Je vous salue, ma France

Les yé-yé

Le dictionnaire Larousse définit le terme « yé-yé » de la manière suivante : « Adjectif et nom familier donné à la jeunesse excentrique et tapageuse aux alentours des années 1964 et suivantes. »

De ses débuts à aujourd’hui, le « yé-yé » est un mouvement méprisé. Ce terme désigne un phénomène social et culturel nouveau, celui de l’apparition dans la société française d’un groupe des jeunes qui veulent rejeter des valeurs de leurs parents, et qui crient lors des concerts : « yeah, yeah ! ».

Chez les yé-yé, ce n’est que le rythme qui est important, et les paroles volent bas. Ce qui fait contraste à la « grande » chanson française de Brel, Brassens et Ferré de la génération précédente. Ils poursuivent cependant leurs carrières sans être dérangés par les petits jeunes. Jacques Brel, entre autres, connaît enfin la gloire en passant en octobre 1961 pour la première fois en tête d’affiche à l’Olympia. Les plus beaux moments de la décennie, ce seront les concerts d’Édith Piaf, usée, tragique et plus sublime que jamais à la veille de son départ. Personne n’a jamais détrôné dans le cœur des Français la chanson populaire portée très haut par Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Charles Trenet, et tant d’autres. C’est à cette époque, que Reggiani et Moustaki rencontrent leurs premiers succès de chanteurs, tandis que Gainsbourg et Barbara finiront, quelques années plus tard, par enthousiasmer la jeunesse.

D’ailleurs, à quelques exceptions près, les idoles français du yé-yé n’ont rien de fondamentalement original. Les paroles ne comptent pas trop : « Da dou ron ron… », hurle Johnny, « Shalala », rétorque Claude François…. « Hé dou wa », rajoute Sheila, radieuse.

Et pourtant, on peut affirmer que même s’il a eu une durée de vie courte (né en 1959 avec l’émission « Salut les copains » sur Europe 1, il était enterré en 1968), à cette époque, le yé-yé a tout balayé sur son passage. En un clin d’œil tout a commencé à tourner autour des jeunes, si bien que ceux-ci se sont dit qu’ils pouvaient bien imposer à tout le pays leurs goûts, leur conception de la politique et de la société. « Au travers de la musique que nous aimons tous, déclare Johnny Hallyday, sont en train d’apparaître le visage et le caractère de cette bande unique de sept millions de copains que nous formons. Entre gens qui s’entendent sur la chanson, on a toutes les chances de s’entendre sur les autres sujets... »