Arts et culture
Fanny JOLY
La directrice est amoureuse
(extrait)
(Suite. Voir N°13/2009)
Le grand blond
Aujourd’hui, lundi le 23 mars, la pluie ne tombe pas pour une fois, il fait un peu plus chaud.
Les copains ont leurs cahiers de géographie devant eux et révisent. Moi, pour une fois, j’ai déjà révisé et même étudié ma leçon. Je suis donc assez calme quand monsieur Dequille arrive. Notre professeur ressemble un peu à un poisson. C’est parce qu’il porte des lunettes qu’il a des yeux bizarres comme les yeux des poissons dans un bocal.Le lundi, il est toujours de mauvaise humeur. Mais le vendredi, il est content.
Nous avons déjà noté la date des examens dans notre journal de classe, avant le week-end, mais tout est encore au tableau. Géographie, lundi le 23 mars. Français, jeudi le 26 mars. Et ça continue ainsi, deux examens par semaine, un examen par trois jours, comme des athlètes qui sautent.
Si on me demande cela, je veux bien sauter comme les athlètes deux fois par semaine et ne pas faire d’examens, mais on ne me demande pas mon idée, c’est dommage…
Monsieur Dequille pose son cartable sur son bureau et dit :
– Asseyez-vous et taisez-vous! Prenez une feuille de papier, une grande feuille. Nous allons faire d’abord l’examen de géographie.
À ce moment-là, toc-toc, il y a quelqu’un à la porte. Monsieur Dequille ne doit même pas aller ouvrir : c’est madame Nervos, la directrice, qui entre dans notre classe. Elle a un grand sourire.
Tout le monde est étonné. Quand on voit madame Nervos, elle n’a jamais le sourire : elle est toujours nerveuse quand il y a quelque chose qui ne marche pas comme il faut, et il y a toujours des choses qui ne marchent pas comme il faut.
Mais la directrice n’est pas seule. Derrière elle, il y a un jeune homme très grand (je pense bien deux mètres), blond, qui porte un costume noir et une cravate. Une seule fois, j’ai vu monsieur Dequille avec un costume et une cravate, c’est quand l’inspecteur est venu. Les autres jours, notre professeur porte toujours le même pull, le même jean, les mêmes souliers…
– Bonjour, monsieur Dequille, bonjour les enfants, dit la directrice. Aujourd’hui, c’est un grand jour pour notre école des Cloches et pour votre classe. Quelqu’un arrive chez nous. Je suis très contente de venir ici avec Édouard Ledoux, un jeune professeur stagiaire. Il vient chez nous pour trois mois !
Le grand blond est rouge comme une tomate maintenant, trop nerveux pour pouvoir dire quelque chose. Monsieur Dequille, qui laisse presque tomber ses lunetttes, demande :
– Co… com… comment ça ?
Sans répondre à cette question, madame Nervos dit au grand blond :
– Monsieur Ledoux, voici un professeur formidable, Gérard Dequille, qui travaille à l’école des Cloches depuis… depuis combien de temps donnez-vous des leçons dans notre école, Gérard ?
Comme la directrice, monsieur Dequille ne donne pas de réponse à la question posée. Il dit seulement :
– Chez nous ?… Vous voulez dire … dans ma classe ?
Le sourire de madame Nervos est encore plus grand maintenant :
– Alors, il ne faut pas avoir peur de nous dire cela, vous donnez des leçons depuis vingt-cinq ans ? Depuis trente ans ?
– Vingt-neuf, dit le professeur entre les dents.
Puis, les yeux sur le stagiaire, il demande :
– Il va être là… pour trois mois, jusqu’au mois de juin ?... Mais… je ne sais rien, je veux savoir…
Le sourire de la directrice est énorme maintenant.
Monsieur Dequille, lui, n’est pas content, non ! Mais nous, nous sommes très contents, parce que le stagiaire arrive juste avant l’examen.
– Hé, monsieur, il va venir avec nous à la leçon de sport ? demande Jacky Paratini qui est toujours le premier à parlet quand le professeur ne demande rien, mais le dernier à répondre quand le professeur pose des questions…
Monsieur Dequille va chez Jacky comme pour donner des coups. Mais au dernier moment, il regarde la directrice et demande :
– Et… où est-ce que je peux trouver de la place, moi, pour ce… ce …
– Ce stagiaire ! dit madame Nervos, sans sourire maintenant.
Jacky, qui est au dernier rang, crie :
– Ici, à côté de moi, il n’y a personne !
– Taisez-vous ! crie monsieur Dequille qui regarde la classe avec des yeux très méchants. Mais, après tout… Pourquoi pas ? Si Paratini peut rester calme ainsi, c’est déjà quelque chose !
La directrice, qui a les yeux méchants maintenant, dit que ce n’est pas le stagiaire qui doit calmer les élèves. Puis elle demande à Paul, un garçon très grand, d’aider à prendre la table libre à côté de Jacky et de poser cette table au premier rang.
Quand le stagiaire vient prendre place au premier rang, les enfants derrière lui ne voient rien : il est trop grand. Alors ils posent la table au deuxième rang, puis au troisième… Chaque fois quelqu’un crie :
– Hé, je ne vois rien maintenant !
Même les élèves qui ne sont pas derrière le stagiaire crient. C’est comme un grand jeu très amusant (mais pas pour monsieur Dequille !). Et puis l’examen de géographie n’est plus possible ainsi.
Après un long moment, madame Nervos dit :
– Bon, je pense qu’il faut installer notre stagiaire sur l’estrade devant la classe.
Monsieur Dequille tourne les yeux énormes vers la direcrtice et demande :
– À ma place ?
– Mais non, à côté de vous ! Il y a assez de place pour deux sur l’estrade !
L’examen est raté…
VOCABULAIRE
pour une fois – на этот раз
bizarre adj– странный
cartable (m) - портфель
taisez-vous (se taire) – замолчите
sourire (m) – улыбка
cravate (f) – галстук
méchant, e adj – злой
laisser tomber – ронять
coup (m) – удар
aprés tout – впрочем
raté – сорван
QUESTIONS
- Pourquoi Lison se sent bien avant la leçon de géographie ?
- Lison,que ferait-elle au lieu des examens ?
- Comment l’examen a-t-il été interrompu ?
- Ce jour-là, monsieur Dequilee était habillé autrement. Comparez sa tenue avec celle de tous les jours.
- Pourquoi la directrice est-elle souvent nerveuse ?
- Que déclare la directrice et quelle est la réaction de monsieur Dequille ?
- Pourquoi l’examen de géographie est-il raté ?
(La publication est préparée par Nadejda ROUBANIK.)