Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2007

Je vous salue, ma France

Salomé KINER

Petite histoire de la Sorbonne vue par une étudiante

La Sorbonne est l’Université française la plus prestigieuse et la plus connue dans le monde. Cette renommée est due à la splendeur du bâtiment, mais aussi à son histoire et à sa géographie, puisqu’elle se trouve au cœur du Quartier Latin. Si la réalité des étudiants n’est plus aujourd’hui à la hauteur du mythe, il est malgré tout passionnant, de se pencher sur ses origines et son évolution.

La Sorbonne est née en 1257. Son fondateur s’appelle Robert de Sorbon (ce qui explique son appellation). Confesseur du roi Louis IX, il crée cet endroit pour accueillir des jeunes gens pauvres et leur enseigner la théologie en latin. Les professeurs sont tous des prêtres, et bien sûr, il n’y a aucune femme. La première à pouvoir s’inscrire, sera la belle-sœur du roi Louis XIV qui règne de 1643 à 1715.

En 1635, le cardinal de Richelieu, proviseur de la Sorbonne, entreprend de grands travaux. Il fait également construire la Chapelle, qui se situe dans la cour principale, et devant laquelle chaque étudiant passe tous les jours. Le cardinal, mort en 1642, y est enterré.

En 1791, en pleine Révolution française, la Sorbonne est jugée antirévolutionnaire et est fermée. Dans ses bâtiments sont hébergés des soldats. L’université ne sera réhabilitée qu’en 1806 par Napoléon qui en fera une université impériale, c’est-à-dire un lieu d’enseignement qui mettra en avant son pouvoir tout au long de son règne.

À partir de ce moment-là et tout au long du XIXe siècle, la Sorbonne va accueillir de grands maîtres : Guizot, homme politique et historien ; Michelet, historien ; Lamarck, biologiste ; et Pasteur, chercheur, qui a inventé la pasteurisation sont les plus connus.

En 1906, on fête à la Sorbonne l’arrivée de la première femme professeur d’université en France : il s’agit de la physicienne française d’origine polonaise Marie Sklodowska-Curie, elle y enseignera la physique et recevra en 1911 son deuxième prix Nobel.

En 1910, la Sorbonne est le théâtre d’un autre événement marquant, puisque c’est en son sein que se tient une conférence internationale sur le chômage, phénomène apparu après la grande dépression des années 1890. À l’issue de ce congrès, sera créée une assurance-chômage.

En 1968, la Sorbonne devient le véritable quartier général de la contestation étudiante. Les premières barricades ont été dressées sur le boulevard Saint-Michel, à deux pas de l’Université. La crise de Mai 1968 commence dans les rues du Quartier Latin : manifestations, lancés de pavés et cocktails Molotov affronteront la police, les matraques et les gaz lacrymogènes. La révolte, d’abord universitaire, débouchera sur des grèves et une crise sociale généralisée à toute la France. Ces événements ont marqué l’image de la Sorbonne, qui représente encore aujourd’hui un certain aspect de l’enseignement universitaire français militant et actif dans les combats politiques. Cette idée s’est encore vérifiée au printemps 2006 : lors de la « crise du CPE », des milliers d’étudiants parisiens et français ont convergé vers les bâtiments de la Sorbonne pour manifester leur opposition au Contrat Premier Embauche, une loi qui, selon eux, rendait difficile l’accès au monde du travail. Les cours et l’entrée des bâtiments ont été bloqués pendant trois mois !

La Sorbonne représente donc bien le milieu universitaire français, tant par son histoire, que nous venons de parcourir, que par sa géographie : en effet, elle est située en plein cœur du Quartier Latin, centre historique de Paris. Autour d’elle se dressent le musée du Moyen Âge, le prestigieux Lycée Louis Le Grand, un des meilleurs de Paris, le Panthéon, monument dédié aux grands hommes du pays, le Collège de France et l’École polytechnique. En un mot, tous les grands édifices du rayonnement culturel français.

Cependant, la première réaction des étudiants de la Sorbonne, lorsqu’ils entendent cette histoire, est de sourire ironiquement. Pourquoi ?

Hélène, 21 ans, en 3ème année de philosophie, explique : « Je suis venue l’année dernière de Marseille exprès pour étudier à la Sorbonne. Au lieu de ça, je me suis retrouvée dans une annexe, à la Porte de Clignancourt, parce qu’il n’y a pas assez de place là-bas ! Ils n’accueillent les étudiants qu’à partir de la 3ème année. Et croyez-moi, Porte de Clignancourt, ce n’est pas le Quartier Latin ! Et puis, ici, tout est compliqué. En fait, les bâtiments sont partagés entre trois universités : Paris I, III, IV et V. Alors c’est très difficile de trouver le bon bureau, quand on cherche un renseignement. »

L’Université souffre en effet de certains manques : la place tout d’abord. Les étudiants, dans certains cours, ne peuvent pas s’asseoir.

Les amphithéâtres sont pleins à craquer. Parfois, il n’y a pas de table pour écrire.

Souvent, les professeurs sont absents. Il n’y a pas de photocopieuse, les étudiants sont obligés de sortir dans la rue. Il n’y a pas non plus d’ordinateurs publics, ni de pièce chauffée ou cantine pour déjeuner. Il faut rester dans la cour ou aller au restaurant.

Mais c’est la réaction de Daria, étudiante russe venue étudier la littérature à Paris pour un an, qui est la plus frappante : « Moi, j’avais une image brillante de la Sorbonne, et c’est pour ça que je suis venue. Mais en fait, c’est vraiment étrange. Les bâtiments, l’extérieur, le quartier sont très beaux. Mais l’intérieur, c’était une déception : il n’y a pas de bureau des étudiants, pas de cafétéria, pas d’accès à l’Internet, et peu de convivialité. En arrivant, je n’ai reçu d’aucun accueil, personne pour m’informer. J’ai mis du temps avant de rencontrer des gens, et de comprendre comment fonctionne le système. C’est très mal organisé pour les étudiants, peu d’aide pour la langue, pour le logement, pour la vie tout court. »

Ainsi, même si les Emirats arabes unis viennent d’inaugurer, à Abu Dhabi, une université Sorbonne où les cours sont dispensés par des professeurs français, ce qui témoigne encore de son prestige, la Sorbonne parisienne ferait bien de soigner son contenu, afin de ne pas perdre son rayonnement et sa réputation, qui repose sur presque 800 ans d’histoire.

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