Le voyage à travers les Terres de Soleil

L’été dernier, le groupe d’étudiants de la faculté des langues étrangères de l’Institut pédagogique des sciences humaines de Moscou a réalisé un stage linquistique à la Terre de soleil – en Provence. Сe stage a été organisé par l’Association des échanges des pays d’Aix – Europe de l’Est. Fascinée, j’aimerais faire part de mes impressions.

On nous a logés dans des familles françaises à Aix-en-Provence, une cité de charme avec des bastides au pied de la montagne Sainte-Victoire. Celle-ci, un repère à l’est d’Aix-en-Provence, domine ce pays vert. Sainte-Victoire est devenue un modèle favori de la peinture de Cézanne, originaire de cette région.

Nous avons suivi les traces de Cézanne en commençant par son logis natal et finissant par son dernier domicile – l’atelier du chemin des Lauves, perché sur une colline au nord de la ville à l’ombre d’un jardin silencieux. Le peintre y a passé cinq dernières années de sa vie et y a créé, entre autres chef-d’œuvres, Les Grandes Baigneuses. Aujourd’hui c’est un musée qui a gardé le caractère que Cézanne lui a donné. Si aucune de ses toiles n’est exposée, en revanche y sont rassemblés les objets familiers de l’artiste, indissolubles de son œuvre. La ville d’Aix-en-Provence est aussi une ville thermale. Au XVIII^e siècle, des établissements thermaux ont été construits sur l’emplacement des thermes romains. On appelle souvent la Provence le pays de la lavande. On s’en est assuré ayant pris part à la fête de la lavande à Valensole, dans le village environnant. Quintessence de la culture provençale, parée de vertus légendaires, la lavande exhale une fine fragrance pénétrante, à la fois piquante et fleurissante. Les traditions de la mettre dans les armoires de linge, de produire plusieurs sortes de savons et d’eau de toilette font la lavande incomparable. Ce jour-là nous avons eu la chance de goûter les produits faits de cette plante : miel, gâteaux, toutes sortes de baumes, vins, même pâté !

Ce qui m’a surtout surpris ce sont des drands et de petits marchés. Ils possèdent leur propre génie, celui d’un jeu chaleureux et sincère. Puisque c’était l’été, les étals se multipliaient et les artisans se joignaient aux maraîchers. Les tissus avoisinaient avec le miel de lavande et la tapenade (plat traditionnel d’anchois, d’olives et de câpres), le menuisier y exerçait son métier et la plante d’olivier se transformait en saladier. Dès le matin tout le monde va au marché : pour flâner et faire ses courses, boire un petit café ou un pastis (liqueur locale), pour bavarder avec les gens du pays et se laisser séduire par la faconde des forains, leur générosité des bons mots et des conseils de cuisine, surtout pour le plaisir de goûter ce qui fait la richesse du quotidien, par exemple, les calissons. Cette confiserie est composée d’amandes mêlées à de fruits confits sélectionnés (nottamment des melons) et aux sirops des fruits. La légende dit qu’ils étaient une régalade pendant le repas de noces du roi René (l’histoire de la ville d’Aix est liée à son nom) et Jeanne. Ces calissons sont créés par le pâtissier de la cour qui aimait la nouvelle reine. Il est curieux que plus tard, quand « Grande Peste » de 1630 a ravagé la contrée et a dépeuplé les villes, le calisson avait une réputation de remède contre ce mal terrible. La recette complète des calissons reste un secret que les « calissoniers » se transmettent de père en fils. J’ai retenu ce pays comme le lieu où se réunissent la beauté de la nature et le raffinement de l’art de vivre. C’était un voyage qui m’a ouvert certains des plus beaux horizons du monde mais qui ne m’a pas encore révélé le secret de la Provence.