Je vous salue, ma France
Galina MELNIKOVA
À table
(Suite. Voir N°22/2007)
Table de tous les jours
Les Français sont très attachés aux traditions de leur cuisine. On se moque souvent des voyageurs français qui sont capables de réclamer un steak-frites dans un pays lointain... Si le steak-frites est toujours un grand classique, il n’a jamais constitué la base unique de l’alimentation, loin de là ! à l’inverse, les goûts et les préoccupations diététiques imposent une très grande variété dans les menus.
Ce qui a beaucoup changé, c’est le contenu de l’alimentation quotidienne. Il n’y a guère qu’à la campagne et dans les petites villes de province que l’on continue à manger tous les jours des plats cuisinés comme autrefois, préparés à base de légumes du jardin ou achetés sur le marché. Partout ailleurs – et surtout dans les villes – la nourriture s’est diversifiée. Certains aliments, naguère considérés comme des produits de luxe sont devenus maintenant accessibles à tous. Le gigot d’agneau ou le saumon sont presque aussi banals que le bon poulet. Mais, les classes moyennes et supérieures ont pris goût à des produits naturels autrefois réservés aux plus pauvres, comme le pain noir ou les légumes cuits à l’eau. Les Français se sont habitués à consommer des produits venus d’ailleurs. Des plats qui passaient pour « exotiques » sont devenus courants : les pizzas, la paella, le couscous (cité en quatrième position dans les plats préférés des Français), la cuisine asiatique. On boit moins de vin à table.
La façon de manger a beaucoup changé aussi, puisque de plus en plus de Français prennent le repas de midi à l’extérieur de chez eux. Le petit déjeuner est toujours rapide et frugal (on avale un café ou un café au lait, dans lequel on trempe une ou deux tartines). Le déjeuner est un repas beaucoup moins important qu’il ne l’était. Beaucoup d’enfants et d’adultes déjeunent à la cantine de leur école ou de leur lieu de travail. Certains se contentent de manger « une bricole sur le pouce », un plat unique, ou même un sandwich ou un croque-monsieur. C’est le dîner qui est devenu pour beaucoup le repas principal. La plupart des gens considèrent, en effet, qu’il est indispensable de faire au moins une fois par jour un vrai repas, d’une part parce que c’est nécessaire à la santé, d’autre part parce que c’est un moment important dans la vie de famille.
La cuisine de tous les jours est loin d’être gastronomique ! C’est de plus en plus une cuisine vite faite, à base de produits surgelés, de conserves, d’aliments précuits, de salades vendues épluchées et sous vide, de sauces d’assaisonnement toutes prêtes, de plats cuisinés achetés au supermarché. Depuis quelques années, dans les grandes villes, se sont développés aussi des services qui permettent de commander par téléphone et de se faire livrer à domicile, dans l’heure qui suit (pour un prix très abordable), des plats tout préparés : pizzas, couscous, etc.
On mange davantage en dehors des repas. Alors qu’il y a vingt ans, les parents interdisaient à leurs enfants de manger avant le repas (« Tu n’auras plus faim à table ») ou même après (« Tu n’avais qu’à manger à table »), petits et grands ont pris maintenant l’habitude de grignoter, à n’importe quel moment de la journée ou le soir devant la télévision, des chips, des fruits secs, des friandises, en buvant du coca-cola ou des sodas...
VOCABULAIRE
saumon (m) – лосось, сёмга
frugal, -e adj – скромный, простой
manger une bricole sur le pouce – съесть что-нибудь на скорую руку, на ходу
sous vide – в вакуумной упаковке
livrer à domicile – доставить на дом
Je vous invite à dîner
Lorsqu’ils ont des invités, les Français s’efforcent de faire la cuisine. Il serait inconvenant de proposer à des amis ou à des parents un repas tout fait, pour lequel on n’aurait pas fourni le moindre effort ! Même s’il s’agit d’un dîner « à la bonne franquette », « sans faire de chichis », on considère qu’un vrai repas doit comporter au moins un hors-d’œuvre, un plat de viande ou de poisson accompagné de légumes, un plateau de fromages et un dessert, le tout arrosé de vin.
Pour un repas plus cérémonieux, prévu à l’avance, on « met les petits plats dans les grands ». C’est important de passer du temps à mijoter de bons petits plats. On prépare un beau plateau de fromages, on sort une nappe et de la jolie vaisselle. On sert l’apéritif et des amuse-gueule : biscuits salés, olives, cacahuètes, et même éventuellement des petits canapés (petits toasts). Pendant le repas, on ouvre de bonnes bouteilles de vin et après le café, on propose des digestifs.
VOCABULAIRE
inconvenant, -e adj – неприличный, неуместный
à la bonne franquette loc. adv. – разг. попросту
chichi (m) – разг. жеманство, кривлянье ; faire des ~s кривляться ; sans faire des chichis запросто, без кривляний
amuse-gueule (m) – закуска к аперитиву
cacahuètes (f, pl) – арахис
Tchin, tchin
Le vin fait tout autant partie du patrimoine français que le steak-frites. Pourtant, jusqu’au XIXe siècle, les ouvriers buvaient surtout de l’alcool. C’est seulement à partir de la Première Guerre mondiale que le vin s’est démocratisé (« le vin du poilu »). Le vin est devenu aujourd’hui la boisson la plus populaire et fait partie de la vie quotidienne, puisqu’une personne sur deux boit du vin à table. On boit en France autant de vin que d’eau minérale. Ce qui a changé, c’est qu’en moyenne, on boit du vin en moins grande quantité, mais de meilleure qualité.
Le vin a de nombreuses vertus. Pendant longtemps, on allait jusqu’à le prescrire pour raison médicale, parce que c’était un fortifiant, qu’il était bon pour le sang, etc. Il est en tout cas toujours associé au bien-être, à la fête, aux plaisirs des retrouvailles – il désaltère, il délie les langues, il rend gai – si bien qu’il est pratiquement impossible de refuser un verre de vin dans certaines occasions.
Dans les milieux populaires, la consommation d’alcool est souvent associée à la virilité. Un des rites d’initiation, lors du service militaire, consiste à « prendre une bonne cuite ». Ensuite, un homme, un « vrai » se doit de bien « tenir l’alcool » ; il doit apprendre à boire sans saoûler. Si on tolère des convives « un peu pompettes », une personne saoûle suscite l’indignation générale. L’homme alcoolique (« un homme qui boit ») est banni de la société, et la femme alcoolique encore davantage.
VOCABULAIRE
poilu (m) – воен. разг. солдат-фронтовик (в годы первой мировой войны) ; le vin du poilu вино солдата-фронтовика
fortifiant (m) – укрепляющее, тонизирующее средство
retrouvailles (f, pl) – встреча после разлуки
délier vt la langue – развязать язык
virilité (f) – мужественность
prendre une bonne cuite – здорово напиться
saouler (soûler) – напиться, быть пьяным
pompette adj разг. – пьяненький, под мухой
bannir vt – прогонять, гнать