L’arc-en-ciel
Galina RAZOUMIKHINA
Lisons en français !
Judith Viorst
La terrible, horrible, affreuse, journée d’Alexandre
Histoire pour prendre la vie du bon côté
Hier soir, je me suis endormi avec un bonbon dans la bouche, et ce matin j’avais les cheveux tout collés. En sortant de mon lit, j’ai dérapé sur ma planche à roulettes. Et puis, sans le faire exprès, j’ai fait tomber mon pull dans le lavabo, sous le robinet ouvert.
J’étais sûr, à ce moment-là, que ce serait une terrible, horrible, affreuse, mauvaise journée.
Au petit déjeuner, mon frère Antoine a trouvé dans son paquet de flocons d’avoine une petite auto à construire. Mon frère Nicolas a trouvé dans son paquet à lui une bague d’agent secret avec le code. Moi, dans mon paquet de flocons d’avoine je n’ai rien trouvé d’autre que des flocons d’avoine.
Je me suis dit : « Je ne peux plus rester dans cette maison. Je vais partir en Australie. »
Madame Bouvert est passée me prendre en voiture avec d’autres enfants de mon école. Elle a donné à Benoît, Véronique et Martin toutes les places près des fenêtres. J’étais serré à l’arrière, j’ai cru que j’allais étouffer.
J’ai dit aux autres :
– Laissez-moi une fenêtre, sinon je vais vomir !
Ils n’ont même pas répondu.
Je savais bien que ce serait une terrible, affreuse, mauvaise journée !
À l’école en dessin, j’ai dessiné un château invisible, et mon ami Paul a dessiné un bateau. Madame Cartier a préféré le bateau.
En maths, elle a dit que j’oubliais toujours les retenus dans mes additions. Les retenus ! pour ce que ça change ! De toute façon, je savais que ce serait une terrible, horrible, affreuse, mauvaise journée.
Ensuite, Paul a annoncé que je n’étais plus son meilleur ami. Il a dit que maintenant c’était Philippe Froment son meilleur ami, et qu’Albert Moyo était son meilleur ami, tandis que, moi, j’étais seulement le troisième. J’ai dit à Paul :
– Je te souhaite de t’asseoir sur une punaise ! Et la prochaine fois que tu auras une glace à trois boules, j’espère qu’elles tomberont par terre toutes les trois, et qu’elle dégoulineront jusqu’en Australie !
On a ouvert nos sacs de casse-croûte. Comme dessert, Philippe Froment avait deux cakes, Albert Moyo avait une barre de chocolat aux amandes, et la mère de Paul lui avait donné un morceau de gâteau roulé avec de la noix de coco râpé sur le dessus. Et qui n’avait pas de dessert parce que sa mère avait oublié d’en mettre un dans le sac ? Devinez ! Moi, bien sûr !
Quelle terrible, horrible, affreuse, mauvaise journée !
J’avais bien raison de dire ça parce qu’après l’école, maman nous a emmenés chez le dentiste, moi et mes frères. J’ai été le seul à qui on a trouvé une carie. Le dentiste m’a dit :
– Reviens me voir la semaine prochaine, j’arrangerai ça !
J’ai répondu :
– La semaine prochaine, je serai en Australie.
En partant, je me suis coincé le pied dans la porte de l’ascenseur, et pendant que maman allait chercher la voiture, Antoine m’a fait tomber dans une flaque de boue.
Je me suis mis à pleurer à cause de cette boue, et Nicolas m’a traité de pleurnichard, et pendant que je le tapais parce qu’il m’avait traité de pleurnichard, maman est arrivée, et elle m’a grondé parce que j’étais plein de boue et que je me battais. Je leur ai dit à tous :
– Vous ne voyez pas que c’est une terrible, affreuse, mauvaise journée ?
Ils ne m’ont même pas répondu.
On est allé dans un magasin de chaussures pour acheter des tennis. Antoine a choisi des tennis blanches avec des bandes bleues. Nicolas a choisi des tennis rouges avec des bandes blanches. Moi, j’en voulais des bleues avec des bandes rouges, mais le vendeur a dit :
– Celles-là, on les a toutes vendues.
Ils m’ont obligé à prendre des tennis blanches, unies, toutes bêtes ! Mais jamais je ne les mettrai, jamais !
On est passé chercher papa à son travail. Il avait dit de ne pas jouer avec sa machine à photocopier, mais j’ai oublié. Il avait dit de faire attention aux livres sur son bureau. J’ai fait très attention, mais c’est mon coude qui a glissé. Papa avait dit aussi :
– Ne fais pas l’idiot avec mon téléphone !
Mais je crois bien que j’ai téléphoné en Australie.
Papa a demandé qu’on ne vienne plus jamais le chercher à son travail.
C’était vraiment une terrible, horrible, affreuse, mauvaise journée.
On a eu des haricots rouges au dîner, et j’ai horreur de ça. Il y avait des gens qui s’embrassaient à la télé, et j’ai horreur de ça.
Mon bain était trop chaud, et je me suis mis du savon dans les yeux. J’ai oublié une bille dans la baignoire, et elle est partie dans le tuyau quand on a vidé l’eau. Il a fallu que je mette mon pyjama à petits trains, et j’ai horreur de ce pyjama à petits trains.
Quand je me suis couché, Nicolas m’a repris le coussin qu’il m’avait donné. Ma petite lampe Mickey a grillé et je me suis mordu la langue.
Le chat a voulu dormir avec Antoine et pas avec moi.
J’avais vraiment passé une terrible, horrible, affreuse mauvaise journée. Maman dit que ça arrive, des journée comme ça.
Même en Australie.
VOCABULAIRE
déraper – поскользнуться
sans le faire exprès – нечаянно
des flocons d’avoine – овсяные хлопья
bague (f) – кольцо
je vais vomir – меня сейчас стошнит
invisible – невидимый
les retenues – цифpы, которые запоминают при умножении
punaise (f) – кнопка
sac (m) de casse-croute – сумка сo школьным завтраком
amande (f) – миндаль
se coincer qch. – прищемить что-либо
flaque (f) de boue – лужа грязи
pleurnichard (m) – плакса
des haricots rouges – красная фасоль
j’ai horreur de ça – я ненавижу это
tuyau (m) – труба
griller – сгореть
se mordre la langue – прикусить язык
Exercices
I. Réponds aux questions :
- Qu’apprenons-nous sur Alexandre ?
- Énumère tous les malheurs qui lui sont arrivés durant cette terrible, horrible, affreuse journée.
- A-t-il de vrais ennuis ce jour-là ?
- Selon toi, pourquoi tout va mal ce jour-là ?
- Trouve le moment précis où tout commence à tourner mal.
- Pourquoi le garçon veut-il partir en Australie ?
- Pourquoi, selon toi, le chat a préféré dormir avec Antoine ?
- Est-ce que la fin de l’histoire est optimiste ou pessimiste ? Motive ta réponse.
- Connais-tu des journées pareilles où rien ne va ? Que fais-tu pour « survivre » dans ces cas-là ?
- Pourquoi le sous titre de l’histoire est « histoire pour prendre la vie du bon côté » ?
- Faut-il savoir prendre la vie du bon côté ? Pourquoi ? Motive ta réponse !
- Imagine qu’Alexandre veut être optimiste. Joue le rôle de sa voix intérieure et console-le par une ou deux phrases dans chaque cas précis où il n’a pas de chance.
Exemple : « ... ce matin j’avais les cheveux tout collés » – « Tiens ! Mes cheveux sont collés. J’ai encore le temps de les laver, je serai le plus beau de la classe ce matin ! » - Qu’est-ce que cela veut dire au juste « prendre la vie du bon côté » ?
- Formule quelques recettes pour ceux qui veulent apprendre à positiver.
- Peux-tu te rappeler les procédés semblables employés dans la littérature russe : le héros doit accepter son mauvais sort.
II. Pour faire le résumé, comble les lacunes par les mots, pris dans le texte :
La journée a mal commencé, car la veille Alexandre s’était endormi avec un bonbon dans la bouche et le matin il avait les cheveux ... . Depuis ce moment il était sûr que ce serait ... . Et pour de vrai il n’avait pas de chance ! Il n’a rien trouvé dans son paquet ... tandis que ses frères avaient trouvé l’un ... et l’autre ... . Dans la voiture qui l’emmenait à l’école il était serré à ... et il a cru qu’il allait ... . À l’école, en dessin il a dessiné ... , mais la maîtresse a préféré le dessin de son copain. En mats, la maîtresse a dit qu’Alexandre oubliait toujours les ... . Ensuite, Paul lui a annoncé qu’il n’était pas son ... . Pendant la récré, dans son sac de ... il n’a pas trouvé de dessert parce que sa mère avait oublié ... .
Après l’école, maman a emmené Alexandre et ses frères chez le dentiste et celui-ci lui a trouvé ... . Et ainsi de suite durant toute la journée jusqu’au moment d’aller se coucher . C’était vraiment ... journée. La maman d’Alexandre lui a dit que des journées pareilles ça pouvait ....
III. À partir du texte.
T’est-il arrivé d’avoir une journée pareille ? Essaye de décrire une de tes terribles journées.
IV. Réfléchis sur ce que tu as lu. Lequel des points de vue ci-dessous trouves-tu juste ? Pourquoi ? Motive ta réponse !
L’idée maîtresse du texte est que pour être heureux il faut savoir accepter la vie telle qu’elle est, ne pas faire de tragédie des ennuis.
C’est l’histoire d’un petit garçon qui n’a pas de chance. Il ne faut pas chercher un grand sens dans cette histoire.