Éditorial
Gréta TCHESNOVITSKAYA
Parole au rédacteur en chef
Le mois de mai arrive avec ses nombreuses fêtes et ce pressentiment de la douceur proche de l’été.
Mais pour moi, ces jours printaniers sont à jamais liés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je suis née après la guerre, mais ses souvenirs font partie de ma vie. Ils restent gravés dans ma mémoire au niveau génétique. J’ai toujours l’impression d’avoir vécu cette époque tragique.
Mon père a fait toute la guerre. Il l’a commencée devant Moscou en 1941, il a participé à la bataille de Stalingrad et a été blessé sous Koursk. Très modeste, il n’aimait pas parler de ses exploits. Mais chaque année, le 9 mai, il mettait avec fierté ses décorations de guerre. Traditionellement réunis ce jour-là autour de la table familiale, nous levions le premier verre en mémoire de ceux qui avaient péri pour la Victoire.
Oui, la lutte était lourde et les pertes colossales. Comment oublier le terrible bilan de la Seconde Guerre mondiale, la plus cruelle de l’histoire : 61 États mobilisés ou affectés, 55 millions de morts, 35 millions de blessés. Les traces de cette guerre sont dans chaque famille, dans chaque destin…
Hélas, le temps passe vite. Maintenant, chaque 9 mai, mes filles viennent au cimetière pour déposer des fleurs sur le tombeau de leur grand-père. Et c’est moi, qui lève ce jour-là, le verre en sa mémoire. Malheureusement, les anciens combattants, ces témoins authentiques de l’époque de la guerre, restent très peu nombreux. Inclinons-nous devant leur exploit.