Mon amie la langue française
Svetlana MIKHAÏLOVA
Le français du tourisme
D’année en année, on se donne de la peine pour savoir d’avance quoi faire de nos vacances. Nous consultons les publicités, feuilletons les prospectus, compulsons les guides, envisageons toutes sortes de possibilités et nous nous creusons les méninges pour avoir des vacances inoubliables. Quels touristes sommes-nous ? Qui nous aide à nous reposer ? Que prendre pour aller où et pour faire quoi ?
L’industrie touristique. Les motivations touristiques
Le désir de pratiquer le tourisme s’explique à la fois par des conditions socio-financières favorables (congés payés, élévation générale du niveau de vie, progrès des transports de voyage, développement de l’industrie automobile) et par l’existence des motivations, inconscientes ou conscientes. L’offre touristique doit tenir le plus grand compte de ces forces psychiques qui orientent les choix et les comportements du touriste.
Les raisons de la visite d’un touriste sont classées en six catégories :
- loisirs, vacances, détente ;
- visite à des parents et/ou des amis ;
- santé : thermalisme, thalassothérapie ;
- affaires et motifs professionnels ;
- missions ou réunions diverses ;
- autres : voyages scolaires, manifestations sportives, pèlerinages etc.
Les psychologues et les spécialistes de la publicité et du marketing ont montré que le tourisme correspond à plusieurs motivations inconscientes :
- désir d’évasion – voyage ou croisière, longtemps rêvés, permettent de fuir un quotidien ennuyeux, au travail ou à la maison ;
- désir de retour aux origines : la randonnée, le ski et les sports de glisse, comme la visite de parcs naturels ou la simple contemplation des espaces – mer, forêts, montagnes, déserts – assurent un retour symbolique à la nature. Le tourisme culturel de la découverte du patrimoine, des monuments du passé et des écomusées participe à la même motivation de retour aux sources ;
- désir du plaisir – le voyage favorise les rencontres amicales ou amoureuses, exalte les plaisirs sensuels du sable, de l’eau, de la gastronomie etc ;
- désir du jeu se satisfait des fêtes, des spectacles, des animations. Le touriste adore jouer au marin, au montagnard, à l’explorateur !
- conformisme – la motivation conformiste explique le besoin d’être guidé : on part vers le pays à la mode, on achète un voyage organisé (à la façon de tout le monde !).
Un certain nombre de motivations conscientes présentes dans le tourisme rejoignent les modes et les valeurs émanants de la société actuelle. L’oubli du travail, l’ambiance du repos qui privilégie la santé, les soins du corps, les joies de l’exercice physique et de la connaissance perceptive (voir, écouter, sentir...), ainsi que le désir de connaître un relatif brassage social et d’échapper à la hiérarchie sociale, le temps d’un voyage, renforcent la demande touristique.
Les types de tourisme
Il est bien connu qu’il y a plusieurs manières de classer les formes de tourisme. Un des critères de classification est fondé sur la durée dans le temps. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) distingue deux catégories de visiteurs d’un pays : les touristes, qui passent au moins une nuit dans un hébergement collectif ou privé du lieu visité, et les excursionnistes, qui sont des visiteurs à la journée. Lorsqu’un touriste passe 1 à 3 nuits dans un hébergement, il s’agit d’un séjour. Pour une durée supérieure à 3 nuits et inférieure à 1 an, on parle de vacances ; certaines vacances peuvent aussi correspondre à une addition de séjours. La visite dont la durée dépasse une année est appelée la résidence.
Un autre critère de déterminer les formes touristiques est fondé sur les couples antinomiques (opposés) : tourisme urbain et tourisme rural ; tourisme de séjour et tourisme itinérant ; tourisme de luxe et tourisme social ; tourisme des jeunes et tourisme du troisième âge.
En se basant sur les motifs qui expliquent le développement d’une activité touristique dans une région donnée, on distingue le tourisme d’agrément (de détente), les vacances actives, le tourisme de santé, le tourisme d’affaires, le tourisme culturel.
Une autre classification, aux noms plus poétiques, a apparu ces derniers temps en France. Elle prend pour critères le patrimoine culturel et géographique du pays. Il s’agit alors du tourisme culturel, du tourisme bleu (lié à l’eau), du tourisme vert (pratiqué à la campagne) et du tourisme montagnard.
L’aménagement touristique
Le développement du tourisme est devenu inéluctable en raison de la croissance spectaculaire de la demande. Pour éviter les choix anarchiques, les phénomènes de la saturation et la destruction des paysages, les pouvoirs publics et les instances touristiques doivent fixer des objectifs et des règles strictes d’aménagement.
Trois objectifs qui doivent demeurer permanents :
- un objectif spatial, qui cherche à concilier l’équipement, la protection des sites et l’aménagement du territoire ;
- un objectif économique, qui passe par la création des aménagements nécessaires à une valorisation du patrimoine touristique et qui vise à obtenir un maximum de devises ;
- un objectif social, qui favorise l’accès de tous aux vacances (par exemple, en France – le chèque-vacances pour aider les plus démunis, en Russie – des rabais syndicaux sur les places dans des sanatoriums) et qui cherche à promouvoir les hébergements sociaux et à privilégier l’emploi des compétences et de la main-d’œuvre locales.
En parlant des méthodes modernes d’aménagement, il faut avant tout mentionner l’évaluation des ressources touristiques. Toute politique d’aménagement touristique, régionale ou nationale, implique un inventaire des ressources du territoire et prévoit leur valorisation. En effet, une ressource reste une potentialité tant qu’elle n’est pas reconnue, rendue accessible et promue.
Un document exhaustif a été réalisé par l’OMT, il classe ainsi les ressources à valoriser :
- patrimoine naturel : éléments géologiques et géographiques, climat, faune et flore, zones protégées ;
- patrimoine humain : données démographiques et socio-économiques sur la population d’accueil, mentalités, lois sociales, organisation politique, etc ;
- patrimoine culturel : sites et monuments, architecture locale, musées, manifestations sportives, scientifiques, culturelles, etc ;
- patrimoine économique : superstructures routières, ferroviaires, aériennes, infrastructures de loisirs (plages, remontées mécaniques, stations équipées) et d’hébergement, ressources économiques utilisables pour le tourisme, de l’agriculture aux services.
D’autre part, l’aménagement touristique doit se baser sur l’approche systémique et tenir compte des interrelations entre les phénomènes (l’espace, les constructions et les hommes). L’approche systémique utilise la modélisation, c’est-à-dire la représentation formalisée et chiffrée d’un phénomène ou des interactions entre les phénomènes. Ces simulations de la réalité permettent d’étudier toutes les hypothèses possibles grâce à leur vérification anticipée. Quatre documents sont à élaborer : un avant-projet, un projet initial, un projet final et un programme opérationnel. à chaque stade, il faut modéliser, tester toutes les hypothèses possibles, d’où la nécessité de prendre en considération une foule de paramètres en interaction :
- paramètres géographiques : données climatiques, physiques, hydrologiques sur le site et plan-masse des infrastructures et des bâtiments ;
- coûts et faisabilité des équipements comparés à des équipements similaires réalisés ailleurs, normes choisies ;
- respect du cadre juridique et administratif des zones aménagées ;
- financement : sources éventuelles (état, collectivités publiques), plan de financement et de trésorerie ;
- commercialisation des produits touristiques créés (promotion, distribution, recherche de partenaires).