Je vous salue, ma France
À table
Les cafés
Les cafés, qui s’appelaient d’abord des « maisons de café » s’ouvrirent lorsque le café (la boisson) fut introduit en France, à partir du milieu du XVIIe siècle. Assez rapidement, le nom de « café » s’étendit à tous les commerces où l’on consommait des boissons, y compris des boissons alcoolisées. Au XVIIIe siècle, les cafés étaient des endroits privilégiés, où l’aristocratie et la bourgeoisie allaient s’informer, se cultiver, prendre part à des débats. C’étaient de véritables centres d’animation intellectuelle et politique. Apparurent ensuite les cafés-concerts, puis les café-théâtres.
Dans les villages et les petites villes, les cafés sont restés très longtemps un des principaux lieux de la vie sociale. C’est au café qu’on se retrouvait – surtout les hommes – pour « boire un coup », et même plusieurs, chacun payant sa « tournée » à tour de rôle ! Bien souvent, dans les petits villages, le café-buvette était aussi l’épicerie, la boulangerie, le marchand de tabac et de journaux. On y trouvait tout, à n’importe quelle heure. Le café était donc l’attraction principale, et parfois unique, du village. C’est là qu’on apprenait les nouvelles, qu’on discutait de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, ou que l’on refaisait le monde en parlant politique ! L’été, on s’installait dehors en terrasse et on jouait aux boules, avant et après le dîner. Pour un prix modique, on pouvait passer quelques instants ou rester pendant des heures au café, retrouver l’ambiance chaleureuse des copains de bistrot, ou au contraire s’installer tranquillement dans un coin en lisant le journal ou en rêvant.
Mis à part quelques joueurs de cartes (généralement âgés) et quelques « piliers de bistrots » (les ivrognes), les gens fréquentent de moins en moins les cafés, qui sont en train de disparaître massivement. Dans les villes, il y a de moins en moins de « cafés de quartier », ceux qui étaient fréquentés par des habitués. Dans de nombreux villages, il n’y a souvent plus un seul café. Si toutefois il existe encore un grand nombre de cafés dans les villes, leur fonction a changé, leur clientèle également. On y va pour une raison précise et de moins en moins pour passer le temps. On s’arrête quelques minutes au « café du coin » pour prendre un café « au comptoir », le matin avant de commencer à travailler ou après le déjeuner avec des collègues. On y avale à toute vitesse un sandwich à l’heure du déjeuner. On se donne rendez-vous dans un café, parce que c’est commode. Les cafés qui subsistent sont effectivement souvent les cafés « bien situés » – au centre des villes, près des gares ou des cinémas, dans des lieux très animés, parce que ce sont des lieux de rendez-vous, en particulier pour les jeunes. On peut y passer un long moment ou s’y retrouver avant d’aller ailleurs. Un certain nombre de grands cafés sont des « café-tabac-PMU », fréquentés par les fumeurs et les joueurs de tiercé. On a vu aussi se créer quelques bistrots à thème : les bars à vins, les bars à bières.
La belle saison est l’époque où les cafés sont le plus fréquentés, du moins ceux qui ont une terrasse. À Paris et dans les grandes villes, dès qu’il y a un rayon de soleil ou les soirs d’été, si le temps est doux, les terrasses des cafés sont envahies par les flâneurs. Dans le sud de la France, c’est à « l’heure du pastis », (l’heure de l’apéritif) que les bistrots se remplissent.
Les décors ont changé. Le comptoir en zinc a le plus souvent disparu, les anciennes tables « bistrot » également ; ils ont été remplacés par des meubles plus « modernes » (souvent plus laids, mais plus faciles à entretenir, dit-on). Et puisque ce sont des jeunes qui fréquentent principalement les cafés, aujourd’hui, on a souvent installé pour les attirer et les retenir, des jeux électroniques, des billards.
Les cafés qui ont échappé à cette transformation radicale sont, pour la plupart, des cafés connus pour leur passé prestigieux, leur clientèle d’écrivains célèbres. À Paris, ce sont Les Deux Magots, Le Flore, La Closerie des lilas, La Coupole. On y va pour voir ou pour être vu. On y paie très cher le plaisir d’être dans un endroit agréable et prestigieux, dans un décor immuable fréquenté par des célébrités !
VOCABULAIRE
payer sa tournée – платить за всех
modique adj – скромный, незначительный
pilier (m) – завсегдатай
pastis (m) – анисовый ликёр
magot (m) – макака
immuable adj – неизменный, незыблемый
Les bonnes manières à table
C’est peut-être à table que les règles de la bonne éducation se sont le plus maintenues. Bien se tenir à table impose de ne pas mettre ses mains sur les genoux ni ses coudes sur la table, de ne pas faire de bruit en mangeant ni en buvant, de ne jamais porter son couteau à la bouche.
Si on apprécie la gourmandise comme art de vivre, la gloutonnerie, au contraire, est un signe de mauvaise éducation ! Il est très impoli de commencer à manger avant que tout le monde ne soit servi. Les invités doivent attendre que la maîtresse de maison ait commencé à manger ou leur ait proposé de le faire. Ils doivent éviter de se jeter sur les plats comme s’ils étaient affamés, mais peuvent néanmoins se resservir pour montrer qu’ils apprécient ce qui leur est offert. Il est de bon ton de faire des commentaires élogieux sur ce qu’on mange, sans excès toutefois.
VOCABULAIRE
se maintenir – поддерживаться, сохраняться
gloutonnerie (f) – обжорство