Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №5/2008

Je vous salue, ma France

La Bourgogne

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C’est de loin que se voit la grande église de la Madeleine, perchée sur la colline de Vézelay, au nord-ouest de la Bourgogne. Dès le XIe siècle, les pèlerins venus du nord pour gagner le tombeau de l’apôtre saint Jacques trouvaient ici une étape majeure de leur pèlerinage.


 

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Appuyés sur leur bâton, munis de la gourde qui contenait l’eau, coiffés d’un bonnet où ils avaient accroché une coquille, ils montaient la Grand-rue jusqu’au porche de l’église. Là, émerveillés, ils contemplaient le grand portail ouvert sur l’immensité des trois nefs qui s’allongeaient vers le chœur. Dans la crypte étaient les reliques de Marie Madeleine, la pécheresse repentie, devenue compagne du Christ.

Mais d’abord il fallait franchir le porche. Au-dessus, le Christ en majesté s’élevait, ses mains tendues. Il lançait des éclairs sur ses douze disciples qui, chacun, portait l’Evangile, le livre dont ils devaient répandre la parole à travers le monde. Les peuples du monde sont représentés dans des cadres sculptés, soulignés par des médaillons qui représentent les mois et les signes du zodiaque. Sur le pilier central, Jean-Baptiste, qui a baptisé le Christ, invite à pénétrer dans la nef. Beaucoup de touristes, émerveillés par la beauté des sculptures, ne savent plus l’histoire, mais à l’époque, les pèlerins extasiés, la savaient. Ils avaient devant eux la Pentecôte, ce moment où, cinquante jours après sa crucifixion, le Christ redescend sur terre pour répandre l’Esprit Saint.

Miracle peut-être de la foi, miracle de l’art, les pèlerins ne sont plus les mêmes, mais ils sont toujours émerveillés. Ils s’avancent dans un vaisseau de pierres dont les voûtes sont portées par des rangées de colonnes, avec des reliefs sculptés et le rappel de l’Ancien et du Nouveau Testament. Tel est le miracle encore quotidien de Vézelay.

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D’autres étapes du chemin de saint Jacques peuvent être visitées, comme la cité monastique de la Charité-sur-Loire qui dresse son clocher roman au cœur d’un petit village médiéval, au débouché d’un pont ancien sur la Loire. Cinq mille pèlerins, chiffre considérable pour l’époque, pouvaient y être accueillis au XIIe siècle.

Car la Bourgogne est une terre où les mythes de la religion et de la nature, se rencontrent dans les lieux de pèlerinage et les monastères. Parmi ces lieux, Fontenay, près de Montbard, en plein cœur de la Bourgogne. L’espace est isolé au fond d’une verdoyante vallée. Il est enclos de murs. Tout s’organise autour du cloître. C’est un jardin entouré de quatre longs couloirs, bordés d’un côté d’arcades dont les colonnes sont surmontées de chapiteaux sculptés, de l’autre de portes qui permettent de gagner les lieux de vie du monastère. Du cloître, on entre dans l’église dont la nef est éclairée par le mur du chœur percé de hautes fenêtres. On accède aussi à la salle capitulaire (salle où se réunit le « chapitre » c’est-à-dire l’ensemble de la communauté), au scriptorium (salle où l’on recopie les manuscrits, où on les orne de lettres dorées ou de miniatures peintes représentant des épisodes de l’histoire sainte). Enfin on peut accéder au chauffoir, seule salle chauffée. Dans l’enceinte de l’abbaye sont répartis le pigeonnier pour les oiseaux, la boulangerie, la forge, l’infirmerie, le jardin des « simples » (plantes médicinales qui permettent de soigner les affections courantes), le potager et aussi l’hôtellerie qui accueillait les pèlerins de passage. Bref, de quoi vivre une vie autonome et simple autour de la règle monastique de saint Bernard. Celui-ci s’est opposé à la richesse de l’ordre de saint Benoît, querelle bien dépassée pour nous mais qui nous permet aujourd’hui de voir les vestiges de l’abbaye de Cluny.

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Cluny, la plus grande abbaye édifiée en Occident, est malheureusement ruinée. Elle a été en grande partie détruite après la Révolution de 1789. Cette abbaye dirigeait un réseau de plus d’un millier de couvents et de maisons rassemblant plus de dix mille moines. Son église était, au XIIe siècle, la plus grande de l’Occident. Malgré les destructions, il reste encore des bâtiments impressionnants couronnés par le solide clocher roman dit de « l’eau bénite ». Et l’on peut toujours rêver et imaginer, à l’aide d’une reconstitution en trois dimensions présentée sur le site, ce que fut la splendeur de l’abbaye.

Le chemin passe par Beaune, l’une des deux capitales de la Bourgogne. La vieille cité fortifiée avec ses maisons du XVIe siècle renferme une merveille : l’Hôtel-Dieu fondé en 1443. Au sein d’une architecture médiévale presque intacte se trouve l’immense salle de la chambre des pauvres qui accueillait les malades et dont on a reconstitué le décor. Le retable du Jugement dernier de Van den Weyden, chef-d’œuvre de l’art flamand, trône dans une des salles de l’Hôtel-Dieu. Sur plus de deux mètres de haut et six de large, il présente le Christ entouré à droite de saint Jean Baptiste, à gauche de la Vierge Marie. L’archange du Jugement Dernier souffle dans sa trompette. Hommes et femmes sortent de terre. à droite, les bienheureux se dirigent vers le Paradis, à gauche les maudits s’enfoncent dans l’Enfer…

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Les hospices de Beaune nous rappellent que moines et curés qui avaient besoin de vin pour la messe ont développé la vigne. Chaque année, ici a lieu une vente aux enchères, la vente des hospices de Beaune. Les vins proviennent de 60 hectares de vigne situés sur les « côtes de Beaune » et sur les « côtes de Nuits ». La vente sert au financement d’établissements hospitaliers. Grand moment de la vie bourguignonne, ces enchères indiquent qu’on est bien ici au pays du vin. Dans la deuxième quinzaine de novembre on fête le « Beaujolais nouveau » et l’on étend sa dégustation dans une grande partie du monde grâce à des envois de tonneaux au Japon, en Amérique et aussi en Russie ! Les grands crus du Beaujolais et du Mâconnais (Juliénas, Pouilly-Fuissé), des Côtes-de-Beaune (Chassagne-Montrachet, Meursault, Volnay,Pommard), des Côtes-de-Nuits (Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny) et encore de l’Auxerrois (Chablis) sont appréciés des connaisseurs du monde entier. Et pour les plus chanceux de déguster un Romanée Conti, l’empereur des vins, mais aussi le plus cher au monde. Mais quel plaisir de les goûter ici !

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Enfin, il y a Dijon, la capitale de la Bourgogne. Ses quartiers anciens, ses hôtels particuliers en pierre de taille et ses maisons à pans de bois des XVe et XVIe siècles entourent le Palais des Ducs. Dans l’une des ailes de ce palais, le musée des Beaux-Arts abrite les merveilleux tombeaux de Philippe le Hardi (fin XVe-début XVIe) et de Jean Sans Peur (XVIe), deux des grands ducs de Bourgogne, ainsi qu’une série de retables : celui de la crucifixion et celui des saints et martyrs.

Au long des routes et chemins, s’égrènent églises gothiques et romanes, et châteaux, parmi lesquels celui, émouvant, de Bussy-Rabutin. Ce seigneur, cousin de Mme de Sévigné, fut exilé sur ordre du roi Louis XIV au XVIIe siècle. Son château, deux tourelles encadrant un vaste corps de logis, renferme une série de portraits de 65 hommes de guerre et de 25 Grandes Dames de la Cour, dont Gabrielle d’Estrées. Gabrielle d’Estrées est restée célèbre pour son portrait avec sa sœur, toutes deux nues jusqu’à la taille, représentées dans la continuité des œuvres de l’école de Fontainebleau née à l’époque de François Ier. Plus surprenantes, des peintures dont les sujets sont empruntés à la mythologie de l’Antiquité et sont prétextes aux œuvres galantes montrant des mœurs légères. Elles sont accompagnées de maximes écrites qui n’épargnent pas les grands du temps.

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Ce n’est pas sans regret que l’on quitte ce paysage, ces villages, ces châteaux, ces églises, ces abbayes situés à un carrefour de la France.

Pour plus d’information, consultez : www.crt-bourgogne.fr

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