Les Routes de l’Histoire
De Gaulle s’en va
« Peut-être, après tout,
rien ne vaut rien… »
Charles de GAULLE
La reprise du travail se fait progressivement, mais les relations entre de Gaulle et le peuple français ne seront plus les mêmes. La révolte étudiante et sociale n’attend rien du pouvoir gaullien. Le vieux monsieur, perdu en rêves anachroniques de grandeur nationale est dépassé, il a fait son temps. De Gaulle porte l’auréole historique, mais il n’est plus de ce temps. Il ne comprend plus très bien les revendications et les préoccupations des jeunes. Il appartient à l’ancienne génération. Donc, il n’est plus en grâce. Le Général a vieilli. Il a 78 ans. Les slogans en parlent long : « Dix ans, ça suffit ! », « Bon anniversaire, mon président ! »…On cherche un remplaçant : c’est son Premier ministre, Georges Pompidou.
Le 24 mai, de Gaulle s’adresse directement aux Français et leur propose, sans convaincre, un référendum sur le Sénat et la régionalisation1. Cette réforme permettrait, selon lui, une décentralisation qui accorderait davantage de pouvoirs aux élus des vingt et une régions. Mais il fait également de cette consultation un test d’attachement à sa personne et à sa politique. Le Général prévient : si le non l’emporte, il s’en va.
C’est le 27 avril 1969 que le référendum a lieu : le non l’emporte : 53,18 %. Le rideau est tombé. L’âge héroïque est fini. Après l’échec du référendum, le contrat entre de Gaulle et son peuple est rompu. Fidèle à sa promesse et respectueux du peuple souverain, il estime n’avoir plus la confiance des Français et démissionne le jour même. à minuit dix, un communiqué annonce : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. »
Conformément à la Constitution, c’est le président du Sénat, Alain Poher, qui assurera l’intérim de la présidence de la République, jusqu’au 19 juin, date des prochaines élections2.
Le général de Gaulle s’installe dans sa maison de Colombey-les-Deux-Églises, où il reçoit quelques visiteurs et finit d’écrire ses mémoires. Un jour, il a écrit : « Peut-être, après tout, rien ne vaut rien »…
Il meurt le 9 novembre 1970 à sa table de travail, à l’âge de 80 ans. Son enterrement a lieu dans la plus grande modestie, alors que le monde entier rend hommage au « plus illustre des Français ». « La France est veuve », déclare Georges Pompidou. Jacques Faizant, dans Le Figaro, représente une Marianne – la France – qui pleure sur un chêne abattu.
1 Réforme de la régionalisation : de Gaulle, en 1969, souhaite procéder à une vaste réforme de l’organisation du territoire français. Il propose, tout en conservant les départements et les communes, de créer des régions.
2 Ce sera Georges Pompidou qui sera élu président de la République.