprendre la didactique du FLE, il faut surtout s’adresser à des non-Français ».
Dirk De Baere s’est révélé dans la rubrique « Nouvelles francophones » comme un journaliste bien habile, ironique et spirituel ayant rédigé ses Souvenirs d’un voyageur en Russie. En voyageant, selon l’auteur, il « s’est russifié » et ne pouvant pas « résister aux charmes de la Russie » y a laissé une partie de son cœur.
Quant à moi, j’ai eu aussi l’honneur de débuter dans ce premier numéro, en proposant aux maîtres d’école un fichier lançant les élèves dans la poésie française par la méthode de reconstitution des vers. À titre d’exemple, j’ai pris le poème de Victor Hugo L’Automne que j’aime beaucoup.
Le numéro-pilote est clos par « L’arc-en-ciel », supplément pour les enfants. Ce sont de petits récits à valeur éducative et les contes sur la vie des animaux. Ce sont des textes authentiques, dont le vocabulaire et les constructions grammaticales sont bien à la portée des petits débutants, élèves des écoles maternelles et primaires.
Il faut être ému pour émouvoir
La huitième année de l’existence du journal a été étonnamment féconde en événements agréables. Avant tout, La Langue française a reçu le prix au concours « La presse d’or de Russie » dont l’emblème figure maintenant à la première page. Cette distinction a apporté une juste récompense à l’engagement du journal en faveur de la diffusion de la langue française en Russie.
Un peu plus tard, au mois de mars, les autorités françaises ont élevé la rédactrice en chef Gréta Tchesnovitskaya au grade des Palmes Académiques. Je crois que cette décoration honore nous tous à qui Gréta a consacré sa carrière d’enseignante et de journaliste – nous, amis, lecteurs et lectrices, et des milliers de professionnels de la langue et de la culture françaises qui ne cessent pas de prouver que la langue française n’est pas l’apanage des seuls Français. L’honneur faite à la rédactrice en chef rejaillit également sur tous ceux qui ont contribué et contribuent à donner aux enseignants la juste conscience de leur importance.
Si La Langue française, entreprise fragile, peut fêter son huitième anniversaire, c’est parce que Gréta a su faire preuve d’une capacité d’écoute, de remise en question, de courage et d’ouverture. Jules Verne disait qu’il faut « être ému pour émouvoir ». Quand on sait que l’équipe du journal se compose de deux personnes, on peut mesurer les difficultés d’assurer régulièrement sa parution bimensuelle.
Au nom de tous les lecteurs, je remercie la rédaction et je souhaite à notre journal de nouvelles réalisations et une bonne continuation.
Avec toutes mes amitiés, en attendant une prochaine rencontre,
Bien dévouée à vous
Klara Litkens