Les Routes de l’Histoire
1968
La situation dans le monde
En 1968, le monde entier bouillonne et frémit.
- En Tchécoslovaquie, les chars soviétiques mettent fin en août 1968 à la tentative d’Alexandre Dubcek1 de libéralisation du régime communiste. Fin du Printemps de Prague.
- À Mexico, les Jeux Olympiques ont été précédés par de sanglantes répressions policières. Ils donnent l’occasion à des athlètes noirs des États-Unis de signifier leur révolte en levant le poing sur le podium. Les ghettos noirs des grandes villes américaines flambent.
- Les États-Unis pleurent cette année-là la disparition tragique de Martin Luther King2 et de Bob Kennedy (le frère de l’ancien président), tous deux assassinés.
- Une guerre dans un petit pays d’Asie, le Vietnam, oppose depuis 1964 des paysans pauvres à la plus grande puissance mondiale, les États-Unis. Les protestations contre ce conflit, inégal et injuste, se multiplient dans le monde entier.
Le mot d’ordre, que tous les militants de l’époque aimaient clamer haut et fort, se résumait en ceci : « Oser lutter, oser vaincre ! ».
La situation en France
Les premiers indicateurs de chômage clignotent : des grèves dures éclatent en 1967. Au printemps 1968, une partie de la jeunesse française, profite de ces rassemblements pour crier sa révolte envers la société et pour réclamer de meilleures conditions de travail dans les universités et les lycées. Ce sont des étudiants, des enfants gâtés et insouciants, une génération de jeunes bourgeois qui a la chance de poursuivre des études et qui ne manquent de rien. Quoiqu’il en soit, les étudiants demandent de nouvelles libertés, imaginent un monde différent, plus juste, plus libre. Les manifestations sont spontanées, joyeuses, mais, face à l’incompréhension des adultes, au déploiement de force de la police, elles sont parfois très violentes. En très peu de temps, les cours magistraux sont condamnés, le savoir des adultes est bafoué, la relation maître-disciple est piétinée, les examens sont décriés. Les étudiants réquisitionnent les amphis3, mettent les professeurs à la porte, projettent des films sur la guerre du Vietnam.
La contestation étudiante a des conséquences inattendues car elle ouvre une crise sociale et politique. Pendant un mois, la révolte étudiante et les grèves ont débouché sur une paralysie de toute la France. Ces événements ont une influence d’autant plus grande qu’ils sont médiatisés : pour la première fois, radios et télévisions font vivre en direct les révoltes, et cela amplifie le mouvement. En dépit des accords de Grenelle, de la dissolution de l’Assemblée nationale, du changement de Premier ministre et du départ du général de Gaulle l’année suivante, il n’y a jamais eu de retour à la normale.
Les événements de 1968 n’ont duré que quelques mois, mais ils ont réussi à transformer les mentalités et la manière de voir la société.
1 Homme politique tchécoslovaque (1921-1992), l’un des grands acteurs du « Printemps de Prague » qui secoua le régime communiste. De janvier 1968 à avril 1969, il était le premier secrétaire du Parti communiste de son pays.
2 Martin Luther King Jr, né à Atlanta, États-Unis, le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis, était un pasteur baptiste afro-américain, militant pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis et un activiste politique.
3 Les amphithéâtres