Univers du français
Lettre ouverte au Président de la Russie
Quand on a 16 ou 17 ans et qu’on est élève de terminale, on pense avant tout à ses résultats, au volume des révisions, aux examens proches. Qu’il soit nécessaire de réfléchir aux problèmes du pays semble être une exagération pure de la part des professeurs qui donnent le devoir d’écrire (ni plus ni moins) une lettre... au président ! La logique de nos professeurs peut cependant facilement s’expliquer : en terminant l’école, il est important de comprendre qu’aux prochaines élections nous irons aux urnes, que l’histoire n’est pas seulement une matière scolaire ou une science, mais un processus auquel nous participons tous. L’élection d’un nouveau président marque le commencement d’une nouvelle étape dans l’histoire du pays. Quelles sont nos attentes ?
Ce que les lecteurs liront ci-dessous est un texte composé des extraits de nos lettres au Président de la Russie élu le 2 mars 2008.
Monsieur le Président,
Vous êtes élu au plus haut poste de l’État après Vladimir Poutine, le leader qui est devenu le symbole de la nouvelle Russie, qui a réussi à rendre au pays sa position sur l’arène internationale, à stabiliser le pays, à relever le niveau de vie des citoyens. Les Russes qui ont confiance en Poutine vous ont élu puisqu’il vous avait choisi comme successeur. Soyez digne de cette confiance !
Vous avez déjà participé à l’élaboration de la politique destinée à résoudre les problèmes de notre pays. Prenez en considération nos points de vue.
Le problème qui nous préoccupe le plus en ce moment c’est l’Examen Unique d’État. L’idée en soi est bonne, c’est pratique de passer les examens en une seule fois pour terminer l’école et entrer à l’université. Mais pour le moment, le nouveau système fonctionne mal. Il semble que les personnes qui formulent les questions et devoirs ne se rendent pas compte du niveau réel des élèves. En plus, les tests n’ont jamais stimulé la créativité. Voulons-nous transformer les jeunes en robots ? Selon les autorités, l’Examen Unique d’État doit contribuer à l’élévation du niveau d’enseignement. Est-ce que le niveau d’instruction dispensé dans une école de la capitale et d’une petite ville (sans parler des villages) peut être le même ? Est-ce que l’élévation du niveau d’enseignement passe par l’Examen Unique ?
Tous ceux qui préparent leur entrée dans un établissement supérieur sont au courant de la corruption qui sévit dans ce domaine. Nous avons le sentiment que de nos jours ce ne sont pas les cerveaux qu’on apprécie, mais seulement l’argent des parents. Votre prédécesseur a avoué qu’il n’avait pas pu vaincre ce mal. C’est l’une des tâches primordiales à accomplir.
L’application de la politique démographique porte déjà ses premiers fruits. Pour ne pas nous arrêter là, « le capital maternel » (prime de maternité) accordé devrait être complété par des allocations familiales importantes. La naissance de l’enfant ne doit pas s’accompagner d’une baisse de moitié du budget familial ni entraîner une baisse du niveau de vie. Pour donner naissance à de nouveaux citoyens, les femmes veulent être sûres du lendemain, de pouvoir les élever et les instruire. Aujourd’hui, puisque chaque famille peut planifier les naissances, puisque beaucoup de femmes sont obligées de faire un choix réel – l’enfant ou la carrière –, l’État doit faire tout son possible pour qu’être mère soit « une affaire prestigieuse ». Il faut élaborer une sage politique de propagande du culte de la famille et de ses valeurs.
L’augmentation des salaires n’est pas une notion purement économique. Nous l’avons senti, car nos parents ont dû, pour assurer le quotidien de la famille, faire des heures supplémentaires ou trouver un deuxième travail. Mais la vie ne doit pas se composer seulement de travail.
On juge du niveau de développement d’une société selon la situation des personnes âgées et des enfants. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine, car les retraités ne peuvent que difficilement survivre. Mais entre « exister » et « vivre » il y a une grande différence ! Il faut trouver des voies efficaces pour résoudre le problème des retraités.
Nous pouvons avouer honnêtement qu’à notre âge nous ne nous intéressons pas beaucoup à la politique, nous ne suivons pas très régulièrement les actualités, mais la vie quotidienne avec ses problèmes nous fait réfléchir. Les problèmes qui nous inquiètent sont nombreux : le développement de la production et l’écologie, le soutien national de la culture et de la science, la construction de logements sociaux, les sans domicile fixe et le développement de la démocratie et de la liberté et... on peut continuer la liste.
Dans cinq ans, après avoir terminé nos études universitaires, nous entrerons dans la vie active. Nous voudrions qu’à ce moment la Russie ait déjà résolu au moins une partie des problèmes que nous avons énumérés. Alors nous pourrons dire que vous avez efficacement servi la Patrie. Nous vous souhaitons, Monsieur le Président, beaucoup de succès dans votre travail !