Je vous salue, ma France
Nadejda ROUBANIK
La Bibliothèque Nationale de France (BNF)
L’histoire de la Bibliothèque Nationale compte des siècles. Elle remonte vers le XVe siècle, lorsque le roi français Charles V fit installer, dans la tour de la Fauconnerie du Louvre, sa bibliothèque particulière qui comptait 917 manuscrits, alors qu’à cette époque-là il y avait très peu de livres en circulation. Nous parlons alors de la naissance d’une bibliothèque royale. Mais le vrai fondateur en était Louis XI (roi de 1461 à 1483), car à partir de son règne, la collection est soigneusement conservée et enrichie par des manuscrits d’Antiquité et des premiers imprimés, rapportés des guerres d’Italie.
Puis, transportée à Amboise et plus tard à Blois, la future Bibliothèque nationale s’est enrichie de la collection de François Ier, assemblée à Fontainebleau. Ramenée à Paris avec de nouvelles collections, elle a ouvert ses portes aux savants et aux curieux, une fois par semaine, de 11 heures à 1 heure de l’après-midi. À l’époque, le bibliothécaire en était un abbé, nommé par le roi en 1719.
Plus tard, sous le règne de Napoléon III, la Bibliothèque devint impériale. Elle fut agrandie et transférée rue de Richelieu, dans le 2ème arrondissement, rue des Petits-Champs. C’est alors qu’on lança le catalogue général des livres imprimés, dont la partie consacrée aux « auteurs » ne fut terminée qu’en 1981 !
Déjà au XXe siècle, la Bibliothèque est installée un peu partout, dans Paris et à Versailles. Le nombre des ouvrages déposés va toujours croissant, avec 390 en 1780 et 45 000 en 1993 ! Il en est de même pour le nombre de visiteurs. Un autre problème, c’est la conservation des ouvrages. Vers la fin du XIXe siècle, on fabriquait le papier avec de la pâte à bois et non plus du chiffon. Le papier commence à s’abîmer avec le temps. Comme résultat, parmi les deux millions d’ouvrages français publiés entre les années 70 du XIXe siècle et 1960 et conservés à la Bibliothèque nationale, 90 000 étaient définitivement perdus et encore plus d’un million sont en danger jusqu’à présent.
Le problème devenant de plus en plus aigu et urgent, le président François Mitterrand propose, en 1998, de construire une très grande bibliothèque, qui soit munie des technologies les plus modernes, avec Internet, et ouverte à tout le monde.
Parmi les projets présentés on choisit celui de l’architecte Dominique Perrault. Il propose de placer, sur un socle évidé, quatre tours d’angle en forme de livres ouverts, chacune haute de 80 mètres. Elles abritent 7 étages de bureaux protégés par des volets de bois mobiles et encore 11 étages pour les stocks, appelés magasins, toujours protégés par des panneaux de bois et des matériaux insolents. Et au milieu des tours, on peut se reposer en paix dans un jardin public de plus d’un hectare.
À l’intérieur, il y a une grande salle de 2 000 places équipée de 500 000 volumes est ouverte à tous et une autre salle pouvant accueillir 1 600 chercheurs. La capacité de la Bibliothèque nationale a été multipliée par six. On y compte au total plus de 13 millions de livres et d’imprimés, environ 350 000 périodiques et 250 000 manuscrits, dont le plus ancien, un manuscrit égyptien, qui est aussi le plus vieux livre du monde, fut rédigé vers 2000 avant notre ère. Il est appelé « le papyrus Prisse ». La Bibliothèque renferme aussi des livres rares et précieux, des ouvrages dans lesquels les auteurs ont porté des corrections ou ceux que des personnalités célèbres ont annotés.
Pour conserver les collections, un système de préservation n’a pas cessé d’être développé au fil des siècles. Les techniques étaient différentes : d’abord, c’était la reliure, puis on a passé à la reproduction des ouvrages abîmés et enfin on a fait recours aux traitements chimiques. Maintenant, certains documents sont reproduits en microfiches et microfilms. À l’intérieur des magasins, où la température est maintenue à 18°C, on a imaginé un système de climatisation et de conservation. On a même pensé à organiser des ateliers pour retirer l’acidité du bois avec lequel on fabrique le papier.
Quelle est donc la tâche primordiale d’une bibliothèque, et surtout de la Bibliothèque nationale de France ? C’est bien le catalogue, dans lequel chaque ouvrage est documenté selon son auteur, sa forme, son contenu et parfois même son histoire. Le catalogue de la Bibliothèque de France sert de référence pour connaître tous les documents édités en France pendant les siècles passés et surtout à présent.
C’est grâce à l’informatique que la BNF est devenue la bibliothèque de toute la France. Elle est reliée aux autres réseaux du globe et collabore avec les bibliothèques du monde entier. Sur Internet, on peut trouver la localisation des millions de documents dans les plus grandes bibliothèques de France et consulter à distance 50 000 collections de la Bibliothèque.
Maintenant, la Bibliothèque Nationale, c’est à Tolbiac, mais il n’y a pas longtemps, elle se trouvait dans le 2ème arrondissement de Paris, rue de Richelieu. Le déménagement de la rue de Richelieu à Tolbiac a duré 54 mois, et à présent les trésors de la Bibliothèque sont répartis en 180 kilomètres d’étagères d’imprimés. Aujourd’hui, les salles de la rue de Richelieu abrite la plus variée et la plus riche collection du monde d’estampes : 12 millions de cartes postales, de photos, d’affiches, de dessins, même de cartes à jouer, d’échantillons de tissu ou de papier peint voisinent à des gravures signées Rembrandt, Toulouse-Lautrec et d’autres maîtres. Vous y trouverez 800 000 cartes et plans, dont la plus ancienne est la carte marine occidentale. C’est la carte « pisane » rédigée dans les années 1200. Dans la rue de Richelieu se trouve aussi le département des Monnaies, Médailles et Antiques, qui est né de la collection des rois de France. On y trouve « l’écu d’or » de Saint-Louis (1266-1270), le « mantelet d’or » de Philippe IV (1305), la « couronne d’or » de Philippe VI (1340), avec encore plus de 530 000 monnaies et de médailles.