André Citroën – l’une des grandes figures du vingtième siècle

Quand un nom devient une Marque, il entre dans l’histoire. Citroën est entré dans l’histoire dès 1919. Visionnaire aux méthodes révolutionnaires, André Citroën est sans conteste l’une des grandes figures du début du vingtième siècle. Audacieux, intuitif, en avance sur son temps, doué d’un sens étonnant pour la communication, cet homme hors du commun, épris d’action et d’aventure a été au rendez-vous sinon à l’origine des progrès sociaux, économiques, technologiques et culturels de son époque.

L’homme

Fils d’un diamantaire hollandais, Lévie Citroën, et d’une polonaise, Macha Kleinan, André Gustave Citroën est né le 5 février 1878 à Paris. Orphelin de père à six ans, André Gustave est élevé par sa mère qui reprend l’affaire de négoce de diamants et de perles fines. Le premier octobre 1885, il entre au lycée Condorcet. À son inscription, un tréma est ajouté sur le « e » de son patronyme.

Il a dix ans lorsqu’il découvre Jules Verne dont il devient un lecteur assidu. Il puise dans son œuvre les grands principes qui seront les siens tout au long de sa vie : l’esprit de découverte, le sens de la compétition, le merveilleux scientifique, la recherche permanente du progrès.

L’édification de la tour Eiffel pour l’Exposition universelle de 1889 est le second événement qui décidera de l’orientation du jeune adolescent. Il sera ingénieur.

En 1898, il entre à l’École polytechnique. Il a vingt ans. Il en sort en 1900. Il pressent déjà que ce début du vingtième siècle sera l’époque de tous les défis industriels. Et il compte bien en relever quelques-uns...

À vingt-deux ans, lors d’un voyage en Pologne, André Citroën découvre par hasard un procédé de taille des engrenages en forme de chevron. Aussitôt, il comprend ce que ce procédé, transposé à l’acier, ouvre comme possibilités et en achète le brevet. C’est le début de l’une des plus grandes aventures industrielles des temps modernes.

André Citroën est impatient de nature. En 1902, il mise tout ce qu’il possède sur sa découverte polonaise : les chevrons. En 1906, la société des automobiles Mors, célèbres pour avoir battu au début du siècle des records de vitesse, le nomme administrateur directeur général. André Citroën réorganise les ateliers et définit de nouveaux modèles. En 10 ans, il fait doubler la production annuelle de Mors.

En 1912, déménagement au 31, quai de Grenelle de la société en commandite simple des engrenages Citroën-Hinstin qui devient alors la société anonyme des engrenages Citroën.

André Citroën devient également président de la chambre syndicale de l’automobile. La même année, lors d’un voyage aux États-Unis, il visite les usines Henry Ford et observe avec attention l’organisation des ateliers.

Le 27 mai 1914, il épouse Georgina Bingen, fille d’un banquier génois.

Deux mois plus tard, c’est la guerre. André est capitaine dans le 2ème régiment d’artillerie lourde de la 4ème armée. On manque d’obus. André Citroën propose au ministère de la Guerre de fabriquer dans un délai de trois à quatre mois de 5 000 à 10 000 obus Shrapnel par jour. Il installe une nouvelle usine ultra moderne sur 15 hectares dans le quartier de Javel. Les méthodes de production sont celles établies par Frederick Taylor. Le 11 novembre 1918, l’usine Citroën a fabriqué plus de vingt-quatre millions d’obus.

Ses formidables capacités de meneur d’hommes et d’organisation lui valent d’être appelé fréquemment par le gouvernement. En 1917, il réorganise le ravitaillement des usines de guerre ou encore organise les services postaux militaires. En 1918, il fera distribuer en vingt quatre heures les cartes de pain dans la région parisienne.

La guerre finie, l’usine de Javel est reconvertie. On y fabriquera une automobile d’un modèle unique et, pour la première fois en Europe, en grande série afin d’en réduire le prix et de la rendre accessible à un plus grand nombre. L’usine est un modèle d’organisation. Elle est dotée d’équipements sociaux d’avant-garde.

Pourtant, hormis ses usines, André Citroën ne possède rien. L’argent ne l’intéresse pas personnellement; c’est seulement le moyen de ses actions.

Au début des années 30, il aura réalisé la plupart de ses rêves de grand conquérant industriel. Cependant, la crise économique ne l’épargne pas. En 1934, les banques ne suivent plus, les échéances sont difficiles, les frères Michelin prennent une participation dans les usines Citroën puis à la demande des banques, la gestion. Son nouveau défi, le lancement de la traction avant ne le sauvera pas de la faillite.

Malade d’un cancer, André Citroën meurt le 3 juillet 1935. Il repose au cimetière du Montparnasse.

Le visionnaire

André Citroën comprend avant tous que la voiture n’est pas seulement un moyen de transport. En la vendant, on vend aussi un service : assistance, entretien, réparation, financement...

Pour cela, il crée :

la première société de crédit aux industriels
le premier réseau de concessionnaires
le premier catalogue de vente de pièces détachées
le service après vente, la garantie d’un an et la révision gratuite après rodage
la première société européenne de crédit à la consommation, la Sovac
le premier service de prévention des accidents routiers
les premiers panneaux de signalisations routiers qu’il marque de l’emblème du double chevron

Il crée également les premiers véhicules utilitaires légers : voitures de livraison et véhicules mixtes, à double usage, travail et loisirs.

On lui doit aussi la création d’une compagnie de taxis, d’une ligne d’autobus. Il va même jusqu’à créer sa propre compagnie d’assurance auto ! Autant d’innovations qui influenceront le style de vie de toute une société.

Parce qu’il adore les enfants – il en a quatre –, il crée la première fabrique de voitures miniatures et bientôt tout un catalogue de jouets Citroën pour enfants.

Pour faire connaître sa marque, toutes les opportunités sont bonnes. Il inscrit son nom en lettres de lumière sur la tour Eiffel et surprend le monde entier par son génie de la publicité et par ses actions spectaculaires. Surnommé le Ford Français par les journalistes américains, André Citroën est mondialement connu.

Ses méthodes révolutionnaires

Pour André Citroën, le progrès industriel doit obligatoirement s’accompagner d’avancées sociales. Dans son usine de Javel, il crée pour ses ouvrières des installations sanitaires et sociales sans précédent.

Chaque ouvrière enceinte touche une prime mensuelle, une prime de naissance et un mois de convalescence payé qu’elle peut passer dans une maison à Chaville spécialement aménagée pour les jeunes mères. L’usine intègre salles de loisirs, de jeux, de gymnastique, de couture, coopérative d’achats, cantine etc. L’infirmerie est un véritable hôpital et les soins sont gratuits.

André Citroën, l’humaniste

Profondément humaniste, André Citroën est aussi un meneur d’homme remarquable. Très tôt, il sait s’entourer d’hommes compétents, ouverts au progrès, parlant plusieurs langues, comme Georges Marie Haardt ou Louis Guillot qui le suivront dans toutes ses aventures. Ses relations sont nombreuses, sa vivacité d’esprit, sa clarté de vue et ses idées novatrices ainsi que sa perpétuelle bonne humeur et son enthousiasme lui valent de nombreuses amitiés et relations. Presque chaque jour, il visite les ateliers, salue par leur nom les plus anciens, a un mot aimable pour chacun et n’hésite pas à intervenir immédiatement si une aide est nécessaire. Partisan du dialogue direct, il est prêt à toutes les discussions en cas de conflit social.

(d’après http://www.citroen.com)
(La publication est préparée par Olga CHTANEVA.)