Arts et culture
« Miche, elle, m’aime… »
Et pourtant, il y avait une femme qui l’aimait, qui l’avait épousé en 1950 et qui avait mis au monde ses trois filles. Elle s’appelait Miche Brel.
« Miche, elle, m’aime pour le Jacky que je suis encore à ses yeux, disait-il. C’est mon amie et amante de ma vie. J’ai Miche et nos enfants. Trois filles : Chantal, France et Isabelle. D’ailleurs je n’aurais pas su quoi faire d’un fils. Les prénoms de nos filles ne sont pas un hasard. Chantal, c’est chanter. France, c’est la langue franche. Isabelle est un ourson, une princesse dont on rêve au pied des tours. Isabelle est le berceau d’amour du père que je ne serai jamais assez pour elle. Car je ne sais pas l’être. »
Miche a été sa « première gentille », comme il le dit si bien dans Mon enfance. À cet instant, l’amour est à ses yeux un objet de culte. Au même titre que Dieu. Et c’est avec des mots empruntés au vocabulaire religieux qu’il pare la femme de toutes les qualités dans ses premières chansons. Clarté, blancheur, sagesse, beauté, lumière, etc. Mais si celle-ci est mythifiée, c’est parce qu’elle est unique.
Lorsque la vie, son expérience personnelle et ses premières infidélités auront mis fin à l’enchantement, il éprouvera deux sentiments aussi complémentaires que contradictoires. D’une part il ressentira le remords de ne pas aimer Miche aussi absolument qu’il l’aurait voulu ; de l’autre il effectuera le transfert de sa déception sur l’amour, ce qui lui permettra une totale déculpabilisation. Pourquoi, en effet, continuer à se repentir, puisque tout cela n’est qu’une utopie ? Un rêve, au sens propre du terme. Comme la vie elle-même, n’est qu’un rêve qu’on tente en vain de réaliser…
Décidément, rien n’était jamais simple avec Jacques Brel.
Décidément, Jacques Brel n’était pas un être facile à vivre, bien des femmes auraient pu le dire…