Je vous salue, ma France
La Provence
La Provence est une région située au sud-est de la France. Elle tire son nom de « Provincia Romana », au temps où Jules César et les légions romaines s’imposent en Gaule, quelques années avant notre ère.
La Provence s’étend de part et d’autre du Rhône, grand fleuve qui reçoit les eaux venues des Alpes, du Massif Central et du Jura et qui s’étale en un vaste delta où niche la Camargue, refuge des oiseaux (des flamands roses, en particulier), des chevaux et des taureaux.
La Provence commence au nord de la ville d’Orange, ville romaine dont le magnifique théâtre antique a conservé son mur de scène. Elle se termine sur la côte méditerranéenne. Ici à Aigues-Mortes, port médiéval entouré de murailles, aujourd’hui ensablé, le roi Louis IX, devenu Saint Louis, s’est embarqué pour les croisades au XIe siècle. Là, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, dans un paysage sablonneux et sauvage, la tradition fait aborder, vers 40 après Jésus Christ, Marie Jacobé, sœur de la Vierge, Marie Salomé, mère des Apôtres Jacques le Majeur et Jean, Lazare, Marthe et Marie Madeleine.
Cette tradition est perpétuée chaque année en mai par un pittoresque pèlerinage de gitans. Enfin, il y a Marseille, vieille cité fondée dans l’antiquité par les Grecs, aujourd’hui grand port cosmopolite, ville agitée où se pressent des peuples venus de toute la Méditerranée. Dans son vieux port, bordé de restaurants, on déguste la soupe de poissons, « la bouillabaisse ».
À l’est, le mont Ventoux, pyramide de roches nues couverte de cailloux d’une incroyable blancheur, émerge au-dessus de forêts de sapins, de hêtres, de pins, à presque 2 000 mètres d’altitude. Balayé par le vent, il abrite à ses pieds Vaison-la-Romaine et ses ruines gallo-romaines. Ici l’amphithéâtre pouvait accueillir 6 000 spectateurs À l’est également, le Lubéron aligne ses montagnes calcaires, ses forêts, ses garrigues de plantes : le thym, la lavande, la serpolette, le romarin qui donnent odeurs et couleurs aux marchés de Provence. Les coteaux offrent leur vin d’appellation « Côte de Provence ». Partout se trouvent l’olivier au tronc noirci et contourné, le pin, l’amandier. Les mas, grosses bâtisses en pierre, ouvrent leurs porches et se protègent du mistral par des haies de cyprès qui se dressent comme des doigts pointés vers le ciel.
Les paysages de Provence s’éclairent au souffle du mistral. Ce vent, venu des froids du Nord, nettoie le ciel et lui donne son intensité de lumière. Les paysages se déforment aussi sous la force écrasante du soleil, le midi en plein été, lorsque crissent les cigales. Ils jettent des couleurs criardes : jaune, bleu, vert. Ils se déforment en arbres tordus, en blocs de calcaire mal ajustés, en fine poussière qui voile les formes et les contours.
Pas étonnant que la Provence, qui allie les formes contournées de la terre à la langueur bleutée de la mer, ait tant attiré peintres et poètes. Parmi eux, une place à part doit être faite à Cézanne et à Van Gogh.
Cézanne est né à Aix-en-Provence peu avant le milieu du XIXe siècle. Aix reste une ville aristocratique. Ancienne capitale de la Provence, elle a conservé les charmes d’une ville du XVIIIe siècle : hôtels particuliers ou maisons dressées fièrement de part et d’autre de larges avenues, trottoirs ombragés de platanes, places et fontaines d’un pays de soleil. Aujourd’hui, il fait bon rester installé à la terrasse d’un café, avant ou après les concerts, et les opéras donnés en juillet-août dans le cadre d’un merveilleux festival international d’art lyrique et de musique. Ce festival se tient dans le palais de l’Archevêché ainsi que dans de multiples églises, cloîtres et châteaux.
La Provence de Cézanne tourne autour d’Aix, mais elle se prolonge aussi jusqu’au petit port de l’Estaque où la violence des couleurs a ébloui le peintre. « Vois-tu, tous les tableaux faits à l’intérieur, dans l’atelier, ne vaudront jamais les choses faites en plein air », écrit-il à son ami Emile Zola. Désormais, Cézanne partira sur le « motif », c’est-à-dire qu’il se rend, en carriole ou à pied, portant sur son dos chevalet, toiles, couleurs et pinceaux. Il va au-devant des paysages qu’il peint sans relâche, à la recherche de la forme et de la couleur qui le satisferaient. On ne peut plus regarder aujourd’hui la montagne Sainte-Victoire à deux pas d’Aix sans qu’un tableau de Cézanne n’apparaisse, justifiant ainsi cette phrase d’Emile Zola : « Une œuvre d’art est un coin de la nature vue à travers un tempérament »… Le tempérament de Cézanne a ainsi imposé sa vision de la montagne Sainte-Victoire dans le monde entier !
Il existe autour d’Aix un circuit des sites et des lieux de Cézanne : son atelier des Lauves qu’il occupa en 1901, les carrières de Bibémus dont il a peint les blocs de roches, le « Jas de Bouffon », propriété familiale où il se rendait régulièrement… Et si l’Estaque a bien changé, il y a toujours le bleu de la Méditerranée et cette image que Renoir, attaché à l’Île-de-France, en donnait : « L’Estaque, un petit endroit comme Asnières, mais au bord de la mer… ».
Van Gogh est né dans la lumière froide de Hollande. C’est au début de 1888 qu’il arrive à Arles. Arles est une ville plus « canaille », plus populaire qu’Aix. Ses rues étroites à hautes façades contournent les arènes du théâtre antique. C’est une ville de corridas et de taureaux (la Camargue est là, toute proche). On la sent déjà vivre à un rythme espagnol. Y plane l’ombre de L’Arlésienne, cette femme infidèle pour qui se tuera un jeune berger, cette femme belle, avec sa coiffe et sa large jupe, héroïne d’une nouvelle des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet. Celui-ci en a ensuite tiré un drame dont Georges Bizet composa la musique.
Dans cette ville de passions, Van Gogh fait venir son ami Gauguin, qui dès 1886 fréquentait Pont-Aven en Bretagne. Après une célèbre dispute, il se tranche l’oreille d’un coup de rasoir. Il accepte d’être soigné à l’asile d’aliénés de Saint-Rémy-de-Provence, avant de partir chez son ami le docteur Gachet en Île-de-France, à Auvers-sur-Oise où il se suicidera en 1890 à l’âge de 37 ans…
À Arles, Van Gogh trouve l’éblouissement de la lumière, l’éclatement des formes et des volumes. Il trouve aussi « l’équivalent du Japon » dans les traits, la couleur, la découpe d’un arbre. Il peint sa maison place Lamartine, la Maison jaune, les murs jaunes, les tournesols jaunes, la chaise de paille, le lit, le pont-levis en bois (aujourd’hui reconstitué sur le canal d’Arles), la nuit bleue sombre étoilée et l’illumination d’une terrasse de café, les arbres fruitiers en fleurs, l’éclatement doré des blés, les Alyscamps (vieux cimetière avec des sépultures datant du IVe au XIIe siècle) où il se mesure à Gauguin, les tournesols toujours… Et puis, plus tard, les paysages de Saint-Rémy, les troncs noirs tordus des oliviers.
Une visite en Provence est aussi l’occasion de retrouver tant de vestiges antiques : le Mausolée d’Auguste (le mieux conservé du monde romain), les ruines de Glanum, le théâtre antique d’Orange dont les 10 000 places accueillent chaque été un festival d’art lyrique (les Chorégies d’Orange).
Il reste encore à voir, entre autres, Avignon, cité des papes au XIVe siècle, ses murailles et son impressionnant palais.
Enfin, ne pas oublier de flâner sur les marchés de Provence dans les sonorités musicales de l’accent provençal, les variétés de leurs couleurs et de leurs odeurs. Partout, dans chaque ville un dédale de petites rues tortueuses et pavées, des remparts ou des boulevards plantés de platanes où l’on joue à la pétanque (le fameux jeu de boules, passion des Provençaux et des touristes). Pas besoin de la boisson locale, le pastis, pour aimer la Provence !
À voir aussi :
- Les Calanques
- Les musées
- La Camargue
- Avignon
- Les plages et pittoresques stations balnéaires du Var
- Les festivals estivaux : de la photographie à Arles, du théâtre à Avignon, d’art lyrique à Orange.
Pour plus d’information, visitez : www.discover-southoffrance.com