Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2008

Je vous salue, ma France

L’Alsace

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Sur la frontière est de la France, il existe une province d’une profonde originalité : l’Alsace. Elle fut longtemps disputée entre la France et l’Allemagne. Française depuis le XVIIe siècle, allemande de 1870 à 1918, française de 1918 à 1940, allemande de 1940 à 1944 et revenue à la France depuis. Cette province a revendiqué haut et fort son attachement à la nation française.

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Le dessinateur Hansi nous a laissé une image, devenue traditionnelle, de l’Alsace, celle que l’on trouve dans les villages qui conservent encore leurs remparts et leurs portes fortifiées, leurs maisons sur les toits desquelles nichent des cigognes, les couleurs vives : ocre, bleu, vert ou tout simplement le blanc du crépi entre les poutres du colombage. Dès le printemps, ces maisons s’ornent de fleurs, surtout de géraniums rouges aux fenêtres. On ne voit plus qu’à certains jours de fête les femmes avec leur ample jupe et leur large coiffe noire, les hommes avec leur redingote et leur bonnet de fourrure. Mais toute l’Alsace est là, qui vous attend.

Hansi, dans son Histoire d’Alsace, a représenté Rouget de l’Isle, interprétant à Strasbourg son chant de l’armée du Rhin. Ce chant, porté par des volontaires venus de Marseille, deviendra un siècle plus tard, La Marseillaise, hymne national de la France.

La scène se situe dans un ciel étoilé où se dresse la flèche de la cathédrale et où s’envolent les volontaires qui vont sauver la Révolution française en 1792.

La plaine d’Alsace s’étend entre le Rhin et les Vosges. Les prairies rases et les forêts de sapin couvrent les crêtes vosgiennes. La vigne monte à l’assaut des collines. Elle produit un vin fruité essentiellement blanc. La plaine donne l’orge et le houblon nécessaires à la bière, le chou pour la choucroute, la betterave pour le sucre, le maïs pour les animaux. Il faut ajouter les arbres fruitiers pour le kirsch, la mirabelle et autres liqueurs et alcools.

De grandes villes ponctuent la plaine.

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Strasbourg. Sa cathédrale gothique pointe fièrement sa flèche, véritable dentelle de pierre. Il faut la voir depuis la rue bordée de maisons anciennes, rendue étroite par la hauteur même de sa façade. On interprète sur cette façade les scènes sculptées pour des hommes qui ne savaient ni lire ni écrire, mais pouvaient reconnaître scènes et personnages, et qui nous apparaissent aujourd’hui comme un véritable cinéma muet, souligné du son grave du bourdon, la grosse cloche de la cathédrale qui sonne les grandes heures de la journée. On y voit la création du monde, la parabole des vierges sages et des vierges folles, les vertus… Il faut lever les yeux vers les 142 mètres de la flèche, entrer sous les voûtes sombres, et aller consulter l’heure à l’horloge astronomique, conçue au XIXe siècle. Y défilent les chars des sept jours de la création, à midi les apôtres saluent le Christ qui les bénit, tandis que le coq chante trois fois.

Il faut flâner dans ses vieux quartiers aux maisons traditionnelles, parcourir les quartiers bâtis au XIXe siècle, à l’époque allemande et jeter un coup d’œil sur l’architecture contemporaine, celle du Parlement européen et celle de la Cour européenne des droits de l’homme.

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Colmar. Son quartier, dit de la « petite Venise », avec ses maisons du XVIe siècle dressées directement au bord de l’eau et, au sein du musée Unterlinden, une merveille, le retable d’Issenheim exécuté au début du XVIe siècle par Mathias Grünewald. La puissance de la peinture est extraordinaire, la crucifixion montre le corps du Christ déjà en putréfaction, ses bras tordus, ses mains crispées. La Vierge Marie renversée, vêtue de blanc, est soutenue par Jean Chrysostome, vêtu d’une tunique rouge sang. Elle est entourée de l’autre côté par Jean-Baptiste serein, vêtu lui aussi de rouge sang, qui annonce au-delà de la mort le triomphe du baptême : un jeu de couleurs et de mouvements qui crient le drame et l’espoir.

D’autres villes conservent de pittoresques quartiers anciens. Mais le vrai climat de l’Alsace, ce sont les petits villages qui parsèment les collines du vignoble, certains intacts depuis des siècles, tel Riquewihr, ceint de remparts, dominé par son château.

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À Riquewihr, petit bourg fortifié de 1 200 habitants, près de deux millions de touristes se pressent chaque année, essentiellement en été. On a là l’idée exacte de ce que pouvait être une petite ville du XVIe siècle vivant essentiellement de la vigne et du vin, le riesling. Mais il y a aussi Kaysersberg, Obernai, Ribeauvillé et tant d’autres au long de ce que l’on appelle la « Route du Vin » qui multiplie les points d’arrêts et de dégustation chez les producteurs.

Flâner dans ces villages permet d’avoir la vision d’un hôtel de ville du XVIe siècle avec son grand escalier, d’une église romane du XIIe siècle avec sa lourde architecture de granit rose, d’un temple protestant du XVIe siècle au style gothique tardif, d’une synagogue du XIXe siècle au style éclectique, vaguement byzantin. Car l’Alsace a réuni toutes les religions de l’Occident. On peut y voir d’émouvants cimetières juifs, leurs dalles gravées, penchées, dans des paysages qui évoquent l’Europe de l’Est.

Ces villages, il est bon de les voir lors de la saison des vendanges et de leurs fêtes en octobre. Ou pour certains, comme Kaysersberg, lors des marchés de Noël, en décembre, lorsque les rues s’illuminent d’échoppes garnies de gourmandises et d’ornements pour les arbres de Noël.

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C’est du Haut-Koenigsbourg qu’il faut contempler la plaine d’Alsace. Voici l’un de ces châteaux dont l’origine remonte au XIIe siècle, lorsqu’il fallait garder les grandes voies de commerce qui permettaient entre le nord et le sud, l’est et l’ouest un échange de blé, de vin, de métaux, de sel. Reconstruit entièrement par l’empereur allemand Guillaume II à la fin du XIXe siècle, il présente un parfait exemple d’architecture militaire féodale, au contact des richesses de la plaine et des forêts vosgiennes. Car, si la plaine respire richesse et sérénité, les Vosges derrière le château étendent leurs pentes vallonnées, couvertes d’une impressionnante forêt de sapins, à la fois sereine et inquiétante.

Si vous en avez le courage, allez jusqu’au Hohneck par la route des crêtes. Là, près d’un vieil hôtel, vous aurez un panorama extraordinaire qui embrasse d’un côté les chaumes et les lacs, de l’autre les sommets vosgiens avec un brusque dénivelé qui creuse une profonde vallée… et pourtant nous ne sommes qu’à 1 360 mètres d’altitude ! Prenez à pied les sentiers balisés pour les randonneurs, arrêtez-vous dans une ferme auberge et dégustez une tourte, du munster, une tarte aux myrtilles… Et peut-être, pourrez-vous encore rentrer le soir à Paris, car Strasbourg, grâce au TGV, n’est plus qu’à 2 heures 20 de la capitale.

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Pour plus d’information, consultez : www.tourisme-alsace.com

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