Je vous salue, ma France
Olga VYLEKJANINA
Voir Paris et mourir ?...
(Suite. Voir NN °24/2006, 3/2007)
J’ai consacré une
journée entière pour voir le Quartier Latin. C’est le quartier des étudiants car c’est ici se trouve la Sorbonne. Il portait son nom même en Moyen Âge quand tout l’enseignement était en latin.
Ce qui m’a impressionnée le plus à Paris après la Sainte-Chapelle ce sont les églises du Quartier Latin. Sur la rue Saint-Jacques se trouve l’église Saint-Séverin qui est très large et basse. C’est un exemple magnifique de la gothique. Non loin on peut visiter une autre église – Saint-Julien-le-Pauvre qui est datée de XII-XIII siècles. Il existe encore la légende que Dante lui-même était son paroissien. Cette église a une longue histoire : elle a vu quelques révoltes des étudiants, pendant la Révolution c’était un entrepôt du sel. À l’intérieur, on trouve des vitraux très originaux, de loin on ne voit rien de bizarre mais en approchant on aperçoit la peinture plutôt abstrait.
Mais l’église la plus belle du monde à mon avis c’est l’église Saint-Étienne-du-Mont du XVIIe siècle. C’est encore de la gothique mais elle est plus éclairée avec de grandes fenêtres. Pascal et Racine sont enterrés à l’intérieur.
J’ai visité encore le musée du Moyen Âge. Au IIe siècle, c’étaient des thermes. Dans la partie nordique on voit aujourd’hui deux salles symétriques où on faisait de la gymnastique avant d’entrer dans les thermes. Une salle « froide » – frigidarium – est conservée le mieux. C’est la seule construction de la sorte sur le territoire de la France qui a conservé complètement ses voûtes. En XVe, on a construit l’hôtel de Cluny à la place des thermes pour accueillir les moines bénédictins. En 1832, Alexandre du Sommera a loué cet hôtel pour sa collection des objets du Moyen Âge. Après sa mort l’état a acheté l’hôtel et la collection et a organisé le Musée du Moyen Âge. Dans le musée, on voit des gobelins, des sculptures en bois, des vitraux les plus anciens de la France, des bijoux et une très bonne collection des objets de vie du Moyen Âge. L’œuvre archiconnu de ce musée – la tapisserie Dame à licorne. Il s’agit de six gobelins qui ont été tissus au nord des Pays Bas. Cinq gobelins sont consacrés aux allégories des sentiments : sens de vision (dame regarde dans le miroir), sens de l’ouïe (dame écoute de la musique), sens gustatif (dame goûte des gâteaux), sens olfactif (dame aspire l’arome des fleurs), sens du toucher (dame touche la corne du licorne). Sur le 6ème gobelin la dame met tous ses sentiments dans le coffre pour se consacrer au Dieu.
Le monument qui est dans la liste des visites obligatoires à Paris se trouve dans ce quartier. Il s’agit du Panthéon. En 507, le roi Clovis a fondé une première basilique destinée à abriter sa sépulture et celle de son épouse Clotilde. La pieuse Geneviève, patronnesse de Paris, a été inhumée ici. Son tombeau est devenu immédiatement l’objet d’un pèlerinage. En 1744, Louis XV a décidé de consacrer un édifice prestigieux à Geneviève après sa longue maladie dont il a attribué la guérison miraculeux à la sainte. Il a confié ce projet à l’architecte Soufflot, son collaborateur Rondelet a achevé l’édifice. Sous la Révolution, on a pris la décision de transformer la basilique en un temple digne à abriter les cendres des grands hommes de la Nation. Nous trouvons ici les tombeaux de Voltaire, Rousseau, Hugo, Dumas, Zola. À l’intérieur on voit quelques sculptures et tableaux et encore le pendule de Foucault à l’aide duquel le savant a prouvé aux spectateurs que la Terre tourne.
Je n’ai pas eu la possibilité de m’approcher de la Sorbonne car c’était la grève du CPE à Paris. L’université a été bloqué par la police et personne ne pouvait y pénétrer même les professeurs.
Mon jour suivant je l’appellerais « sous la terre, sur la terre et au-dessus de la terre ».
J’ai décidé de voir les catacombes de Paris. Ils se trouvent dans le quartier de Montparnasse. Au début du XXe siècle, c’était un centre de vie bohémienne parallèlement avec le Montmartre. Ici se trouvaient les ateliers et les appartements de Picasso, de Modigliani, de Miller. C’étaient les étudiants qui ont donné le nom à cet endroit – mont Parnasse.
Les catacombes de Paris c’est un vrai labyrinthe qui s’étend sur des kilomètres sous la terre. Après la Révolution, on a décidé d’emmener ici les os de dizaines de cimetières qui ont été liquidés pour libérer la place au centre de la ville. La place portait alors le nom – place d’Enfer, maintenant elle s’appelle place Denfert-Rochereau.
Dans mon guide j’ai lu qu’on ne peut visiter ce musée qu’avec une excursion. Quand je suis venue j’ai vu deux Américains et deux Espagnols. Il n’y avait aucune excursion, nous pouvions y aller nous-même. Les Russes sont toujours les premiers ! Je me suis précipitée dans les sombres couloires. À vrai dire je ne suis pas une fille très courageuse et je l’ai compris tout de suite. C’est interdit de visiter ce musée aux personnes nerveuses et à ceux qui ont la claustrophobie. On voit un couloir très peu éclairé et étroit, les murs pèsent sur vous de tous les côtés. Il n’y a pas de ventilation, le silence total vous entoure. J’ai commencé à tourner en arrière, je n’entendais aucun voix, devant moi était l’inconnu. J’avançais peu à peu mais j’ai fini par attendre les autres touristes. J’attendais tout le temps que quelqu’un saute sur moi de l’angle sombre comme dans les films d’horreur ou que je verrai soudain des crânes. Heureusement on voit quelques mots qui vous préviennent que vous entrez dans l’endroit de silence et qu’il faut respecter les cendres des morts. En effet vous entrez dans une salle très étroite et sombre qui est pleine d’os et de crânes. On aperçoit des cœurs, des croix et des autels fait d’os humains. Il est impossible de quitter cet endroit, on est obligé d’avancer. J’ai aperçu un Français qui s’est beaucoup intéressé à une crâne et ne cessait pas à répéter « que c’est beau, que c’est merveilleux ! ». Je pense qu’il voulait prendre cette crâne et faire une photo. 15 minutes après, je me suis habituée peu à peu à cette ambiance. J’ai marché encore une demi-heure dans ces couloirs et après je suis montée (82 marches !) hors des catacombes. Quand j’ai fait ma première gorgée d’air frais, j’ai compris que la vie est belle, elle est vraiment belle. J’ai compris à peine où je me trouvais car j’ai marché quelques kilomètres sous la terre.
Après ce voyage, j’ai pensé que c’est un bon moment pour visiter le cimetière de Montparnasse. Ce cimetière est aussi célèbre que par exemple Père-Lachaise. À l’entrée on peut prendre gratuitement le plan du cimetière avec les tombeaux des personnes fameux. J’ai aimé cet endroit très calme, appelant à la détente. J’ai trouvé tout de suite le tombeau de Serge Gainsbourg. Il est impossible de le manquer car il est orné de fleurs et de tickets de métro. Ce chansonnier a chanté une chanson de contrôleur qui faisait des petits trous dans les billets. Des Russes sont aussi enterrés ici – le tombeau du joueur d’échecs archiconnu – Aliokhine est fait comme un échiquier. Un autre héro historique est aussi sur ce cimetière – Simon Petlioura. J’ai passé assez de temps pour trouver le tombeau de l’écrivain français Huysmans, il n’est pas si connu comme Hugo et Balzac mais je l’aime beaucoup. Le tombeau de Jean-Paul Sartre et de sa femme Simone de Beauvoir est très modeste mais il n’en est pas moins touchant. Parmi les autres enterrés on peut nommer Charles Baudelaire, Dreyfus, Marguerite Duras, Ionesco, Maupassant...
J’ai fini ma promenade par la visite de la tour de Montparnasse. C’est une des tours les plus hautes du monde – 209 mètres. Elle n’est pas trop belle, les Parisiens même ont une blague que la vue de la tour est magnifique car seulement en se trouvant sur la tour on ne la voit pas. On peut monter sur le toit ou boire un café dans le restaurant au 59ème étage.
Si on parle de Montparnasse il est nécessaire de dire quelques mots sur la carrefour Vavin. Maintenant la place porte le nom de Pablo Picasso, au milieu de cette place se trouve le monument de Balzac fait par Rodin. Les critiques n’étaient pas impressionnés par sa sculpture car l’image de ce Balzac est un peu choquant.
Il existe encore un café qui était très à la mode au début du XXe siècle – Le Dôme. D’abord c’était un petit café pour les ouvriers qui jouaient au billard, les pauvres émigrants (parmi eux beaucoup de Russes) appréciaient le plus les fours chauds. Vers la Première Guerre mondiale, les poètes et les peintres ont découvert d’autres cafés : Le Select, La Coupole et La Rotonde. Tous ces cafés existent mais ce sont plutôt des restaurants avec des prix élevés.
C’était une journée vraiment fantastique, heureusement j’ai commencé par l’enfer mais j’ai fini dans le ciel sur la tour de Montparnasse d’où j’ai vu tout le centre de Paris.