Mon amie la langue française
Klara LITKENS
Printemps
Aimez-vous le printemps ? L’aimez-vous comme moi je l’aime ? Si vous dites que non, je ne vous croirai pas car tout le monde l’adore …
Que de poèmes, que de peintures, que de belle musique chantent le printemps et ses beautés ! Et on a bien raison de le faire.
Savez-vous ce que c’est qu’un printemps ?
Le printemps c’est la renaissance des forces vitales et de la vie même. Avec l’âge on le comprend et on le sent de plus en plus fort. Tout commence ou recommence au printemps : projets, joies, espérances et amours… À vrai dire le proverbe français dit : « Les vieilles amours et les vieux tisons s’allument en toutes saison » – Oui, absolument ! Mais quand même pour l’amour le printemps c’est la saison la plus favorable.
Le matériel que je tiens à offrir à mes collègues comme un cadeau printanier est né spontanément, on peut dire à l’improviste, c’est-à-dire d’une manière imprévue, inattendue, au moment où je m’y attendais le moins possible…
Assise devant le clavier de mon ordinateur d’un coup j’ai été aveuglée par un rayon de soleil qui venait de percer le ciel brumeux des derniers jours du mois de janvier. La tendresse de ce rayon m’a fait penser au printemps et je me suis rappelée les paroles de la chanson française Ma Normandie :
Quand tout renaît à l’espérance,
Et que l’hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux.
Quand la nature est reverdie,
Quand l’hirondelle est de retour,
J’aime à revoir ma Normandie
C’est le pays qui m’a donné le jour…
Ah oui, c’est vrai ! Tout renaît au printemps : le bleu du ciel, la chaleur du soleil, la verdure de la nature et l’hirondelle qui revient… Et alors j’ai décidé que ce serait bien utile d’organiser une leçon spéciale consacrée à cette saison « Aimez-vous le printemps ? »
Tout enseignant créatif peut inventer la démarche de cette leçon à sa façon. Mon objectif, à moi, est bien simple : fournir du matériel nécessaire et donner quelques conseils.
En principe je crois que le thème de printemps comme d’ailleurs des trois autres saisons peut embrasser toutes les matières scolaires et se transformer en projet collectif. On pourrait envisager, étudier et parler de cette saison des points de vue différents : en tant que phénomène naturel, physique, chimique, historique, littéraire, artistique, musicale…, etc. Les élèves pourraient parler de la nature printanière, des événements historiques qui ont eu lieu au printemps, des phénomènes physiques ou chimiques qui s’opèrent par ce temps-là, évoquer les grandes œuvres des peintres et des musiciens consacrées au printemps. On pourrait « équiper » le projet par l’écoute de la musique classique et des chansons, par la présentation des peintures, d’un film ou d’un spectacle interprété par les élèves, par l’exposition des dessins et la récitation des vers composés par les participants au projet… À vrai dire on peut faire beaucoup de choses intéressantes en parlant toujours français ! Tout dépend de la fantaisie et de la volonté du professeur et de ses élèves.
Quant à moi je commencerais par un commentaire linguistique
• Grammaire
Le mot printemps est un nom (un substantif) du masculin comme les trois autres saisons : un été, un automne, un hiver. On peut les comparer au russe où toutes les saisons sont du féminin : весна, осень, зима, excepté лето. Le plus souvent le mot le printemps s’emploie au singulier en langue courante.
• Origine
Le printemps comme la plupart des mots français est d’origine latine et provient de deux mots primus tempus (premier temps).
• Sens (sémantique)
Le printemps a au moins 2 acceptions :
1° C’est la première des quatre saisons qui va du 21 mai au 21 juin dans l’hémisphère nord. C’est une saison qui succède à l’hiver et précède l’été dans les climats tempérés où la température s’adoucit et la nature renaît. Mars, avril, mai sont les mois du printemps. P. ex. : Au printemps la nature est en fleurs. – Après l’hiver, c’est le printemps et on se sent plus gai. – Nous avons eu un printemps exceptionnel cette année.
2° Sens figuré, langue littéraire : temps du jeune âge. P. ex. : Au printemps de la vie (dans la jeunesse). – « Sur le printemps de ma jeunesse folle » (Marot).
• Dérivés
Adjectif : printanier, -ère. P. ex. : Il fait un temps de printemps (il fait un temps printanier). – Mettre une tenue printanière (mettre des vêtements légers et clairs).
Expressions : un printemps précoce – ранняя весна
un printemps tardif – поздняя, запоздалая весна
• Difficultés
Ordinairement pour expliquer simplement l’époque le mot russe весной se traduit en français avec un article contracté : au printemps.
Mais attention ! Si le substantif est accompagné d’une épithète on emploie l’article défini : le printemps dernier.
Dictons et proverbes qu’on pourrait rapporter au printemps :
Une hirondelle ne fait pas le printemps.
Tout nouveau tout beau.
Après la pluie le beau temps.
Aujourd’hui en fleurs, demain en pleurs.
En avril n’ôte pas un fil, en mai fais ce qu’il te plaît.
En exploitant ces proverbes on peut faire toutes sortes d’exercices. P. ex. :
- Traduire ces proverbes et trouver leurs équivalents russes si c’est possible.
- Faire l’analyse phonétique et la transcription partielle (marquer les groupes rythmiques, les liaisons et les enchaînements, la mélodie… etc.).
- Apprendre à bien prononcer ces phrases.
- Analyser la structure grammaticale et en relever ses particularités.
- Expliquer en français quand on peut employer ces dictons et proverbes en les faisant entrer dans des situations
Et maintenant on peut passer à l’étude des textes prosaïques et des vers consacrés au printemps.
Savez-vous ce que c’est qu’un printemps ?
Aux Rochers, mercredi 19 avril 1690
(à Mme de Grignan)
Je reviens encore à vous, / ma bonne, / pour vous dire que, si vous avez envie de savoir, / en détail, / ce que c’est qu’un printemps, / il faut venir à moi. // Je n’en connaissais moi-même que la superficie. / J’en examine cette année jusqu’aux premiers petits commencements. // Que pensez-vous donc que ce soit que la couleur des arbres depuis huit jours ? // Répondez. // Vous allez dire : / « Du vert ». / Point du tout ! / C’est du rouge ! / Ce sont de petits boutons, tout prêts à partir, / qui font un vrai rouge ; et puis, ils poussent tous une petite feuille, / et comme c’est , inégalement, / cela fait un mélange trop joli de vert et de rouge. / Nous couvons tout cela des yeux, / nous parions de grosses sommes / – mais c’est à ne jamais payer – / que ce bout d’allée sera tout vert dans deux heures ; / on dit que non ; / on parie. / Les charmes ont leur manière, / les hêtres / une autre. / Enfin, / je sais sur tout cela / tout ce que l’on peut savoir. //
Madame de Sévigné
Conseils pour la diction :
Bien qu’il s’agisse d’une lettre le ton est presque celui de la conversation. La lecture (ou la récitation) doit être enjouée et variée : Mme de Sévigné passe de l’expression discrète de sa tendresse (la première phrase) au jeu des devinettes, puis à l’évocation des plaisanteries sur le printemps que l’on fait aux Rochers. L’ensemble est rapide, légèrement affecté, très vivant. Faire attention aux pauses notées par les barres verticales.
Remarques de langue :
superficie (f) – on dirait aujourd’hui surface que l’on oppose à profondeur ; le mot superficie s’emploie maintenant pour désigner la surface en tant que grandeur mesurable.
jusqu’aux premiers petits commencements – jusqu’à a ici un sens qui n’est ni local ni temporel ; il signifie à peu près.
que ce soit – le subjonctif après le verbe penser (croire) est commandé par la tournure interrogative.
partir – prendre leur essor, s’épanouir.
Ils poussent – ce verbe qui s’emploie le plus souvent intransitivement pour les végétaux peut admettre comme complément les mots tels que bourgeons, bouton, feuille, fleur, rameau, branche.
trop joli – trop a ici le sens de très sans aucune nuance péjorative.
nous couvons cela des yeux : veut dire ici nous le préparons en méditant.
c’est à ne jamais payer – nous ne devons jamais payer nos paris.
les charmes – il s’agit des arbres qui portent ce nom (граб).
le hêtre – un arbre (бук).
Alfred de MUSSET
Mars
Oh, que mars est un joli mois /
C’est le temps des surprises ! //
Du matin au soir, / dans les bois
Tout change avec la brise … //
Le ruisseau n’est plus engourdi*, /
La terre n’est plus dure ! //
Le vent qui souffle du midi /
Prépare la verdure … //
Gelée ou vent, / pluie ou soleil /
Alors … / tout a son charme. //
Mars a le visage vermeille** /
Et sourit dans ses larmes ! //
* engourdir – сковывать
** vermeille – румяный
Gérard de NERVAL
Avril
Déjà les beaux jours, / la poussière, /
Un ciel d’azur et de lumière, /
Les murs enflammés, / les longs soirs ; /
Et rien de vert : / à peine encore
Un reflet rougeâtre décore /
Les grands arbres aux rameaux noirs ! //
Ce temps me pèse et m’ennuie. //
Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, / en un tableau, /
Le printemps verdissant et rose, /
Comme une nymphe fraîche éclose,
Qui, / souriante, / sort de l’eau ! //
Conseils pour la diction :
Le ton des deux strophes est assez différent. La première doit être dite lentement, avec une nuance d’accablement. Cet accent triste est le plus sensible au premier vers de la deuxième strophe, et aussitôt commence l’évocation heureuse d’un printemps charmant.
Remarques de langue :
les murs enflammés – les reflets du soleil couchant illuminent les murs et les font s’enflammer de lumière rouge.
à peine encore – il faut comprendre – un reflet rougeâtre décore encore à peine les grands arbres.
rameau (m) – petite branche d’arbre (ветвь).
ce temps me pèse – ce beau temps m’est pénible ; me est complément indirect (à moi) tandis qu’il est complément direct dans m’ennuie.
une nymphe fraîche éclose – зд. только что пробудившаяся
Après les vers romantiques de Gérard de Nerval adressons-nous au poète plus « réaliste » et contemporain Maurice Carême.
Maurice CARÊME
Étrange mois d’avril
Hier soir, il tombait de la pluie.
Avant-hier, c’était de la neige.
Il pleut du soleil aujourd’hui.
Demain ce sera de la grêle,
Du brouillard, du vent, du grésil,
Des violettes, des abeilles,
Des plumes pour les nids, que sais-je !
En cet étrange mois d’avril,
Il faut vraiment s’attendre à tout.
Que dis-je ! revoilà l’ondée
Et là-bas, au dessus des houx,
Un premier lambeau d’arc-en-ciel.
Tiens ! il pleut des chants de coucou.
QUESTIONS ET DEVOIRS
(possibles)
- Écoutez ou lisez le poème très attentivement et tâchez de le comprendre.
Si vous n’avez pas compris un mot consultez le dictionnaire ! - Énumérez tous les phénomènes de la nature mentionnés par le poète.
- Qu’est-ce que cela veut dire : il pleut du soleil, il pleut des chants de coucou ? Comment traduirez-vous ces expressions ?
- « Des plumes pour les nids ». Que veut dire l’auteur par ces mots ? De quels nids et de quelles plumes s’agit-il ?
- Pourquoi faut-il « s’attendre à tout » au mois d’avril ?
- « Un premier lambeau d’arc-en-ciel ». Remplacez « lambeau » par un synonyme. Et vous-même avez-vous vu un arc-en-ciel ? Énumérez-en les couleurs !
- Pourquoi le poète dit-il que le mois d’avril est étrange ? Vous êtes d’accord avec lui ou non ?
- Est-ce que le mois d’avril dans votre localité (là où vous habitez) est pareil à celui présenté par Maurice Carême ? « Votre » avril est-il aussi changeant ?
- Expliquez le sens du proverbe français « En avril n’ôte pas un fil, en mai fais ce qu’il te plaît ».
- Et vous ? aimez-vous le printemps ? Oui ou non ? Pourquoi ? Argumentez vos idées.
- Apprenez la poésie par cœur et récitez-la à vos copains !
Victor HUGO
Printemps
Voici donc les longs jours, / lumière, amour, /
délire ! /
Voici le printemps ! / Mars, / avril au doux
sourire, /
Mais fleuri, / juin brûlant, / tous les beaux mois
amis ! /
Les peupliers, / au bord des fleuves endormis, /
Se courbent mollement comme de grandes
palmes ; /
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes
et calmes ; /
Il semble que tout rit, / et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. /
Le jour naît, couronné d’une aube fraîche
et tendre ; /
Le soir est plein d’amour ; / la nuit, /
on croit entendre, /
À travers l’ombre immense et sous le ciel béni, /
Quelque chose d’heureux chanter
dans l’infini. //
Conseils pour la diction :
Le ton doit être joyeux, presque exalté. Dans les trois premiers vers on rendra bien le ravissement du poète en marquant précisément les pauses indiquées. Du vers 4 au vers 8 le rythme plus lent s’harmonise avec le balancement des arbres.
Noter la présence dans ce passage de très nombreux e muet qui assouplissent le rythme du vers. La fin doit être dite sur un ton calme et à peine solennel qui fera ressortir les mots immenses, heureux, infini.
Remarques de langue :
La langue de ce poème est extrêmement simple. Un vocabulaire et une syntaxe presque élémentaire s’unissent pour donner une impression de calme et de bonheur. Remarquer au premier vers : lumière, amour, délire sont dépourvus d’article, ils sont en apposition à longs jours ; ils développent l’idée contenue dans longs jours.
délire (m) – état d’un malade qui émet des idées fausses (бред).
peuplier (m) – un arbre (тополь).
béni, -e – en parlant de Dieu – protéger (благословенный, – ая).
Les Débuts du printemps
On est au centre de la France. Marie est une jeune paysanne de dix-huit ans qui vit dans une grande ferme de son oncle avec ses cousins : Laurent du même âge qu’elle, René et Raymond, beaucoup plus jeunes. La ferme est voisine d’un château.
1. Pâques approchait. Il se trouvait tôt cette année-là, et le printemps débuta très mal d’abord : février avait été dur, froid ; mars était violent et pluvieux ; de mauvaises neiges molles vinrent encore. Tout s’arrêta net, les petites feuilles précoces ne sortirent pas et les premières fleurs dans le jardin de tante Victoire restèrent sous terre.
Seuls, les pêchers ouvrirent dans le vent froid leurs charmantes fleurs roses. C’était étonnant de voir leur apparente fragilité résister aux fureurs du temps. Le vent aigre les agitait et les faisait se tordre dans la tempête.
2. Lorsque avril arriva, il n’y eut point de changement tout de suite. Il ne parvint pas, pendant les quinze premiers jours, à adoucir les derniers soubresauts de l’hiver agonisant.
Mais brusquement tout se calma, et ce fut le printemps. Les bourgeons des marronniers grossirent en quelques jours, et bientôt la campagne entière devint couleur d’émeraude. Il plut encore beaucoup, surtout la nuit, mais les matins étaient doux et frais. L’air était tout vibrant, et dès l’aurore les oiseaux chantaient dans la forêt à peine réveillée de son long sommeil. Et leur chants sonores célébraient la gloire des Pâques toutes proches et les joies de la saison nouvelle.
3. Dans le parc, aux endroits bien abrités, les femmes de chambre du château découvrirent les premières violettes. Marie, Laurent et les enfants allèrent aussi en chercher autour des champs, un dimanche après-midi. Les petites fleurs cachées dans les hautes herbes nouvelles, sortaient de terre sur de longues tiges fragiles, dressant vers la lumière du jour leur tête fière et charmante. Marie allait la première parce qu’elle connaissait bien les endroits où il y en avait.
Vers le soir, ils revinrent sur le chemin du côté du château où ils s’assirent sur le bord de la route pour arranger leurs bouquets. Marie leur montra comment il fallait couronner les fleurs de feuilles pour que ce fût plus joli.
Il faisait doux : doux comme les premières feuilles, comme les blés qui lèvent, comme le vent léger qui passe dans les branches des arbres. Les saisons, encore une fois, tenaient leur promesse, le printemps s’élevait et montait dans le soir rose, comme une secrète poussée de joie.
(d’après R. VINCENT, Campagne)
QUESTIONS
(générales)
L’ensemble du texte Les Débuts du printemps présente une très jolie page, tout empreinte de sensations personnelles et originales. On aime suivre, avec l’auteur, la lente apparition du printemps. Après avoir lu le texte il est utile de répondre aux questions générales (contrôle de la compréhension globale).
1. Quelles sensations vous évoque cette très jolie page de la venue du printemps ? A votre avis l’auteur aime-t-il cette saison ? Et vous ? L’aimez-vous ?
Un seul vrai signe du printemps apparaît en mars. Lequel ?
Que se passe-t-il en avril ?
Quelles fleurs symbolisent la venue du printemps dans le texte ? Et chez nous, en Russie centrale quelles sont les premières fleurs printanières ?
Exercices
1. Lisez et traduisez le texte en russe en cherchant les mots nouveaux dans le dictionnaire (contrôle de la compréhension détaillée).
2. Analysez et discutez le texte par fragments.
P. ex. : – Le printemps débute mal. – 1. Qu’est-ce que c’est que les Pâques ? – 2. Comment était le mois de février cette année-là ? – 3. Quel temps faisait-il en mars ? Qu’est-ce qui le caractérise ? Quelles en sont les conséquences pour la végétation ? – 4. Cependant les pêchers fleurissent (dans cette régions, ce sont les premiers arbres qui s’épanouissent). Et vous, avez-vous vu les pêchers fleurir ? Où est-ce qu’on peut les voir ?
3. Reproduisez (racontez) le texte.
4. Dites avec précision comment se manifeste le retour du printemps dans votre jardin, dans un jardin publique ou à la campagne dans la forêt et dans les champs.
5. Figurez-vous que vous êtes allé cueillir des violettes, des coucous, du muguet ou d’autres fleurs du printemps. Racontez !
Victor Hugo
Journées de printemps
La journée était charmante. // C’était l’un de ces jours printaniers /
où Mai se dépense tout entier. //
Les premiers papillons / se posaient sur les premières roses. //
Tout était neuf dans la nature : / les herbes, les mousses, les feuilles, les parfums, les rayons. //
Les cailloux étaient lavés de frais. //
La profonde chanson des arbres était chantée par les oiseaux nés d’hier. //
Il est probable que leur coquille d’œuf cassée par leur petit bec était encore dans le nid. //
Des ailes bruissaient dans le tremblement des branches. //
Ils chantaient leur premier chant, / ils volaient leur premier vol. //
Une très jolie lentille d’eau couvrait les mares d’une nappe d’émeraude. //
Les bergeronnettes s’y baignaient. //
Conseils pour la diction
Le texte de Victor Hugo est découpé en paragraphes pour en rendre l’étude plus commode. Le ton est très simplement descriptif ; il ne faudra mettre aucune intonation particulière en lisant ou en récitant. On se contentera de faire ressortir par une légère insistance quelques mots importants : charmante, premiers, neuf, profonde chanson…
Remarques de langue :
mai se dépense – qui utilise toute son énergie.
lavés de frais – rafraîchis par l’eau.
la profonde chanson des arbres – la chanson qui vient des profondeurs des arbres.
né d’hier – né très récemment.
lentille d’eau – plante aquatique dont les feuilles poussent à la surface des eaux dormantes (ряска).
bergeronnette (f) – petit oiseau à plumage noir et blanc qui vit au bord de l’eau et en voisinage des troupeaux (трясогузка).
Le sujet de printemps est inépuisable, je dirais même que « c’est la mer à boire ». Je pourrais ajouter à un professeur intéressé et créatif encore beaucoup de vers et de fragments de prose consacrés à cette saison merveilleuse. Mais il est bien temps de m’arrêter…
Cependant avant de mettre le point final je voudrais vous rappeler un des plus beaux poèmes de la poésie russe et sa traduction en français.
Ф. И. ТЮТЧЕВ
Весенние воды
Ещё в полях белеет снег,
А воды уж весной шумят –
Бегут и будят сонный брег,
Бегут и блещут и гласят…
Они гласят во все концы :
«Весна идёт, весна идёт!
Мы молодой весны гонцы,
Она нас вызвала вперёд!»
Весна идёт, весна идёт!
И тихих, тёплых, майских дней
Румяный, светлый хоровод
Толпится весело за ней.
Fiodor TIOUTCHEV
Les Eaux printanières
Traduit par Katia Granoff
La neige couvre encore les champs
Et les rives encore sommeillent,
Mais, devançant le gai printemps,
Les eaux qui chantent les réveillent.
« Le Printemps vient ! C’est le printemps ! »
Les eaux l’annoncent à voix claire,
« Nous accourons, le précédant,
Nous qui sommes ses messagères ! »
« Le Printemps vient ! C’est le Printemps ! »
Et le suivent, en ronde heureuse,
Les jours de mai, gais et charmants,
Dans leur fraîcheur ensorceleuse…