Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2007

Arts et culture

STÉPHANIE

Des cornichons au chocolat

(extraits)

(Suite. Voir N°12, 13/2007)

Le secret de Pablo

Hier après-midi, à la fin de la Raccompagne, je me suis retrouvée seule avec Pablo et j’ai réussi à savoir son Secret.

On se raccompagne les unes et les autres à la sortie de la Ferme, on commence par chez Sophie, c’est elle qui habite le plus près, après c’est Nathalie, après c’est Julie, après c’est Valérie, c’est elle qui habite le plus loin, après c’est chez moi, après c’est Pablo.

Pablo, c’est le seul garçon de la classe qu’on fréquente, les autres garçons sont tous des débiles imbéciles crâneurs sans exception. Comme je suis la dernière des filles, il y a toujours un moment quand Pablo et moi, on reste seuls, où il me dit : « Bon, maintenant je te laisse ».

Et il part en courant très vite et j’ai jamais pu savoir où il allait aussi vite et pourquoi, en fait, il refusait que je l’accompagne vraiment jusqu’à sa porte. C’est pour ça que j’ai toujours cru que Pablo avait un Secret.

Je n’en ai jamais parlé aux autres et j’ai eu raison parce que hier après-midi, Pablo m’a dit : « Maintenant, je sais que je peux te faire confiance ».

On va chez Pablo et Stéphanie fait la connaissance de son frère handicapé qui ne peut pas marcher mais qui sait deviner les pensées des autres. L’Autre a deviné que son frère avait fait une rencontre. Avant d’avoir vu Stéphanie, il a senti que Pablo avait amené quelqu’un chez eux. Cette intuition a beaucoup impressionné Stéphanie.

Je suis entrée dans une chambre où il y avait des livres et des journaux partout, partout sur le sol, aux murs sur des rayons, partout, avec une énorme télé au milieu, avec un magnétoscope, avec aussi des piles de cassettes les unes sur les autres, et dans une petite chaise roulante il y avait l’Autre.

Il m’a regardé dans les yeux. Il m’a dit : « Tu crois que je sais lire dans la tête des gens, hein? »

J’ai répondu que oui, que j’avais cette impression depuis le début. Il m’a dit : « Je sais seulement lire dans la tête des gens qui sont comme moi ou comme Pablo. Tu fais partie de ces gens-là. On est pareils. Ce n’est pas une question de pouvoir surnaturel, c’est une question de ressemblance psychologique. »

Sur le chemin du retour, j’étais très contente de connaître le Secret de Pablo et d’avoir fait la connaissance de l’Autre. Je me suis aperçu que j’avais oublié de lui demander son prénom, mais ce qui m’a le plus sciée, c’est que j’ai eu l’impression, je suis sûre même, qu’ils étaient pas malheureux du tout. Ça, j’en suis pas revenue. Au fond, ça doit remplir leur vie, une histoire comme celle-là. Ça doit être pour ça que Pablo court toujours pour rentrer chez lui. Je me suis demandé s’il valait mieux pas avoir un frère qui souffre de polyneuropathie carentielle et pouvoir s’occuper de lui, plutôt que d’avoir personne d’autre à qui parler que Garfunkel.

L’Autre

L’Autre devient l’ami de Stéphanie, elle vient souvent chez lui et Pablo qui en vérité s’appelle Paul.

J’ai téléphoné à l’Autre.

Ce qu’il y a de bien depuis que j’ai rencontré l’Autre, c’est que je sais qu’il y a quelqu’un que je connais dans la vie et qui est toujours là chez lui près du téléphone si j’ai envie de lui parler. Avec sa petite chaise , il quitte jamais sa maison et en plus il adore téléphoner et moi ça m’a prise récemment, mais je suis en train d’établir des nouveaux records de longueur au téléphone, heureusement il y a plusieurs lignes chez moi.

Il y a une ligne pour les affaires de mon père, il y a une ligne pour les amies de ma mère et il y a une troisième ligne pour tout le monde, c’est-à-dire pour moi. J’ai demandé à mes parents qu’ils me mettent un appareil dans ma chambre et ils ont été d’accord ce qui m’a drôlement surprise, ça m’a d’ailleurs prouvé qu ‘ils se moquent bien de savoir si je travaille sérieusement dans ma chambre parce que avec un téléphone, ils devraient se douter que je ne vais plus rien faire – alors en tous les cas je m’en sers assez souvent, mais surtout pour téléphoner à l’Autre.

Un jour, l’Autre a proposé à Stéphanie de se téléphoner sans téléphone.

« C’est pas compliqué. On décide tous les deux qu’on va continuer de se parler mais on raccroche et on reste à côté du téléphone chacun de notre côté, et si on se concentre très fort, on peut arriver à continuer d’entendre ce que dit l’autre. »

J’ai trouvé que c’était une expérience formidable. Et que si on y arrivait, alors ça serait super super. On a compté un deux trois exactement en même temps, il a raccroché et moi aussi. J’ai regardé le téléphone très fort et j’ai essayé d’entendre ce que me disait l’Autre, mais j’ai rien entendu. Alors je me suis dit que peut-être il m’écoutait et je me suis mise à parler. Je lui ai dit que j’étais vraiment triste pour lui parce que Pablo m’avait appris hier qu’en fait il était pas paralysé pour du temporaire mais qu’il paraissait qu’il allait l’être toute sa vie, et que ses parents avaient décidé de lui donner tous les jours maintenant un précepteur. Je lui ai dit que je viendrais le voir régulièrement et que même s’il voulait, je viendrais m’asseoir dans son lit à côté de lui pour finir de lire Jonathan Livingston Le Goéland et que je resterais son amie pour la vie.

J’ai attendu qu’il me réponde...


Fiche pédagogique

par Tatiana JELEZNIAKOVA,
professeur de français école n°1286,
Moscou

VOCABULAIRE
réussir à – удаваться, иметь успех
se raccompagner – провожать друг друга
fréquenter – зд. водиться с
imbécile (m) – глупый, дурак
crâneur (m) – áàõâàë, õâàñòóí
en fait – на самом деле
sol (m) – земля, почва, зд. пол
rayon (m) – зд. книжная полка
pile (f) – стопка
faire partie de – быть из…, принадлежать к…
scier – зд. поражать
j’en suis pas revenue – я не пришла в себя
il vaut mieux – лучше, стуит лучше
polyneuropathie carentielle (f) – название неврологической болезни Другого
avoir envie de – иметь желание
récemment – недавно
être en train de – заниматься в данный момент, быть в процессе чего-тоãî-òî
se douter de – подозревать
raccrocher – положить телефонную трубку
pour du temporaire – временно
Jonathan Livingston Le Goéland – Чайка по имени Джонатан Ливингстон, название книжки, которую Другой дал почитать Стефани как-то раз, когда она, чувствуя себя одинокой, пришла к нему

QUESTIONS
Le secret de Pablo

1. Qu’est-ce que c’est que la Raccompagne ?
2. Qui est-ce Pablo ?
3. Pourquoi Stéphanie pense-t-elle qu’il a un secret ?
4. Pourquoi Pablo fait un jour confiance à Stéphanie ?
5. En quoi consiste le secret de Pablo ? Qui est-ce l’Autre ?
6. Décrivez la chambre de l’Autre. Qu’est-ce que la chambre dit sur son maître ?
7. Est-ce que la chambre de l’Autre ressemble à la vôtre ?
8. Qu’est-ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce nouveau personnage ?
9. L’Autre, comment explique-t-il ses capacités extraordinaires ? Et vous, comment les expliquez-vous ?
10. La rencontre avec l’Autre, comment a-t-elle influencé la jeune fille ? Quelles nouvelles pensées et sentiments éprouve-t-elle ? Comment cette rencontre enrichit-elle ses reflexions sur la vie en famille, sur les rapports entre les gens, sur le bonheur et le malheur ?

L’Autre
1. Qu’est-ce que nous apprenons de nouveau sur la vie de Stéphanie et sur ses relations avec les parents ? Comment un simple téléphone peut-il parler des gens ?
2. L’Autre, comment est-il ? Qu’est-ce qu’on apprend de nouveau sur lui ? Pourquoi Stéphanie, a-t-elle besoin de lui ?
3. Quand on s’est téléphoné sans téléphone, qu’est-ce que nous avons appris sur Stéphanie ? et sur l’Autre ?
4. Est-ce que l’Autre a entendu Stéphanie ? Est-ce qu’il lui a répondu ? Qu’en pensez-vous ?
5. Est-ce possible de se comprendre sans paroles ?

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