Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №8/2007

Je vous salue, ma France

Les années de prospérité

Pour beaucoup de Français, les années 1960 sont synonymes d’âge d’or. L’économie française, ravagée par la guerre, se redresse. Le « baby-boom » se poursuit. La population française est jeune et nombreuse. Les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail sont mieux formées et plus efficaces. Le pays lorgne du côté des États-Unis et rêve de l’« American way of life ».1 On aspire à un nouveau confort de vie : le budget de famille, les dépenses alimentaires baissent au profit des dépenses d’instruction, de loisirs, de vacances, de santé.

Les Français vivent mieux. Les foyers s’équipent des standards de la vie moderne : eau courante et chauffage, réfrigérateur, aspirateur, radio, télévision, voiture. La multiplication des biens d’équipement ménager facilite la vie des femmes. Le mobilier des pièces de l’appartement se modifie. Dans la cuisine toile cirée, table en bois et chaises paillées s’effacent devant le carrelage et l’acier poli. Les étagères accueillent mixer et cocotte-minute. La salle de bains est équipée d’une douche ou d’une baignoire, où coule l’eau chaude. Dans le salon trône un canapé, souvent convertible,2 et poste de télévision.

L’essor des supermarchés

La distribution devient moderne avec le développement des supermarchés, des hypermarchés et de la vente par correspondance. Le premier supermarché Carrefour ouvre en 1963, en banlieue parisienne. Les habitudes alimentaires des Français se modifient selon un stéréotype moderne : « être beau, jeune et mince ». Les pommes de terre, les graisses, les plats en sauce cèdent la place aux viandes grillées, aux légumes et aux fruits, aux boissons non alcoolisées. La ligne « biscotte (tranche de pain de mie séchée au four), haricots verts, eau minérale » triomphe et annonce la vogue de la cuisine.

Le prêt-à-porter, bon marché et pratique

La mode, également, se démocratise par le développement du prêt-à-porter, moins coûteux. Les vêtements quotidiens deviennent plus commodes et le corps se libère. Ce sont les femmes et les jeunes qui bénéficient des changements vestimentaires les plus radicaux. Pour les femmes, les porte-jarretelles sont jetées contre les collants en nylon, lancés en 1965 ; la même année, le couturier Courrèges conçoit ses fameuses robes courtes. Ses mini-jupes cessent d’être droites et prennent des ailes sur les côtés pour porter le nom de « jupes trapèze ». La presse française parle alors de collection révolutionnaire. Pour les jeunes, le jean unisexe venu des États-Unis où il a été une tenue de travail, est définitivement adopté pour les loisirs par les filles et les garçons. Le pull se porte désormais en toute occasion. Le blouson, remplace veste et veston. Les petites cravates étroites en cuir sont également très à la mode.

Les Français en vacances

Les salariés disposent, désormais, de quatre semaines de congés payés. La décennie 1960-1970 voit se développer le tourisme de masse. La moitié des Français partent chaque année en vacances. Le Club Méditerranée, fondé en 1950, connaît un grand succès. Il met l’exotisme à la portée de tous. Le tourisme de proximité reste cependant prédominant : les vacances en caravane3 , le camping ou les colonies de vacances.

Une culture pour tous

C’est sous la présidence du général de Gaulle qu’est créé le premier ministère de la Culture. À sa tête, un passionné d’art asiatique, un homme engagé, un gaulliste de la première heure, André Malraux. Il désire faire de l’art « un bien commun » et définit l’objectif du tout jeune ministère par la formule : « Rassembler le plus grand nombre d’œuvres pour le plus grand nombre d’hommes ».

En 1961, la première Maison de la Culture est construite à Bourges. Les villes du Havre, d’Amiens, de Grenoble, de Reims suivent l’exemple. Ces maisons municipales proposent à tous des activités culturelles, sportives et de loisirs. Elles sont, selon l’expression du ministre, les « nouvelles cathédrales du XXe siècle. »

Paris reste le centre de la vie culturelle française. La plus grande partie de la presse, de la radio, de la télévision, des maisons d’édition, la plupart des grandes écoles et les galeries d’art, les salles de concert, les bibliothèques, les musées, les expositions sont concentrés à Paris. Les tentatives de décentralisation existent cependant. L’organisation de festivals en témoignent : Cannes pour le cinéma, Avignon pour le théâtre, Angoulême pour la bande dessinée.

L’invention du livre de poche

Le marché du livre, en France, a été renouvelé par l’essor du livre au format de poche. En 1953, Henri Filipacchi, l’un des directeurs de la librairie Hachette, lance le projet éditorial qui répond à la formule : petit format, petit prix et grands auteurs. Le livre de poche est né. C’est un grand succès : la littérature bon marché incite les Français à lire davantage.

(d’après André Castelot, Alain Decaux,
Histoire de la France et des Français au jour le jour)

1 Mode de vie à l’américaine.

2 Qui peut se transformer pour être utilisé comme un lit.

3 Remorque d’automobile, aménagée pour pouvoir servir de logement, de roulotte de camping.

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