Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №3/2008

Arts et culture

Le charme indéniable de Richard Bohringer

Il aime la pluie et les recoins les plus sombres des lieux et des consciences.

Ses yeux, incroyablement grands, aux coins extérieurs baissés. Son sourire, très ouvert, sourire d’un enfant naïf. Sa voix rauque, plutôt un chuchotement, une voix qui se fait écouter. Sa fille qui a hérité non seulement son sourire mais aussi son talent.

Richard Bohringer, un des plus grands comédiens de son temps. Mais aussi bluesman et écrivain de talent.

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Dans son visage, les traits strictes et comme ciselés, hérités par Richard de son père Allemand, sont adoucis par le charme français – cadeau de sa mère Française.

Il acquiert très tôt un goût prononcé pour le jazz, qu’il découvre à Paris en fréquentant les bars et les caves de Saint-Germain-des-Prés et en s’abreuvant sans retenue des disques de ses idoles, John Coltrane ou Charlie Parker. Ses débuts difficiles, il les doit à une jeunesse tumultueuse par laquelle son désir de devenir artiste et écrivain l’entraîna à fréquenter des gens peu recommandables. Il va s’adonner aux plaisirs des drogues, douces et dures. Puis, l’occasion lui est donnée d’écrire certaines pièces de théâtre, et c’est ainsi qu’il rédige Zorglub en 1966, Les Girafes en 1967 et quelques petits scénarios pour des films qui ne se feront jamais. Par hasard, il décroche un rôle dans L’Italien aux roses, un film de Charles Matton en 1972. Sans le savoir, il va entrer de plein fouet dans une carrière cinématographique prolifique qui l’imposera bientôt comme l’un des piliers du cinéma français. Alain Cavalier fait appel à lui pour un petit rôle dans Martin et Léa en 1978, dans lequel Claude Zidi le remarque et le fait tourner dans L’Animal en 1977 et dans Inspecteur la Bavure en 1980. La même année, Bohringer joue sous la direction de François Truffaut, qu’il admire, dans Le Dernier métro aux côtés de Gérard Depardieu et Catherine Deneuve. Le public le découvre. Il impose petit à petit une profondeur très personnelle à ses personnages, souvent des « méchants » dans ses débuts, avec une force de caractère puissante et fragile à la fois. Laissant ses travaux d’écriture derrière lui, il se consacre pleinement au septième art comme un ogre au travail, enchaînant tournage sur tournage, éternel second rôle, mais avec une présence qui lui vaut toutes les attentions. Sa silhouette se dessine avec toujours plus d’assurance dans La Boum, en 1980 également, dans Les Uns et les autres, Le Grand pardon en 1981, et, la même année, la perle de Beinex : Diva. Bohringer explose.

Dès cette date Richard Bohringer va tourner comme un aliéné (trente films en huit ans), en compagnie des plus grands acteurs du moment et sous la joute de réalisateurs comme Sautet, Besson, Amar, Deville, etc. Ses prestations lui valent le César du meilleur second rôle en 1984 pour L’Addition de Denis Amar, et la consécration en 1988 dans le film touchant de Jean-Loup Hubert, Le Grand chemin, pour lequel on lui remet le César du meilleur acteur. Ce personnage qu’il interprète, à la fois renfermé, grossier, gueulard et tendre, compose avec une grâce gauche mais émouvante la tonalité de jeu de l’acteur, le caractère même de l’homme sous les traits du comédien.

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On le retrouve dans Après la guerre et La Reine blanche, les deux films suivants de Jean-Loup Hubert, avant que Bohringer ne se consacre tout entier, et au rythme moyen de cinq films par an, dans le registre de la comédie dramatique. Il accompagne Gérard Jugnot dans Une époque formidable en 1991, Lhermitte et Noiret dans Tango en 1992 ou encore Hippolyte Girardot dans Confession d’un barjo.

Depuis, l’acteur tourne toujours au même rythme, s’enlisant malheureusement dans de grands rôles au cœur de petits films (Le Montreur de boxe), ou de petits rôles au sein de grands films (Les Caprices du fleuve, Rembrandt, etc.). Malgré une filmographie record de plus de 70 films, Bohringer n’est pas homme à poser ses limites aux abords intérieurs du cinéma français. Peu d’entre nous se souviennent qu’il fut le narrateur exceptionnel du Petit Prince au petit écran, sans doute le meilleur que la minuscule planète de ce petit bonhomme ait portée. La télévision n’est pas en reste donc, puisque l’acteur est la star d’une vingtaine de téléfilms. Un homme en colère, une série dont il a tourné quelques titres, lui a déjà valu un 7 d’or. La plume n’a pas manqué de le chatouiller durant sa carrière d’acteur effrénée, et Bohringer s’en est retourné par deux fois à son premier amour : l’écriture.

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Romane Bohringer,
la fille de l’acteur

Ainsi naquit le magnifique C’est beau une ville la nuit, dans lequel Bohringer érige avec poésie une flambée de lumière dans les veines sombres des bas quartiers de Paris, laquelle émane du cœur des prostituées, des mains tremblantes des paumés décrépis, du fond des bouteilles qui se vident, au creux de nulle part, ou commence la vie et naît le chaos. Rares sont les écrivains qui ont su décrire avec une telle authenticité doublée d’une affection sincère le monde de la nuit. Suivra Le Bord intime des rivières. « C’est beau une ville la nuit » deviendra par la suite le titre de l’émission de radio phare que Richard Bohringer a animée avec passion sur l’antenne d’Europe 2.

En marge de tout ceci, et pour en finir avec les facettes éclectiques du personnage, rappelons que l’acteur-écrivain-animateur a enregistré deux albums musicaux à ranger dans la catégorie Blues en compagnie de Jean-Jacques Milteau et Paul Personne.

Mais ce qu’il a fait aussi, il a donné au monde sa fille Romane qui est devenue une actrice vraiment étonnante et a hérité ce fameux sourire de son père.

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