Arts et culture
Lialia KISSELEVA
Incendies dans le théâtre Et cætera
Du 15 au 17 mars, dans le cadre des Journées de la Francophonie à Moscou, dans les locaux du théâtre Et cætera, s’est tenue la première de la pièce du dramaturge et metteur en scène canadien Wajdi Mouawad (d’origine libanaise), Incendies.
Incendies, une pièce à couper haleine, est une part de la tétralogie écrite par Wajdi Mouawad. Un vrai chant de l’être humain qui est capable de surmonter la haine, de la transformer en silence sinon en amour. Un spectacle qui fait penser, qui fait pleurer, rire et qui laisse une trace profonde dans l’esprit et dans l’âme. Outre un sujet passionnant il y a une mise en scène originale et en même temps très organique pour une pièce comme ça : quand il faut que l’action soit précise et dynamique. Mouawad joue beaucoup avec le temps. Dans son spectacle le présent et le passé s’alternent dans le rôle du fond, il sont souvent parallèles et à la fin il s’unissent. Le metteur en scène canadien a bien su utiliser des objets et des procédés insolites pour gagner son but et mettre les accents là où il en avait besoin guidant le spectateur et lui faisant comprendre son idée. Il a créé sur la scène une atmosphère de présence, de participation du spectateur renforçant de la sorte la possibilité de la compassion. L’eau et de simples chaises sont des acteurs à part entière dans Incendies, puisque Mouawad en a donné tant d’expressivité et de symbolisme.
La pièce même nous raconte l’histoire d’une femme libanaise, Naoual, qui dans son adolescence a vécu un grand amour et a mis au monde un enfant mais les préjugés et la stagnation de son village natal le lui ont arraché. Toute sa vie elle va le chercher, à travers la guerre, l’émigration, les souffrances. Elle va mettre au monde encore deux enfants, Jeanne et Simon, mais un jour, sans raison visible, Naoual va tomber en silence et quelque temps après elle va mourir laissant à ses enfants la haine envers leur mère et l’incompréhension qu’ils devront vaincre pour trouver leur père et leur frère et pénétrer le mystère du destin de leur mère et la mesure de son amour envers eux.
Wajdi Mouawad est né en 1968 au Liban d’où sa famille a émigré en France quand Wajdi avait 8 ans. Encore 8 ans après ils ont émigré au Canada, à Québec. En 1991, Mouawad a reçu le diplôme du Collège national théâtral du Canada, et depuis ce temps il a mis en scène beaucoup de spectacles parmi lesquels Six personnages en quête de l’auteur, Troyennes, Willy Protagoras enfermé dans les toilettes. Pour le spectacle Littoral Mouawad a reçu en 2000 un prix canadien prestigieux.
Il est maintenant un des metteurs en scènes les plus prometteurs du Canada.