Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №14/2007

Arts et culture

Sylvie Vartan (1944), la star optimiste, battante et sensible

Idole de la génération yé-yé, Sylvie Vartan arrive presque par hasard dans un monde de la chanson française et à une époque où les jeunes chanteuses n’ont pas encore leur place. Avec beaucoup de naïveté et de fraîcheur, elle fait irruption dans un milieu d’hommes et dans un métier trop misogyne où elle crée la différence en apportant quelque chose de nouveau. De la même manière que Johnny Hallyday, Sylvie Vartan entraîne une génération qui lui ressemble et va la porter très rapidement au succès.

Depuis les années 1960, elle a fait 1 250 fois « la Une » des magazines, tenu la tête des hit-parades et renouvelé le music-hall. Les couturiers l’ont rêvée dans leurs robes. Le cinéma s’y est intéressé.

Il y a deux femmes en elle. La petite fille bulgare immigrée en France, et l’étincelante idole des « sixties ». Aujourd’hui, très star, elle est à l’honneur avec son dernier disque intitulé Sensible, un spectacle, une exposition de ses robes de scène et son livre autobiographique Entre l’ombre et la lumière. Les jeunes qui viennent se joindre aux cinquantenaires dans les salles de spectacle ne savent pas vraiment comment tout cela a commencé. Mais elle, celle que ses fans surnomment « la Blonde » n’a rien oublié.

« Je dois une fière chandelle à mes parents. Ils ont toujours su me donner confiance. Ils m’ont montré l’exemple. Un exemple que j’ai essayé de transmettre à mes enfants. Ma mère est Hongroise et mon père était Bulgare. Ils ont fui le régime bulgare lorsque j’avais 7 ans. Nous sommes partis pour Paris tous les quatre, mon frère, mes parents et moi, dans un wagon de troisième classe. Avec rien que des rêves, ce qui est déjà beaucoup, peut-être le plus important. J’ai eu des parents formidables. Ce nom, Vartan, c’est mon porte-bonheur. »

La France, le pays d’adoption

Sylvie Vartan est née le 15 août 1944 à Iskretz, petit village de montagne, situé non loin de Sofia, capitale de la Bulgarie. Elle passe toutes les premières années de sa vie dans la maison de ses grands-parents. Après la fin de la guerre, les parents de Sylvie s’installent en ville, dans un petit appartement qu’ils partagent avec une autre famille. Monsieur Vartan n’a qu’un seul rêve : quitter la Bulgarie pour la France où il a passé une partie de sa jeunesse. Il lui faudra deux ans de patience pour obtenir des visas et organiser leur départ vers cette terre de liberté. « Petite, je savais déjà ce qu’étaient la peur, la faim, les bons, les méchants. Je savais comment marchait le monde. »

Après deux jours de voyage en train à travers l’Europe centrale, les Vartan arrivent à Paris le 24 décembre 1952. Là, ils s’installent dans un petit hôtel, rue Montmartre, dans une chambre où ils passeront quatre ans. Monsieur Vartan trouvera du travail comme comptable, ce qui sera beaucoup plus difficile pour Mme Vartan qui ne parle pas français.

Par la suite, la famille Vartan s’installe dans un immeuble du 12ème arrondissement de Paris. C’est dans cet appartement de l’avenue du Général Michel Bizot qu’elle vit, lorsque débute sa carrière.

Sylvie aime chanter et chante bien. Après ses études au lycée, son frère Eddy la présente à Daniel Filipacchi, le fondateur de l’émission et du journal Salut les copains. Poussée par ces deux amis, Sylvie enregistre la première chanson La Panne d’essence. Premier essai, premier tube. À ses débuts, elle chante le yé-yé, puis se tourne progressivement vers des chansons-récits ou des ballades romantiques (La Plus belle pour aller danser).

En 1961, viennent les premiers disques. En 1962, Vartan se produit déjà à l’Olympia. Son joli visage et sa bonne volonté parviennent à masquer son manque d’assurance et le tremblement de sa voix frêle. Cependant, elle n’hésite pas à affronter le public sur scène. Elle participe le 22 juin 1963 à la Nuit de la Nation devant 150 000 personnes, en compagnie de toutes les idoles du moment, pour le premier concert destiné aux jeunes, organisé par Daniel Filipacchi, et part en tournée avec son grand amour Johnny Hallyday.

« L’amour c’est comme une cigarette… »

« Notre liaison était fatale, violente, forte. Je suis comme une bouteille de champagne que l’on secoue tout le temps. Je vis ma vie avec les sentiments qui l’habitent : une heure gaie, animée, légère, et celle d’après déprimée, mélancolique, désenchantée. C’est épuisant de vivre ainsi. C’est difficile de vivre si jeunes un succès aussi fou. Notre couple n’a pas été épargné. »

Le 12 avril 1965, elle épouse Hallyday. Le mariage du couple des années yé-yé (qui durera presque 20 ans) déclenche une émeute de 3 000 personnes. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit s’unir les deux numéros un des chanteurs sixties. Qu’ils soient ensemble sur scène ou pour un enregistrement suffit pour faire un succès. Le 15 août, 1966, comme pour une famille royale, la France salue l’arrivé de l’héritier légitime, David. Ses parents ne sont que les gamins : ils ont à peine 20 ans. Mais projetés sur scène tous jeunes, devenus idoles trop tôt, ils se sentent indépendants et vivent des expériences d’adultes tant bien que mal. Ça va plutôt mal entre eux, en 1966.

L’amour c’est comme une cigarette
ça brûle ça monte à la tête
Quand on ne peut plus s’en passer
Tout ça s’envole en fumée
L’amour c’est comme une cigarette
ça flamme comme une allumette
ça pique les yeux, ça fait pleurer
Et ça s’envole en fumée...

Mais Sylvie poursuit sa carrière. En avril 1968, elle conquiert à nouveau le public de l’Olympia, avec ses ballades romantiques, terminant son récital par la descente de l’escalier, comme dans les revues de l’entre-deux-guerres.

En 1970, elle présente à l’Olympia un tour de chant rénové, enrichi d’une mise en scène, d’une chorégraphie et d’éclairage dignes des meilleurs spectacles du music-hall. Adieu, petites robes simples des années sixties ! Bonjour, les plumes, le strass et les paillettes, la chevelure flamboyante ! Son répertoire fait alterner toutes les tendances qu’elle a déjà commencées à explorer. S’y ajouteront encore quelques standards de la variété américaine et quelques touches discrètes de disco. À trois reprises, en 1975, 1977 et 1978, elle prend d’assaut le Palais des Congrès à Moscou durant un mois.

Elle va ensuite voir ce qui se passe aux États-Unis et s’en inspire, avant de devenir américaine en épousant en 1984 Tony Scotti, manager et producteur américain.

Sylvie et JohnnyAprès une rupture avec Johnny Hallyday, officialisé par un divorce en 1980, on ne s’attendait plus à voir réunis à nouveau les deux idoles. Et pourtant, en 1993, on les voit tous les deux sur la scène du Parc des Princes. Eh oui, pour les trois soirées exceptionnelles, Sylvie rejoint Johnny sur l’immense scène du stade pour lui souhaiter un joyeux 50ème anniversaire. Au moment où il interprète Elle est terrible, la magnifique Sylvie traverse, assise à l’arrière d’une décapotable, et, les cheveux au vent, atteint la scène, descendant plusieurs dizaines de mètres dans un ascenseur transparent à travers lequel le public a tout le loisir de la découvrir. Puis, après un arrêt soudain de la musique, elle s’approche de Johnny pour lui chanter a capella1 Tes tendres années (succès sixties de Johnny) avant de l’enlacer pour un Happy Birthday Johnny. 180 000 spectateurs, souffle coupé, admirent ce morceau le plus émouvant du spectacle les larmes aux yeux. Juste après, les deux idoles interprètent avec brio un rock brûlant, Le Feu et Je veux te graver dans ma vie.

À partir de 1995, le public retrouve Vartan au Casino de Paris. Pendant trois semaines, à guichets fermés, elle rejoint chaque jour une foule qui hurle, scande son nom, bat des mains et tape des pieds.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, elle vit à Paris et à Los Angeles. « Question vie de famille, je suis mariée à un Américain. J’ai toujours eu l’âme voyageuse. Je vis à Los Angeles pour être près de mon mari, Tony, mais mes souvenirs, mon fils David et mes petites-filles sont à Paris. Je passe donc une grande partie de ma vie en avion ! »

Ses spectacles ont pris définitivement l’allure des shows à l’américaine, donnant autant à voir qu’à entendre : chorégraphies travaillées, ballets colorés, éclairages et chansons aux mélodies facilement mémorisables, et le public français en redemande et se presse aux guichets des salles où elle vient se donner en spectacle. Les Français aiment beaucoup cette Blonde de l’Est, heureuse d’être star, mère, épouse et grand-mère2 . Elle leur rend cet amour. Et « ce n’est pas rien », comme elle chante dans sa chanson sortie en 2004. « Seuls les mots d’amour comptent, c’est ce que dit ce nouveau morceau, qui ramène à l’essentiel. J’ai toujours aimé les chansons d’amour dramatiques. Je me suis même approprié des classiques de Brel, Piaf ou Ferré. Chanter, c’est être soi. Mes chansons ont raconté ma vie. »

La Bulgarie

Si Sylvie Vartan reste attachée à la France, son pays d’adoption, elle aime également son pays natal. « La Bulgarie, c’est le pays de mon enfance, de mes premiers souvenirs. Tout ce que j’aime aujourd’hui, c’est en Bulgarie que j’ai appris à l’aimer. Après la chute du mur de Berlin, j’ai attendu à peine un an pour y retourner. Mais ce premier séjour a été très émouvant. Pendant huit jours, j’ai versé des torrents de larmes ! Mais il y a eu aussi beaucoup d’émotions positives, notamment lorsque je me suis trouvée devant une salle entière qui chantait en même temps et qui pleurait tout autant que moi.

Tout est à reconstruire dans ce pays, et il y en a pour des années, avant que la vie des gens ne s’améliore vraiment. Et comme toujours dans ces cas-là, la situation des enfants déshérités apparaît comme insupportable. Avec mon frère, Eddy, nous avions donc décidé de créer une association, plutôt familiale et qui n’emploie que des bénévoles, pour leur venir en aide. Pour mon frère et moi, c’était une évidence de nous engager. On a consacré le plus gros de nos moyens à l’aide médicale. Maintenant, pour faire vivre cette association, je retourne régulièrement en Bulgarie. »

Depuis plus de quinze ans, l’association Sylvie Vartan pour la Bulgarie agit sans relâche pour aider les enfants. Nommée ambassadrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Sylvie va régulièrement en Bulgarie poursuivre sa bataille en faveur de l’enfance : « C’est un grand bonheur de faire partie d’une organisation aussi sérieuse que l’OMS. Cela va me permettre d’acquérir la connaissance de problèmes qui touchent les enfants, non seulement de Bulgarie, pour qui j’œuvre dans mon association, mais aussi d’autres pays. »

En 1997, le couple Scotti a adopté Darina, la petite fille née à Sofia. L’adoption de la petite Darina a totalement transformé la vie de la chanteuse. Pour le mieux, bien sûr. « Elle est l’enfant que nous n’osions pas espérer. Le fait de s’occuper d’un bébé donne l’impression d’avoir à nouveau 20 ans. J’ai retrouvé les gestes que j’avais avec David. Darina est sage, toujours joyeuse, avec un petit caractère très slave ! »

On ne se connaissait pas
on s’est retrouvé quand
toutes deux nées là-bas
du côté des Balkans

Je vais guetter les jours
les mois et le moment
où tu diras bonjour
où tu diras Maman...

(Darina, paroles et musique :
Didier BARBELIVIEN, 1998)


________________

1 Sans accompagnement musical

2 Elle donne tout l’amour du monde à Darina, la petite fille née à Sofia à l’automne 1997 et adoptée par le couple Scotti quelques semaines plus tard. Mais il y a aussi son fils David et deux filles de David, Illona et Emma.

TopList