Arts et culture

France Gall, petite poupée de sons

« J’étais un marginal, France Gall m’a sauvé la vie. »
Serge Gainsbourg

C’est avec France Gall que Gainsbourg va réussir à séduire un très large public. France Gall était une enfant de quinze ans et demi, peu à l’aise dans son rôle de vedette. Des photos de l’époque nous font voir une fille aux yeux toujours inquiets, à la coiffure sage. Elle rencontre Serge Gainsbourg en 1964 : elle a déjà dans son répertoire quelques tubes, dont le fameux Sacré Charlemagne. Serge Gainsbourg s’intéresse à elle et lui écrit de nombreux titres aux textes malicieux et faussement naïfs : N’écoute pas les idoles et Poupée de cire, poupée de son.

Je suis une poupée de cire
Une poupée de son
Mon cœur est gravé dans mes chansons
Poupée de cire poupée de son... 

Avec ce tube France Gall remporte le Grand Prix du Concours Eurovision de la chanson en 1965. La chanson lauréate, traduite en six langues (elle l’enregistre même en japonais !), devient rapidement un tube international qui passe sur toutes les ondes.

Voilà Serge Gainsbourg enfin millionnaire, applaudi, salué et célèbre. Son auditoire s’élargit, se rajeunit, et sa notoriété ne fait qu’augmenter. Actrices et chanteuses se disputent ses compositions et Gainsbourg écrit à cette époque pour Dalida, et pour l’actrice Mireille Darc. Il semble tout heureux, il a l’air épanoui. C’est véritablement l’ouverture de l’ère Gainsbourg. Son succès ne se dément pas en 1966 avec le titre Baby Pop et surtout grâce aux Sucettes à l’anis, chanson restée dans les annales de l’époque pour le double sens des paroles écrites par Gainsbourg, interprétées par une France Gall qui semble n’avoir pas saisi l’humour du parolier. Un parolier qui n’hésite pas à affirmer : « Je choque, donc je suis. » À la radio, le succès des Sucette à l’anis est immédiat. En 1967, France Gall est élue « chanteuse pop française n°1 ».

Toutefois, cette page de sa vie n’est pas un bon souvenir pour elle, et elle ne l’évoque que rarement. C’est qu’en dépit de ce succès commercial précoce, elle reste une toute jeune fille, innocente et naïve, très protégée, qui ne profite guère de sa notoriété. Au surplus, les médias ne sont pas tendres avec elle… Sa collaboration avec Gainsbourg s’arrête brutalement. Les routes de Serge et France Gall se séparent.

Annie aime les sucettes,
Les sucettes à l’anis.
Les sucettes à l’anis
D’Annie
Donnent à ses baisers
Un goût anisé... 

Et c’est en 1967 que Gainsbourg vit une passion, qui le « marquera au fer rouge », avec Brigitte Bardot…