Le Petit Prince atterrit à Saratov

Le 6 avril 1943, aux États-Unis, parut en librairie Le Petit Prince. Antoine de Saint-Exupéry le mit au monde à New-York à l’Hôtel 240 Central Park-South. Aux États-Unis, l’unique pensée tourmentait son esprit : quel serait l’avenir de la France occupée par les Allemands où ses proches, ses amis souffraient beaucoup. Parmi eux – son ami Léon. Comment l’aider, comment le soutenir ? Saint-Exupéry trouva le moyen le plus sûr – écrire et consacrer le livre à son ami.

Triste, solitaire, il passe des journées entières à écrire et illustrer Le Petit Prince au visage étonné ou déçu.

– Votre bonhomme devrait parler, lui remarqua un ami. Il devrait nous dire ce qu’il pense...

– Oh, ce qu’il pense ?… ce serait un peu mélancolique, murmura Saint-Exupéry.

Et voilà que l’écrivain, nous confia le plus émouvant sentiment de son âme par la voix d’un enfant, de ce petit bonhomme aux cheveux d’or.

Le Petit Prince parcourut le monde entier. On l’aime partout. On l’aime comme le personnage du livre et comme le héros des spectacles joués aux plusieurs théâtres de la Russie et de l’Europe. Le théâtre de jeunes spectateurs de Saratov ne fit pas exception.

À la fin des années 1980, le conseil d’art du théâtre annonça le concours d’emblème qui aurait le sens vital et philosophique et en même temps serait un symbole impressionnant et voyant. Le jury choisit l’emblème de Mikhaїl Gavruchov : figure du Petit Prince (dessin de Saint-Exupéry) au-dedans du soleil.

Dès ce temps-là, on voit le Petit Prince ensoleillé sur la façade du théâtre. Même on dit que le Petit Prince atterrit à Saratov comme autrefois l’avait fait Youri Gagarine.

En 2004, le théâtre mit en scène le spectacle Le Petit Prince qui est dans son répertoire jusqu’à nos jours.

Nous causons avec le metteur en scène de ce spectacle, artiste du Peuple de la Russie – Youri Ocherov : « Saint-Exupéry est un écrivain à nous. Il est très proche de notre théâtre par ses pensées, par ses recherches, par ses principes humains. En créant le scénario j’ai fait tout mon mieux pour souligner l’idée que personne ne doit jamais oublier son enfance. C’est Antoine de Saint-Exupéry lui-même qui dit : “Tous, nous sommes de l’enfance.”

L’enfance – c’est un phénomène unique dont on ne se sépare jamais. Ce que je voudrais souligner encore c’est ce qui arrive quand on trahit sa vocation. Les erreurs de la jeunesse laissent des traces profondes pour toute la vie. Il me semble, que nous avons réussi à faire les spectateurs comprendre ces vérités. »

Après le spectacle je m’intéresse aux impressions des spectateurs.

« L’histoire du Petit Prince m’a beaucoup émue. J’ai compris une fois de plus ce que c’est que l’âme d’enfant. C’est très facile de la briser par un seul mot imprudent. » (Lioudmila, 32 ans)

« J’ai aimé le Petit Prince et le petit renard. Il est si sage et si bon. Il ressemble à mon chien Pif qui m’attend et reconnaît mes pas en me saluant par sa voix gaie et sonore. » (Olya, 12 ans)

« Dans le spectacle il y a plusieurs trouvailles réalisées par le peintre Gavruchov : ballons-planètes multicolores, le ciel bleu foncé devenant si énorme, couvrant toute la scène. Le cœur se serre à la vue de cette profondeur froide mais attirante qui reprend cet être si cher à moi. » (Eugénie, 14 ans)

« Le Petit Prince dit que les hommes n’ont plus d’amis. Ce n’est pas vrai. Moi, je suis son ami et lui, il est le mien. Je viendrai le revoir. » (Egor, 12 ans)

« Ce qui m’a émotionnée c’est l’accompagnement musical du spectacle (piano et violon). C’est la musique de Mozart. J’ai lu quelque part que c’était le compositeur préféré de Saint-Exupéry. » (Lena, 19 ans)

« C’est parfait que Le Petit Prince a trouvé son point d’atterrissage dans notre théâtre, dans le premier théâtre d’enfants au monde, né en 1918. Notre nouvelle saison sera très importante. Au mois d’octobre, nous aurons le quatre-vingt-dixième anniversaire. Beaucoup d’hôtes éminents viendront chez nous. Et le Petit Prince les saluera en disant : “Soyez les bienvenus à Saratov ! Soyez les bienvenus à notre théâtre !” » C’est ainsi que Youri Ocherov conclut notre causerie.