Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №9/2007

Arts et culture

Joséphine Baker : la magie noire de la « plus belle panthère »

La culture noire, la culture africaine est très à la mode : de différentes boîtes de nuit rivalisent dans les shows exotiques, la musique prends des tonalités africaines, les peintres s’inspirent de l’art primitif africain... Mais cette médaille brillante a son revers : certains comme Philippe Soupault ou René Crevel dénoncèrent les abus de cette mode nègre, ses artifices de pacotille et ses débordements de racisme. Crevel écrivit : « Pour les Blancs, les Noirs sont seulement des moyens, des occasions de divertissement au même titre que les esclaves des riches Romains pendant l’Empire ». Philippe Soupault accusait les Blancs d’avoir transformé et corrompu la beauté noire pour le simple désir de satisfaire à leurs fantasmes. Au contact de l’Europe, l’âme de la danse noire avait perdu de son authenticité. On retrouve ici le même type de critiques que pour la Revue Nègre : la vogue noire était un produit fabriqué, un archétype purement occidental.

(Suite. Voir début N° 6/2007)

Les organisateurs de la Revue Nègre décident de faire une tournée. À Bruxelles, la Revue Nègre resta une semaine à l’affiche et joua devant le roi Albert Ier. En dépit de son étrangeté, la Revue Nègre remporta presque autant de succès à Berlin qu’à Paris. Après le finale, le public était si excité par Joséphine qu’il envahissait le plateau et la portait en coulisses. Bien que le séjour de la Revue Nègre n’ait pas dépassé deux mois, cela suffit pour que le nom de Joséphine prit l’aura magique réservée jusqu’alors à Greta Garbo et Marlene Dietrich. Le Berlin Illustrierte l’appela « une figure de l’expressionnisme allemand contemporain ». Mais, sans le vouloir, Joséphine devint le drapeau d’un autre mouvement allemand à la mode : die Freikorperkultur, autrement dit le nudisme. Cependant, les Allemands de droite considéraient Joséphine Baker comme une menace à l’idéal aryen. Les chemises brunes distribuaient des prospectus dans lesquels ils l’attaquaient, la traitant de « Untermensch », c’est-à-dire de sous-être humain. Ainsi, le soir de la première, une importante manifestation hostile aux Noirs défila devant le théâtre.

En rentrant à Paris, Joséphine abandonnait également Caroline Dudley et l’ensemble de la troupe de la Revue Nègre, les mettant dans un sacré embarras.

Joséphine célébrée

Par l’impact de la Revue Nègre, la notoriété de Joséphine s’en trouva accrue et elle devint la muse de bon nombre d’artistes. Joséphine était devenue l’incarnation du modernisme primitiviste, l’art nègre des cubistes en chaire humaine et dénudée. À Montparnasse et Montmartre, elle rencontra le Tout-Paris artistique. La Rotonde et surtout la Coupole, l’établissement le plus huppé du quartier, fourmillait de célébrités. Elle y envoûta les maîtres de l’époque : le peintre Foujita la supplia de lui accorder une séance de pose. Elle posa pour Picasso, Van Dongen et Horst, nue pour Dunand, et Man Ray la photographia.

Le cubiste Henri Laurens la représenta dansant le charleston. En 1926, Alexandre Calder fit d’elle une caricature en fil de fer ainsi que plusieurs sculptures. Le plus célèbre portrait de Joséphine est un nu de Jean-Gabriel Domergue ; elle est assise, se penchant en avant, les lèvres moites, une fleur blanche dans les cheveux. Le tableau, qui était d’abord exposé au Grand Palais à Paris, fut reproduit en cartes postales. Les écrivains rendirent hommage à Joséphine. Francis Scott Fitzgerald la mentionna dans une de ses nouvelles, Retour à Babylone ; Charles Wales, son personnage, assistait en effet à ses « arabesques de chocolat ». Maurice Sachs l’évoqua dans son ouvrage Au temps du Bœuf sur le Toit. Colette la qualifiera de « plus belle panthère » et Erich Maria Remarque en parlera comme celle qui « a apporté le souffle de la jungle, la force et la beauté élémentaires, sur les scènes fatiguées de la civilisation de l’ouest ». Et ce fut Joséphine qui inspira à Paul Morand son roman Magie Noire. Morand voyait Joséphine comme une machine à danser, alimentée par une énergie primitive. Elle répondait à sa conception de l’infatigable sauvage, emplie de joie et dont l’esprit est dépourvue de complications.

Le plus bel hommage rendu à la Revue Nègre et à Joséphine dans le Paris des Années Folles fut accompli par Paul Colin qui s’empara des danseurs pour réaliser une série de dessins où il jouait sur la force et le dynamisme des couleurs. Quarante-cinq lithographies furent rassemblées dans un album nommé Tumulte Noir et édité en 1927.

Joséphine aux Folies-Bergère

La revue dans laquelle Joséphine fit ses débuts, en 1926, s’intitulait La Folie du Jour. Joséphine entrait en scène dans une lumière crépusculaire, marchant à reculons et à quatre pattes, bras et jambes tendus, le long de l’épaisse branche d’un arbre peint, dont elle descendait ensuite comme un singe. Elle ne portait rien qu’une ceinture de bananes en peluche. Ce costume, auquel elle resterait pratiquement identifiée jusqu’à la fin de sa vie, ne manquait pas de piquant. Elle exécutait sa danse sauvage de la Revue Nègre, mais cette fois en solo et dans un décor réaliste qui représentait la jungle africaine.

Même si le spectacle dans son ensemble amena les critiques d’un groupe antipornographique, Joséphine Baker s’attira de nouveaux admirateurs.

C’est d’ailleurs durant cette saison qu’elle rencontra un homme capital pour sa carrière : Giuseppe Abatino, surnommé Pepito. Il rencontra Joséphine et cette dernière discerne dans ses yeux une certaine intelligence. Il avait dix-sept ans de plus qu’elle mais cela avait peu d’importance.

Il se mit tout de suite à la tâche pour elle, passant un marché pour la pommade capillaire Bakerfix. Il décrocha un contrat de film et encouragea le projet de rédaction de ses souvenirs par Marcel Sauvage. Il l’aida même à ouvrir son premier club à Paris, Chez Joséphine, rue Fontaine, en décembre 1926. Elle dansait tous les soirs Chez Joséphine, où elle arrivait à une heure du matin après la représentation des Folies-Bergère. Elle était devenue la Baker et son nom ne se prononçait plus qu’à la française.

En avril 1927, Joséphine fut la vedette du nouveau spectacle des Folies Bergère. Les numéros comiques avaient complètement disparus. Le spectacle était uniquement visuel, avec des changements de tempo soigneusement calculés. L’une des innovations de la revue était l’emploi d’un film : tandis que Joséphine dansait, on projetait un film d’elle dansant.

Joséphine la scandaleuse à travers le monde

Après un premier film désastreux, La Sirène des Tropiques, Joséphine prit conscience avec Pepito que sa popularité s’essoufflait et qu’un changement s’imposait. Pepito avait son idée là-dessus et Joséphine l’adopta aussitôt : une tournée mondiale qui devait commencer en mars 1928. D’abord, c’était une représentation à Vienne et la tentative de l’Église d’empêcher le spectacle ce qui est devenu pour Joséphine ce qu’on appelle aujourd’hui du PR noir et ce qui a provoqué d’autant plus de succès... Lorsqu’elle quitta Vienne pour poursuivre sa tournée en Hongrie, en Yougoslavie, au Danemark, en Roumanie, en Tchécoslovaquie et en Allemagne, Joséphine continua de susciter la controverse. À Budapest, elle dut exécuter devant le ministre de l’Intérieur et un comité de censeur pour qu’on lui accorde officiellement le droit de se produire. À Prague, elle dut se réfugier sur le toit de sa voiture. En 1929, à Munich, la police interdit son spectacle sous prétexte qu’elle pouvait provoquer des désordres et corrompre les mœurs. En Argentine, on la considérait également comme une âme perdue, un objet de scandale, un démon d’immoralité.

(Collecté et adapté d’après les sites Internet)

(à suivre)

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